Un atelier inédit pour les néo-bacheliers
Le 25 août, vingt-cinq jeunes titulaires du baccalauréat ont franchi les portes du Foreign Languages Training Center, dans le 9e arrondissement Djiri, pour entamer une formation gratuite d’anglais. L’initiative, portée par Parfait Iloki, cadre du Parti congolais du travail, durera jusqu’à fin septembre.
Dans un environnement mondialisé, la maîtrise de l’anglais ouvre l’accès à d’innombrables ressources académiques et offres d’emploi. En offrant cet enseignement, les organisateurs entendent répondre aux attentes d’une jeunesse congolaise désireuse de diversifier ses compétences pour mieux s’insérer dans les circuits économiques régionaux.
Pour Roland Ondzelo Ngoua, coordonnateur adjoint du centre, « c’est un acte porteur d’espoir ». Selon lui, le geste traduit un engagement envers le développement humain, notion chère aux politiques publiques nationales qui placent l’éducation et l’employabilité au cœur de la stratégie de diversification de l’économie.
L’anglais, un vecteur d’ouverture
Dans la République du Congo, le français demeure la langue officielle, mais l’anglais gagne du terrain dans les entreprises pétrolières, les télécommunications et les organisations internationales. La formation propose donc un atout compétitif, particulièrement pour les bacheliers appelés à évoluer dans des secteurs intégrés aux marchés globaux.
Le programme s’articule autour de modules de grammaire, de conversation et d’initiation terminologique aux métiers du numérique. Les cours, dispensés en petits groupes, privilégient la pédagogie participative, un modèle qui favorise l’interaction et la confiance, deux valeurs essentielles à l’acquisition d’une langue étrangère.
Les enseignants font appel à des supports audiovisuels, des jeux de rôle et des exercices d’écoute authentiques. Cette approche immersive répond aux recommandations de nombreux linguistes, selon lesquelles l’exposition régulière à un input varié consolide les aptitudes phonologiques et la compréhension pragmatique des apprenants.
Une initiative citoyenne et politique
Bien que lancée par un responsable du Parti congolais du travail, la session demeure ouverte à tous, indépendamment des affiliations. Selon plusieurs bénéficiaires, l’accent est mis sur la neutralité pédagogique. Ils y voient la preuve qu’un engagement partisan peut également produire des externalités positives pour l’ensemble de la communauté.
Parfait Iloki explique que la jeunesse représente un capital humain stratégique. « Donner des compétences linguistiques, c’est élargir la palette d’opportunités sans imposer un choix partisan », assure-t-il. Sa démarche s’inscrit dans une tradition où acteurs publics et privés tissent des partenariats au service du progrès social.
Les observateurs rappellent que de nombreuses politiques éducatives récentes encouragent les initiatives complémentaires à l’offre institutionnelle. Selon un sociologue de l’Université Marien-Ngouabi, la coopération entre société civile et autorités contribue à « densifier le tissu d’opportunités » et renforce la résilience des jeunes face aux transitions économiques.
Retombées attendues pour les apprenants
À court terme, les stagiaires recevront un certificat valorisable sur un CV. À moyen terme, plusieurs envisagent de passer les tests internationaux TOEFL ou IELTS. La reconnaissance de ces diplômes peut faciliter des candidatures à des bourses étrangères ou à des programmes de mobilité académique, et faciliter des stages internationaux.
Le marché congolais des centres d’appels et du sous-traitement informatique connaît un dynamisme croissant. Les compétences en anglais, combinées à celles acquises lors de la scolarité francophone, permettront aux jeunes de postuler à des emplois qui, jusqu’ici, recrutaient majoritairement des profils venus d’autres espaces linguistiques.
À l’échelle macroéconomique, le renforcement du capital linguistique collectif soutient l’attractivité du pays pour les investisseurs. Une main-d’œuvre bilingue constitue un argument décisif dans les négociations d’implantation d’entreprises, notamment dans les zones économiques spéciales qui figurent parmi les priorités de la planification gouvernementale.
Défis et perspectives
Le coordonnateur rappelle toutefois que la réussite dépendra de l’assiduité des participants jusqu’en novembre, échéance possible si la motivation se confirme. L’abandon demeure un risque structurel dans les programmes extrascolaires, souvent concurrencés par des impératifs familiaux ou par la recherche rapide de revenus.
Pour limiter ce phénomène, le centre prévoit un suivi individualisé et des séances de tutorat en ligne. Les responsables comptent également solliciter des partenaires afin de doter la salle informatique d’une connexion haut débit permanente, condition essentielle pour exposer les apprenants à des ressources interactives contemporaines.
À plus long terme, les initiateurs souhaitent étendre l’offre à d’autres langues, notamment le portugais, présent dans la sous-région, et le chinois, incontournable dans les échanges sud-sud. Pour ces futurs volets, ils entendent capitaliser sur les retours d’expérience du premier groupe pilote ainsi que sur les contacts noués avec volontaires.
Au-delà des compétences, l’aventure collective nourrit la confiance d’une génération. « Nous avions l’ambition, le programme nous donne la méthode », résume une bachelière. Cette dynamique illustre le potentiel d’initiatives locales capables de compléter efficacement l’action publique et de catalyser l’intégration socio-professionnelle des jeunes Congolais.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, informé de l’expérience, étudie la possibilité d’un appui logistique afin de dupliquer le modèle dans d’autres villes, de Pointe-Noire à Ouesso. Si le partenariat se concrétise, la phase pilote brazzavilloise pourrait devenir la matrice d’un futur programme national d’anglais intensif.