Une figure du PCT saluée
Au siège fédéral du Parti congolais du travail, à Mpila, la cour pavée s’est couverte de chemises rouges et de foulards verts. Militaires du parti, sympathisants et vieux compagnons ont convergé pour dire adieu à Davez Eloko Ebouka.
Le 10 décembre, date choisie pour l’hommage, a résonné comme un écho aux combats partisans menés par cet homme discret mais central dans l’architecture du PCT, décédé le 6 novembre à soixante-six ans, après une longue maladie.
Conduit par le secrétaire général, Pierre Moussa, le cortège cérémoniel s’est ouvert sur l’hymne du parti avant qu’une salve d’applaudissements ne s’élève, célébrant « l’infatigable camarade » que tous décrivent comme paisible, pointilleux et incroyablement constant.
La fédération de Pointe-Noire avait affrété des bus pour acheminer des militants de Loandjili. À bord, un carnet de condoléances circulait, signe de la cohésion d’une base éloignée mais unie.
Parcours d’un serviteur de l’État
Né le 26 septembre 1959 à Biessi, dans le département de la Sangha, Davez Eloko Ebouka s’était d’abord rêvé pédagogue. Il rejoint tôt la Fonction publique comme enseignant avant de se spécialiser dans l’intendance grâce à l’École nationale moyenne d’administration.
Cet ancrage administratif, à la charnière du management scolaire et des finances locales, a forgé sa réputation de gestionnaire rigoureux. Plusieurs directeurs de lycée se souviennent encore de sa capacité à équilibrer sans querelle les comptes du réfectoire ou de la bourse scolaire.
Cette expertise l’a naturellement propulsé près des cercles décisionnels. Conseiller technique chargé de l’assistance politique et des relations avec les élus locaux auprès du Premier ministre, il était souvent décrit comme un « trait d’union » entre les dossiers de terrain et le sommet.
Des condisciples de l’ENMA se rappellent son goût simultané pour les chiffres et l’humain. « Les budgets racontent des vies qu’il faut équilibrer », disait-il souvent, résume un ancien camarade rencontré près du chapiteau.
La fidélité à l’idéal du parti
L’entrée de Davez Eloko Ebouka à l’Union de la jeunesse socialiste congolaise en 1985 avait été, de son propre aveu, « un serment de vie ». Au fil des crises, notamment celles du début des années 1990, il est resté aux avant-postes.
Jean Théophile Ilobakima, responsable de l’organisation à Pointe-Noire, évoque encore « les longues nuits en clandestinité, lampe-tempête à la main, à réécrire les feuilles de route ». Son camarade n’aurait jamais manqué une réunion, même à l’époque où le parti avait perdu le pouvoir.
Depuis 2002, il présidait le comité du parti de Loandjili, quatrième arrondissement de Pointe-Noire. Là, loin des bureaux ministériels, il cultivait des liens continus avec les cellules de base, rappelant que la vitalité d’un parti se mesure à la solidité de sa fondation.
À ses proches, il répétait que la mission d’un parti « est d’irriguer la société ». Sous son impulsion, des lectures publiques et des cours de rattrapage ont vu le jour dans plusieurs écoles de Pointe-Noire.
Le regard du Premier ministre
Pour Anatole Collinet Makosso, le défunt était bien plus qu’un collaborateur. « J’ai trouvé auprès de lui une boussole discrète qui m’alertait sur les besoins des collectivités locales », confie le chef du gouvernement, visiblement ému, face au cercueil drapé des couleurs nationales.
Le Premier ministre rappelle deux périodes décisives : d’abord au lycée où Eloko officiait comme intendant, ensuite à la primature, en qualité de conseiller. Dans les deux cas, précise-t-il, « rigueur et loyauté résumaient son approche du service public ».
Cette proximité avec l’exécutif lui conférait une fine connaissance des attentes citoyennes. Plusieurs élus locaux admettent que ses notes, souvent synthétiques et fermes, ont facilité la résolution de petits conflits d’assainissement, la réhabilitation d’écoles ou l’harmonisation des marchés municipaux.
Il privilégiait les visites surprises et l’écoute directe des chefs de quartier. Un élu de Mbamou raconte qu’il détestait les réunions fermées, préférant des causeries où chacun évoquait librement puits obstrué ou lampadaire en panne.
Le legs d’une vie d’engagement
Dans l’assistance, des jeunes militants de Kintelé disent vouloir prolonger l’œuvre du disparu. Leur porte-parole assure que « le meilleur hommage sera de gagner l’adhésion des quartiers périphériques où il aimait se rendre à pied pour écouter et convaincre ».
Le secrétaire à la communication du PCT-Pointe-Noire, Ambroise Bayakissa, conclut la cérémonie en rappelant que « Davez habitait le parti et le parti l’habitait ». Une phrase qui, selon lui, doit guider la nouvelle génération à conjuguer humilité, discipline et innovation.
La dépouille a quitté Mpila sous les chants militants pour rejoindre la Sangha, terre natale où il reposera. Sur les registres, son nom reste associé au patient travail de maillage territorial du PCT, démarche jugée cruciale pour le développement national voulu par les autorités.
Le bureau politique a décidé de créer une bourse « Davez Eloko » pour les étudiants en administration publique originaires de la Sangha, manière, disent les familles, de pérenniser son esprit de service.
