Une réception symbolique à Brazzaville
Dans les jardins feutrés de la chancellerie algérienne à Brazzaville, dix jeunes Congolais ont été reçus, le visage éclairé d’enthousiasme, par l’ambassadeur Azeddine Riache. La cérémonie, sobre mais chargée de signification, précédait leur départ vers Alger pour un master spécialisé.
Autour d’eux, parents et amis captaient l’instant sur leurs téléphones, conscients qu’ils assistaient aux premiers pas d’une aventure académique et humaine. Quelques drapeaux algériens flottaient à côté des couleurs nationales, rappelant la densité historique du lien entre les deux pays.
Des bourses comme passerelle académique
En ouvrant la rencontre, le diplomate a salué « une génération appelée à consolider la coopération Sud-Sud par le savoir ». Selon lui, la bourse incarne « la main tendue de l’Algérie sœur » et répond aux priorités du Congo-Brazzaville en matière de capital humain.
Brell Martial Mbourangon, secrétaire général de l’association des anciens étudiants congolais en Algérie, a, pour sa part, rappelé son propre parcours, vantant l’exigence pédagogique des universités algériennes. « Vous reviendrez transformés », a-t-il assuré, invitant les boursiers à l’exemplarité.
Les dix lauréats, sélectionnés après un processus rigoureux conduit par les ministères congolais de l’Enseignement supérieur et des Affaires sociales, suivront deux années d’études à l’École nationale supérieure de la sécurité sociale. La prise en charge complète couvre frais pédagogiques, logement, assurance et allocation mensuelle confortable.
L’école d’Alger, creuset d’excellence sociale
Aux futurs étudiants, l’ambassadeur a conseillé de cultiver « discipline, curiosité et humilité ». Il a rappelé que les autorités algériennes déploient, depuis plusieurs années, un large éventail de programmes de transfert de compétences destinés aux pays frères d’Afrique centrale, notamment aujourd’hui le Congo-Brazzaville.
L’École nationale supérieure de la sécurité sociale, créée en 2015 à Alger, vise à doter les systèmes de protection sociale maghrébins et africains de cadres de haut niveau. Elle accueille chaque année des étudiants venus d’une dizaine de pays et collabore étroitement avec l’Organisation internationale du travail.
Le cursus proposé combine économie de la santé, droit du travail, gestion actuarielle et management public. Les cours sont délivrés par des professeurs algériens, tunisiens et français, tandis que des intervenants de la Caisse nationale des assurances sociales illustrent par des cas pratiques l’administration des régimes contributifs.
Pour les étudiants congolais, la formation représente une immersion totale dans un environnement francophone, facilitant l’acquisition rapide des outils théoriques. Les stages de terrain au sein d’établissements de sécurité sociale algériens permettront d’appréhender de manière concrète les défis de la couverture maladie universelle future.
Un partenariat stratégique Sud-Sud
Au-delà de l’aspect académique, l’expérience algérienne ouvrira aux lauréats un réseau professionnel panafricain. « Les promotions se suivent et s’entraident, on reste en contact après le diplôme », assure Nassima Benrabah, responsable des relations internationales de l’école, jointe depuis Alger pour l’occasion par appel vidéo hier.
Côté congolais, les ministères concernés envisagent déjà la valorisation des compétences qui reviendront. Un protocole permettra d’intégrer les diplômés au sein de la Caisse de sécurité sociale, mais aussi dans les directions des ressources humaines des hôpitaux publics et des entreprises parapubliques du pays entier.
Cette perspective répond à l’une des priorités du Plan national de développement, qui vise l’extension progressive de la sécurité sociale aux acteurs du secteur informel. Des ressources humaines qualifiées sont jugées indispensables pour fiabiliser les bases de données et améliorer la collecte des cotisations.
Former pour servir le Congo-Brazzaville
Au plan diplomatique, la démarche illustre le renouveau des relations Congo-Algérie. Depuis 2021, plusieurs accords couvrant l’énergie, la pêche et la culture ont été signés. Le volet formation constitue, selon Brazzaville, « le ciment humain » de cette coopération à haute valeur ajoutée pour tous.
Interviewé à Brazzaville, l’économiste Romain Obiang estime que « former un petit groupe d’experts capables de concevoir des politiques sociales robustes peut rapporter autant qu’un investissement matériel ». Pour lui, le partenariat renforce la crédibilité internationale des réformes sociales congolaises en cours.
De retour au micro, Azeddine Riache a encouragé les lauréats à jouer un rôle d’ambassadeurs culturels. Il les a invités à faire découvrir la rumba congolaise à leurs camarades algériens, gage de dialogue interculturel susceptible d’approfondir, au-delà des salles de cours, la fraternité bilatérale encore plus.
Espoirs d’une génération en mouvement
Les étudiants, eux, disent mesurer l’enjeu. « Nous partons pour revenir servir », résume Grâce Obili, major de la promotion. Ses camarades acquiescent tout en chargeant leurs valises de livres, de souvenirs familiaux et d’une foi tranquille dans le potentiel du Congo-Brazzaville.
Quand le soleil est tombé sur la résidence diplomatique, la photo finale a immortalisé l’instant : sourires radieux, attestations en main. Achour, le plus jeune, a glissé : « Nous reviendrons plus compétents et plus utiles, c’est promis ». Alors, l’assistance a applaudi longuement.
