Une coopération confirmée à Brazzaville
Sitôt franchi le seuil du cabinet ministériel à Brazzaville, le directeur général régional adjoint de la Banque africaine de développement pour l’Afrique centrale, Mohamed Chérif, a réitéré l’engagement de l’institution à soutenir la stratégie d’assainissement portée par le ministère congolais compétent.
Cette entrevue, tenue le 2 décembre avec le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondélé, a permis de faire le point sur un portefeuille de projets dont la valeur symbolique et sociale grandit à mesure que les villes se densifient.
« Ce sont des secteurs extrêmement importants pour la population et pour le pays », a confié Mohamed Chérif à l’issue de l’audience, rappelant que la BAD reste disponible pour accélérer l’examen des dossiers et mobiliser de nouveaux guichets financiers.
Des chantiers prioritaires pour les villes
Le portefeuille actuel couvre la réhabilitation des réseaux d’eaux usées, la construction de stations de traitement et l’adaptation des voiries à la gestion durable des pluies urbaines, particulièrement à Brazzaville et Pointe-Noire, où les inondations saisonnières fragilisent les ménages.
Selon le ministre Mondélé, les études techniques finalisées au premier semestre ont déjà fait bondir la capacité d’absorption des crédits, preuve que l’administration s’approprie progressivement les standards requis par les bailleurs multilatéraux.
Des campagnes de sensibilisation déjà testées à Talangaï et Mfilou encouragent les habitants à trier les déchets et à maintenir les caniveaux dégagés. Cette approche communautaire, appuyée par des associations locales, renforce l’impact des investissements et crée une culture durable de l’hygiène.
La priorité est désormais de garantir la continuité des services d’assainissement, y compris dans les quartiers périphériques où les réseaux sont encore lacunaires; un défi qui, pour la BAD, justifie l’appui à des solutions innovantes comme les modules de traitement décentralisé.
Accélérer les décaissements en cours
Pour ne pas ralentir les chantiers, les deux parties envisagent de rationaliser la chaîne de passation des marchés, souvent critiquée pour sa longueur. Des points focaux seront désignés afin de valider plus vite les appels d’offres et d’éviter les surcoûts liés aux retards.
Mohamed Chérif a souligné que la BAD dispose de mécanismes internes capables d’autoriser des avances sur les contrats déjà approuvés, à condition que les requêtes nationales parviennent complètes. Le ministre a, de son côté, promis d’alimenter régulièrement la plateforme de suivi partagée.
Former les équipes pour plus d’efficacité
Au-delà des ressources financières, la rencontre a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités humaines. Des sessions de formation, financées par la Facilité pour l’ingénierie de projets de la BAD, cibleront les ingénieurs, les comptables publics et les maires, acteurs clés de l’assainissement municipal.
« La durabilité d’un ouvrage dépend autant du béton que des compétences de ceux qui le gèrent », a rappelé Juste Désiré Mondélé, convaincu qu’un personnel aguerri accélérera la maintenance préventive et limitera les coûts opérationnels supportés par le Trésor public.
Un volet spécifique portera sur la numérisation de la cartographie des réseaux, étape indispensable pour anticiper les interventions et bâtir des plans d’investissement intégrés avec les communes.
Le déploiement de tablettes géolocalisées permettra aux techniciens de remonter en temps réel les incidents sur le réseau, offrant ainsi une base de données constamment mise à jour pour la prise de décision. Le soutien de la BAD inclura la fourniture de ces équipements et la formation associée.
Identifier de nouveaux leviers de financement
La BAD explore l’opportunité d’associer le secteur privé à certaines composantes, notamment la gestion des boues de vidange. Des partenariats public-privé pourraient réduire la pression budgétaire tout en introduisant des standards de service plus exigeants.
Brazzaville mise également sur le Fonds africain de développement pour bénéficier de conditions concessionnelles, tandis que la banque envisage de mobiliser des instruments climatiques, à l’instar du Fonds vert, afin d’intégrer les enjeux de résilience face aux aléas hydrométéorologiques.
Un comité technique conjoint doit, dans les prochaines semaines, préciser la structuration financière d’un nouveau programme triennal, priorisant la modernisation des infrastructures dans quatre chefs-lieux départementaux.
Une dynamique alignée sur le Plan national
Les orientations défendues par le ministère s’imbriquent dans le Plan national de développement 2022-2026, qui fait de l’assainissement un levier de croissance inclusive et de création d’emplois verts.
En réaffirmant son appui, la BAD conforte cette trajectoire. Selon Mohamed Chérif, l’objectif est de « faire de la République du Congo un exemple de villes propres et résilientes en Afrique centrale », une ambition jugée réaliste au regard des avancées déjà constatées.
La prochaine mission d’évaluation de la banque est attendue avant la fin du premier trimestre, avec une possible signature d’accords additionnels qui devraient consolider la place du pays parmi les bénéficiaires exemplaires du portefeuille Afrique centrale.
À moyen terme, le gouvernement envisage d’articuler ces avancées avec un futur code de l’assainissement, en préparation. Ce cadre juridique précisera les responsabilités de chaque acteur et créera des incitations fiscales pour stimuler l’investissement privé dans les services d’hygiène urbaine.
