Choc sur la nationale 1
Le Parti congolais du travail a perdu, le 2 décembre, l’un de ses cadres historiques. Jean Enoch Ngoma Kengué, 65 ans, a succombé à un accident de circulation sur la route nationale n°1, provoquant une vague d’émotion dans la capitale et au-delà.
La confirmation officielle est tombée quelques heures plus tard par un communiqué du secrétariat permanent du PCT, qui a présenté ses condoléances à la famille et salué l’engagement constant de l’élu brazzavillois au service de la République.
Un pilier du PCT disparu
Conseiller départemental et municipal, ancien préfet du Pool puis premier adjoint au maire de Brazzaville, Ngoma Kengué incarnait le visage d’un militant de terrain, proche des quartiers populaires, tout en restant un fidèle serviteur des institutions nationales.
Son parcours politique, entamé dans les années 1980, l’avait conduit à siéger au comité central du PCT ainsi qu’à la très stratégique Commission nationale de contrôle et d’évaluation, organe chargé de garantir la discipline et la performance électorale du parti majoritaire.
Au fil des scrutins législatifs, il n’avait pourtant jamais obtenu de siège à l’Assemblée nationale, mais sa ténacité lui valait l’estime de ses pairs et la réputation d’un rassembleur capable de pacifier les rivalités locales.
Les circonstances de l’accident
Le drame est survenu à la mi-matinée, alors qu’il se rendait à Madingou, chef-lieu du département de la Bouenza, pour une réunion préparatoire aux activités de fin d’année du PCT. Selon les témoins, l’éclatement d’un pneu avant a provoqué la sortie de route.
Transporté vers le centre hospitalier le plus proche, le responsable politique a été déclaré décédé à son arrivée. Les autorités locales de la sécurité routière ont ouvert une enquête afin de déterminer les causes exactes de l’accident, même si la thèse de la défaillance mécanique paraît privilégiée.
Brazzaville et le Pool rendent hommage
Sur les réseaux sociaux, de nombreux militants, ministres et élus ont salué « l’engagement sans faille » d’un homme décrit comme « rigoureux, discret et profondément attaché à l’unité nationale ». Le hashtag #NgomaKengue a été partagé des milliers de fois en moins de vingt-quatre heures.
À Brazzaville, l’hôtel de ville où il fut premier adjoint a mis ses drapeaux en berne. Le maire a déclaré que la commune « perd un artisan du dialogue communal », rappelant le rôle joué par Ngoma Kengué dans la modernisation des services de proximité et la régularisation foncière.
Dans le département du Pool, les notables se souviennent du préfet qu’il fut après la fin des troubles de 2016, louant son sens de l’écoute et sa capacité à accompagner la reconstruction des infrastructures publiques, en étroite coordination avec les autorités nationales.
Un promoteur du jeu de dames
Figure éclectique, Jean Enoch Ngoma trouvait aussi dans le sport un terrain d’expression. Depuis 2020, il présidait la Fédération congolaise de jeu de dames, obtenant l’organisation de tournois dans plusieurs départements et soutenant la participation du Congo-Brazzaville aux compétitions africaines.
Le 22 avril, il avait été reçu par le président du Sénat, Pierre Ngolo, pour présenter le champion et le vice-champion de la Coupe d’Afrique disputée en novembre à Ouagadougou. « Le damier peut devenir un vecteur de cohésion nationale », avait-il alors affirmé, sourire modeste.
Cette implication sportive s’inscrivait dans une tradition du PCT consistant à encourager les fédérations afin de valoriser la jeunesse et promouvoir l’image positive du pays sur la scène continentale, conformément aux orientations du président Denis Sassou Nguesso.
Souvenirs d’un homme engagé
Au siège du parti, les cadres ont ouvert un registre de condoléances et annoncé qu’une veillée se tiendra à Brazzaville avant l’inhumation dans son district natal, à une date qui sera fixée en concertation avec la famille. Le protocole officiel sera communiqué prochainement.
En attendant, le PCT appelle ses militants à poursuivre les actions de terrain initiées par le défunt, notamment la campagne de sensibilisation à la sécurité routière qu’il devait lancer en fin d’année, preuve d’une ironie tragique pour cet ardent défenseur de la prévention.
La disparition de Jean Enoch Ngoma Kengué rappelle la fragilité des trajectoires humaines et l’importance des cadres intermédiaires dans la stabilité institutionnelle du Congo-Brazzaville. Le parti au pouvoir entend s’appuyer sur son héritage pour renforcer la proximité avec les populations et consolider la cohésion nationale.
Né à Kinkala dans une famille d’enseignants, il avait poursuivi ses études à l’École nationale d’administration et de magistrature, génération qui forma l’essentiel des hauts cadres des années 1980. Ses proches évoquent un lecteur assidu de philosophie politique, passionné par les écrits panafricanistes.
Au-delà des clivages, plusieurs membres de l’opposition ont reconnu son « sens de la conversation républicaine ». En témoigne la table ronde organisée l’an dernier sur la décentralisation, où il avait rappelé que « l’échelon local constitue la première école du civisme et de la solidarité » au pays entier.
