Une harmonisation financière au cœur des priorités onusiennes
Dans la salle de conférence baignée de la lumière tropicale des faubourgs nord de Brazzaville, la représentante adjointe par intérim de l’Unicef, Djariatou Sow Sall, a posé le cadre : « Notre ambition commune est la conformité absolue aux standards HACT pour maximiser l’impact des transferts de fonds. » Derrière cet acronyme – Harmonized Approach to Cash Transfers – se cache une architecture méthodique destinée à sécuriser chaque franc décaissé par le système des Nations unies en faveur des populations. Le gouvernement congolais, engagé dans une trajectoire de réformes budgétaires depuis plusieurs années, voit dans cette initiative un catalyseur supplémentaire pour consolider la transparence financière prônée au plus haut niveau de l’État.
L’enjeu majeur de la redevabilité au Congo-Brazzaville
La redevabilité figure parmi les mantras contemporains des bailleurs de fonds. Au Congo-Brazzaville, elle prend un relief particulier : la diversification de l’économie, la gestion rigoureuse des ressources et la protection des plus vulnérables sont inscrites dans la feuille de route présidentielle. Les cent partenaires réunis les 8 et 9 juillet – organisations nationales, ONG internationales et représentants ministériels – ont ainsi décortiqué les mécanismes de suivi des dépenses, de rapprochement bancaire et d’élaboration du formulaire FACE, document jugé indissociable de la traçabilité des flux onusiens. Selon un expert du PNUD présent à la tribune, « chaque ligne comptable devient un acte de confiance envers les contribuables mondiaux et, in fine, envers les citoyens congolais ».
Des partenaires stratégiques renforcés pour une gouvernance exemplaire
La session, co-organisée par le PNUD, l’Unfpa et le Fonds mondial, ne s’est pas limitée au versant technique de la comptabilité publique. Les facilitateurs ont consacré une séquence entière à la prévention de la fraude, à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, ainsi qu’à l’intégration systématique des standards éthiques. Cette approche holistique résonne avec les engagements internationaux pris par Brazzaville, notamment lors des forums successifs sur la bonne gouvernance tenus dans la sous-région. Pour Clémentine B., responsable d’une ONG partenaire, « l’accent mis sur l’éthique repositionne nos organisations comme des alliées fiables de l’État et des bailleurs, capables de sécuriser chaque projet jusqu’au dernier kilomètre ».
Une articulation féconde avec la stratégie nationale de développement
En filigrane, l’atelier HACT s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement 2022-2026, document cadre qui entend renforcer la résilience économique tout en améliorant les indicateurs sociaux. La convergence entre objectifs onusiens et priorités nationales se matérialise par la mise en œuvre de projets sectoriels – vaccination, éducation inclusive, transition énergétique – qui nécessitent des transferts de ressources fluides et sécurisés. Les responsables du ministère des Finances, conviés à la clôture des travaux, ont salué « la cohérence d’un dispositif capable de conjuguer célérité budgétaire et contrôle a priori des risques », réaffirmant la volonté gouvernementale d’adosser la planification publique aux meilleures pratiques internationales.
Perspectives de consolidation et rôle de la diplomatie financière
À l’issue des deux journées d’échanges, les participants ont adopté une feuille de route qui prévoit des audits conjoints, une mise à jour semestrielle des matrices de risques et un accompagnement rapproché des prestataires locaux. Au-delà du jargon financier, l’exercice traduit une diplomatie soft où la confiance se tisse à travers la reddition régulière des comptes. Cette dynamique rejoint la vision portée par le président Denis Sassou Nguesso : faire du sérieux budgétaire un levier de rayonnement international, tout en accélérant l’atteinte des Objectifs de développement durable. En renforçant la chaîne de valeur de la transparence, le HACT offre aux partenaires congolais – publics comme privés – un sésame supplémentaire pour mobiliser des financements externes et poursuivre la modernisation de la gouvernance.
Redevabilité accrue, confiance consolidée
La mise en pratique du HACT placera désormais la barre plus haut pour tous les porteurs de projets financés par les Nations unies au Congo-Brazzaville. Entre rigueur comptable, prévention des dérives et alignement stratégique, l’atelier de Brazzaville renforce la conviction que la maîtrise des standards internationaux constitue une valeur ajoutée intangible pour les institutions nationales. À moyen terme, cette exigence pourrait servir de boussole aux réformes engagées dans d’autres secteurs, de la fiscalité numérique à la décentralisation budgétaire, confortant ainsi la réputation de stabilité et de fiabilité que le pays projette auprès de ses partenaires multilatéraux.