Formation stratégique à Brazzaville
Le 3 septembre, un pavillon de la capitale a accueilli un atelier de perfectionnement interne organisé par l’Agence nationale d’insertion et de réinsertion sociale des jeunes, ANIRSJ. Derrière cet exercice technique se dessine une ambition : maximiser l’accompagnement des jeunes Congolais vers une inclusion durable et sécurisée dans la collectivité.
Cette formation, première d’un calendrier plus large, concerne les agents présents au quotidien auprès des jeunes en conflit avec la loi. Selon le directeur général Patrick Akondzo, elle doit leur donner des outils précis pour « réaliser la mission avec efficacité » et traduire sur le terrain la philosophie de l’agence.
Ouvert par Charles Makaya, directeur de cabinet au ministère des Sports, de l’Éducation civique, de la Formation qualifiante et de l’Emploi, l’atelier marque officiellement le lancement opérationnel de l’ANIRSJ. Mackail, comme l’appellent ses pairs, a salué « des premiers pas déjà structurants ».
Créée sous la tutelle dudit ministère, l’ANIRSJ concentre ses interventions sur deux publics : des jeunes déscolarisés et ceux faisant l’objet d’une procédure judiciaire. L’agence veut, pour chacune de ces réalités, proposer un accompagnement ciblé alliant soutien psychosocial, apprentissage et reconstitution de liens communautaires.
Méthodes et contenus de l’atelier
Le séminaire de Brazzaville a privilégié une approche participative. Les intervenants ont rappelé, dans un premier temps, les textes fondateurs encadrant l’action de l’ANIRSJ, puis ils ont invité les stagiaires à confronter leurs expériences de terrain aux standards administratifs et protocolaires qui régissent le service public.
Un second module a porté sur les spécificités juridiques inhérentes à la prise en charge des mineurs et jeunes majeurs. Avocats, éducateurs spécialisés et responsables de centres d’accueil ont détaillé les obligations légales, rappelant qu’une procédure de réinsertion se pilote toujours dans le respect des droits fondamentaux.
Les formateurs ont également insisté sur la posture professionnelle. Il s’agit, ont-ils souligné, d’allier empathie et rigueur afin d’éviter tout glissement vers l’assistanat. L’objectif est de rendre le jeune acteur de son propre parcours, clef d’une insertion pérenne et d’une citoyenneté assumée.
Pour les participants, la valeur ajoutée de l’atelier réside dans le décloisonnement entre les services de l’agence. Les équipes juridiques, psychosociales et administratives ont travaillé côte à côte, simulant des situations complexes. La méthode vise à fluidifier la coordination autour des dossiers réellement suivis.
Aubeville, futur laboratoire d’insertion
Au-delà de la formation, une perspective concrète a captivé l’audience : l’ouverture prochaine du centre d’Aubeville, dans le département de la Bouenza. Présenté comme futur site pilote, ce complexe devrait offrir un espace d’hébergement, de formation qualifiante et de médiation familiale, tout en expérimentant des méthodes d’accompagnement individualisé.
Les agents formés seront mobilisés sur ce chantier expérimental dès la phase préparatoire. Le directeur général considère Aubeville comme un laboratoire permettant d’affiner les protocoles avant un éventuel déploiement national. « Nous voulons apprendre en faisant », a déclaré Patrick Akondzo, confiant dans la capacité des équipes à capitaliser chaque enseignement.
La localisation, au sud du pays, répond à une réalité sociologique : de nombreux jeunes en situation de rupture y résident ou y convergent. Les infrastructures existantes et le soutien des autorités locales devraient, selon l’agence, favoriser une mise en route rapide des programmes.
Enjeux institutionnels et civiques
Pour les observateurs, ce renforcement des compétences internes confirme un recentrage sur la qualité de l’accompagnement. Alors que la question de l’emploi des jeunes demeure un sujet majeur de cohésion sociale, le gouvernement mise sur des structures spécialisées capables de conjuguer protection, formation et insertion économique durable.
Des agents mieux outillés peuvent, selon Patrick Akondzo, renforcer la crédibilité de l’agence auprès des partenaires publics et privés. Une connaissance fine des procédures administratives facilite la conclusion de conventions, qu’il s’agisse d’alternance, de mentorat ou de participation aux activités génératrices de revenus.
Charles Makaya a, pour sa part, insisté sur la dimension civique de la démarche. « L’insertion ne se limite pas à l’obtention d’un emploi ; elle suppose une compréhension des règles collectives », a-t-il rappelé, soulignant l’importance de la formation citoyenne prévue dans chaque parcours.
À l’issue des travaux, les participants ont formulé plusieurs recommandations internes, parmi lesquelles l’actualisation régulière des modules et la création d’un dispositif de suivis à distance. L’ANIRSJ prévoit de formaliser ces propositions dans un rapport remis à sa tutelle ministérielle.
Perspectives d’expansion nationale
Le séminaire de Brazzaville n’a donc pas seulement diffusé des connaissances ; il a constitué un moment de cohésion pour une équipe en construction. Ces journées d’échanges ont rappelé, à chaque session, qu’aucune stratégie d’insertion ne peut porter ses fruits sans professionnels formés et déterminés.
En renforçant la qualification de ses agents et en préparant l’ouverture d’Aubeville, l’ANIRSJ trace progressivement sa feuille de route. Pour de nombreux jeunes Congolais, ces initiatives pourraient signifier un pas décisif vers une citoyenneté renouvelée et une participation active à la vie économique.
À terme, l’agence veut reproduire ces ateliers dans les chefs-lieux départementaux afin de diffuser une culture commune. L’impulsion donnée à Brazzaville pourrait dès lors servir de référence nationale.
Les prochaines semaines diront comment ces engagements se traduiront sur le terrain, mais l’élan pris à Brazzaville laisse présager une montée en puissance progressive.