La dynamique du 6e congrès du PCT
Au siège national du Parti congolais du travail, l’effervescence est palpable. Depuis le lancement officiel des travaux préparatoires, le 7 août, cadres et militants s’affairent pour que le sixième congrès ordinaire, prévu en décembre 2025, réponde aux attentes stratégiques du parti.
Cette grand-messe politique, qui se tient tous les cinq ans, cristallise les espoirs de renouvellement organisationnel et de clarification idéologique. « Le tempo est soutenu, mais chacun connaît sa partition », confie le secrétaire général Pierre Moussa, rencontré à la pause d’une séance élargie.
Pour le PCT, fondé en 1969 et au pouvoir depuis plusieurs décennies, l’enjeu est double : préserver la cohésion interne et proposer une feuille de route adaptée aux ambitions nationales de développement inscrites dans la Vision 2025 du gouvernement.
Un calendrier maîtrisé
Le bureau de coordination, fort de quarante et un membres, a adopté un chronogramme précis. De la collecte des cotisations spéciales à la tenue des congrès fédéraux, chaque étape dispose de marges de temps vérifiées pour absorber d’éventuels retards sans compromettre la date butoir de décembre.
Les comités intérimaires dans les départements du Niari, de la Sangha et des Plateaux doivent ainsi finaliser leurs rapports avant le 15 octobre. Ils bénéficieront d’équipes mobiles venues de Brazzaville afin d’harmoniser méthodes de travail et lexique statutaire, gage d’une documentation homogène.
Des commissions à l’œuvre
Quatorze commissions, dont sept thématiques et sept techniques, sont déjà à pied d’œuvre. Elles couvrent des domaines allant de la réforme statutaire à la communication digitale. Le Palais des congrès, le siège national et le siège fédéral servent de laboratoires pour les auditions et la rédaction des synthèses.
Sous la houlette d’Antoinette Kébi, vice-rapporteure chargée du suivi, un tableau de bord numérique compile en temps réel les avancées de chaque commission. Ce dispositif favorise la transparence interne et limite les doublons, un point salué par les délégués des collectivités locales.
Mobilisation des fédérations
La collecte des cotisations spéciales se poursuit dans les vingt-deux fédérations. Selon le trésorier national Célestin Ondongo, le taux de réalisation dépasse déjà soixante pour cent, un indicateur jugé « encourageant dans le contexte économique actuel » marqué par la volatilité des prix du brut.
Dans les localités rurales, les comités de base s’appuient sur des tontines pour boucler leur contribution financière. « Nous voulons prouver que le PCT appartient à tous, y compris aux agriculteurs », souligne Yvette Ngatsé, coordinatrice de la fédération de Bouenza, lors d’un entretien téléphonique.
Logistique et innovations numériques
Le volet logistique retient également l’attention. Les hôtels de la capitale ont été pré-réservés pour accueillir deux mille délégués et invités internationaux. Un partenariat avec la société de transport urbain permettra la mise à disposition d’une flotte de bus dédiés entre les sites et les lieux d’hébergement.
Côté innovation, une application mobile en cours de test donnera accès aux programmes, cartes d’accès sécurisées et options d’interprétation simultanée en français, lingala et anglais. L’outil, développé par une start-up congolaise, répond aux normes de protection des données préconisées par l’Agence nationale de cybersécurité.
Enjeux politiques et sociaux
Au-delà de l’organisation matérielle, le congrès doit définir la stratégie du parti pour la prochaine législature. Les thèmes pressentis abordent la diversification économique, l’emploi des jeunes et la transition énergétique, en cohérence avec le Plan national de développement présenté au Parlement en avril.
Pour la sociologue Francine Massamba, « le PCT cherche à articuler fidélité historique et adaptation aux mutations régionales ». Elle rappelle que la sous-région connaît une poussée démographique et une urbanisation rapide, autant de facteurs qui imposent aux formations politiques une révision de leurs modes d’action sociale.
Voix d’experts et perspectives
Le politologue Jean-Marc Okandza estime que ce congrès sera observé par les partenaires extérieurs, notamment les bailleurs bilatéraux. « La stabilité organisationnelle d’un parti au pouvoir reste un signal important pour la permanence des réformes économiques », explique-t-il, rappelant les derniers résultats du Produit intérieur brut.
D’après les chiffres du ministère de l’Économie, la croissance attendue pour 2025 avoisine cinq pour cent, tirée par le bois et l’agro-industrie. Un cadre doctrinal clarifié lors du congrès pourrait renforcer la confiance des investisseurs privés intéressés par les projets de zones économiques spéciales.
Vers le rendez-vous de décembre
À trois mois de l’événement, les réunions du samedi matin sont devenues rituelles. Le secrétaire général y passe en revue les rapports, valide les ajustements budgétaires et rappelle la discipline de communication. Chaque fin de séance, un message est posté sur la plateforme interne pour informer la base.
Dans l’enceinte de Mpila, l’optimisme est donc de mise. Sauf aléa majeur, la phase finale du congrès s’ouvrira le 12 décembre sous le sceau de la devise unité, travail, progrès. Pour de nombreux militants, ce sera aussi l’occasion de célébrer un héritage politique toujours vivant.