Bourses Maroc-Congo : un élan sud-sud
Le hall lumineux du ministère de l’Enseignement supérieur à Brazzaville a accueilli, le 5 septembre, les soixante-dix lauréats congolais qui s’apprêtent à prendre la route du Royaume du Maroc grâce à des bourses d’études généreusement octroyées par Rabat.
Sous le regard attentif de la ministre Delphine Edith Emmanuel, parents, diplomates et universitaires ont salué une coopération sud-sud qui, année après année, ouvre de nouvelles perspectives à la jeunesse de la République du Congo.
Les filières offertes, de l’ingénierie à la médecine, en passant par les sciences sociales et la gestion, reflètent la volonté de diversifier les compétences dont l’économie congolaise aura besoin pour accélérer sa transformation.
Une cérémonie à Brazzaville sous le signe de la confiance
Au cours de la cérémonie, la ministre a remis symboliquement les titres de voyage, soulignant « la confiance placée dans ces étudiants appelés à devenir des leaders de savoir », selon ses mots prononcés devant une salle attentive.
Elle a insisté sur l’importance d’un accompagnement parental continu, rappelant que l’éloignement ne doit pas rompre le dialogue intergénérationnel si précieux pour la réussite académique.
Priorité aux jeunes filles étudiantes
Une attention particulière a été portée aux jeunes filles, parfois confrontées à des obstacles spécifiques dans la poursuite d’études longues. La ministre les a encouragées à saisir pleinement cette chance et à servir de modèles aux collégiennes restées au pays.
Hope Thérésia Tsono Kosso, l’une des boursières, a confié son « enthousiasme à approfondir ses connaissances au Maroc » et à revenir ensuite « avec l’expertise utile aux communautés rurales », une déclaration accueillie par des applaudissements nourris.
Le Maroc insiste sur les défis globaux
Pour l’ambassadeur du Maroc au Congo, Ahmmed Agargi, le monde affronte simultanément changement climatique et tensions géopolitiques; il s’avère donc « indispensable d’armer nos enfants des outils nécessaires à la résolution de ces défis ».
Il a rappelé que les universités marocaines proposent des parcours alignés sur les standards internationaux, tout en conservant un ancrage africain essentiel pour la construction d’un savoir pertinent au service du continent.
Un partenariat qui s’enrichit depuis des décennies
Derrière ces 70 bourses se dessine un partenariat vieux de plusieurs décennies entre Brazzaville et Rabat, marqué par un échange constant d’étudiants, d’enseignants et de bonnes pratiques académiques.
Chaque promotion renforce un réseau d’anciens diplômés désormais actifs dans l’administration, la santé ou le secteur privé congolais, preuve que l’investissement pédagogique produit déjà des retombées concrètes sur le développement national.
Responsabilité des lauréats pour l’économie nationale
Nathan Ballard Moussy, futur ingénieur, voit dans ce programme « une responsabilité plus qu’un privilège ». Selon lui, « l’expertise acquise devra s’inscrire dans les priorités économiques définies par le gouvernement », notamment l’industrialisation et la transition numérique.
La ministre a abondé dans ce sens, soulignant que les lauréats sont attendus dans les administrations, les entreprises publiques et les start-ups pour apporter une valeur ajoutée compétitive à l’économie congolaise.
Un suivi rapproché pour une mobilité sereine
Pour garantir le succès de la mobilité, un mécanisme de suivi est en place: contacts réguliers entre boursiers et services consulaires, remontées d’information sur le cursus, intervention rapide en cas de difficultés administratives ou sanitaires.
Les parents, rassurés, ont salué cette approche qui offre un filet de sécurité tout en conservant l’autonomie indispensable à la maturation personnelle des étudiants.
Capital humain et intégration régionale
Au-delà des trajectoires individuelles, ces bourses confortent la stratégie gouvernementale visant à renforcer le capital humain, pilier du Plan national de développement récemment actualisé.
Elles s’inscrivent également dans la dynamique de la zone CEMAC, où la circulation des compétences est perçue comme un facteur d’intégration économique et de compétitivité face aux grands blocs régionaux.
Le ministère prévoit d’intensifier la communication sur les prochaines campagnes de sélection afin que l’ensemble des lycées et universités du pays soient informés des critères et des échéances, gage d’inclusion territoriale.
Regards croisés et avenir partagé
À l’issue de la cérémonie, les lauréats ont posé pour une photo de famille, passeport en main, avant de se disperser vers les derniers préparatifs logistiques, entre visites médicales et vérification des attestations académiques.
Le décollage collectif est prévu dans les prochains jours; il marquera l’ouverture d’une nouvelle page pour ces jeunes ambassadeurs du Congo-Brazzaville, déterminés à revenir riches de savoirs et porteurs d’opportunités.
Plusieurs enseignants congolais formés précédemment au Maroc étaient présents pour témoigner de l’impact de cette expérience. Ils ont décrit un encadrement pédagogique rigoureux, des infrastructures modernes et une vie estudiantine multiculturelle propice à l’ouverture d’esprit.
Selon le professeur Jacques Kilolo, « la rencontre d’étudiants venus d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient change la perception du monde et construit des réseaux professionnels solides qui profitent ensuite à l’administration congolaise ».
Ces témoignages ont rassuré les parents encore inquiets du dépaysement culturel, rappelant que la proximité linguistique et les liens historiques entre le Maroc et le Congo-Brazzaville constituent un environnement d’accueil familier.
De retour au pays, les futurs diplômés intégreront un réseau d’expertise qui, avec les pouvoirs publics, élabore des politiques plus efficaces pour la santé, l’énergie et l’agro-industrie.