Un bénéfice consolidé inédit en 2024
Le dernier rapport de la Commission bancaire de l’Afrique centrale, publié en 2024, annonce un résultat net agrégé de 449,8 milliards de francs CFA pour les cinquante-cinq banques commerciales actives au sein de la CEMAC. Converti, ce chiffre équivaut à près de 805 millions de dollars américains selon COBAC même.
L’ampleur du bénéfice, qualifié de « nette progression » dans le document, illustre le dynamisme retrouvé d’un secteur soumis à des tensions macroéconomiques ces dernières années. Les établissements ont, d’après le rapport, amélioré leurs marges sans pour autant fragiliser leurs coefficients d’exploitation ni l’équilibre prudentiel exigé par la COBAC.
Impact sur les économies nationales
Un profit consolidé à cette hauteur résonne différemment dans chacune des six économies membres. Pour les gouvernements, il signale des dividendes fiscaux potentiels et une capacité accrue de financement des projets publics, surtout dans un contexte où la mobilisation interne de ressources reste un défi récurrent pour tous.
Les acteurs du secteur privé y voient aussi une amélioration de l’offre de crédit. Si les banques renforcent leurs fonds propres, elles peuvent, en principe, prêter davantage aux petites et moyennes entreprises, raffermissant ainsi la croissance inclusive chère aux orientations régionales définies par les chefs d’État CEMAC récemment.
Le rôle de la COBAC dans la supervision
Au-delà des chiffres, le rapport met en avant la vigilance accrue de la COBAC. L’autorité, garante de la stabilité financière, rappelle avoir multiplié les inspections sur place et les contrôles à distance afin d’assurer le respect des normes prudentielles communes à l’ensemble de la zone monétaire et bancaire.
Selon le même document, aucune entité n’a dérogé aux règles de couverture des risques. Cette conformité globale aurait contribué à la solidité observée cette année, limitant les provisions sur créances douteuses et améliorant mécaniquement le résultat net consolidé affiché par les cinquante-cinq banques de la communauté monétaire aujourd’hui.
Lectures possibles pour le Congo-Brazzaville
Pour la République du Congo, ces résultats collectifs peuvent être lus comme une confirmation des réformes bancaires engagées ces dernières années. Brazzaville avait, on s’en souvient, soutenu l’adoption de directives plus strictes sur la gouvernance interne, une décision désormais présentée comme payante par plusieurs analystes du marché local.
Les responsables congolais insistent toutefois sur la nécessité de traduire la rentabilité du secteur en crédits productifs. Selon un conseiller financier, la priorité reste de canaliser davantage de ressources vers l’agriculture et les industries locales, moteurs identifiés du plan national de développement actuel à Brazzaville par les autorités.
Impact pour les autres capitales régionales
La Centrafrique, le Tchad, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun observent chacun cette progression avec leurs enjeux propres. Plusieurs gouvernements évoquent une marge budgétaire accrue grâce aux dividendes éventuels, tandis que les opérateurs économiques espèrent un recul durable du coût moyen du financement dans leurs pays.
Certains analystes soulignent toutefois que la bonne santé des banques ne se traduit pas automatiquement par une baisse immédiate des taux. Les comités de crédit restent prudents, privilégiant les secteurs jugés solvables et maintenant des exigences élevées de garanties, surtout dans un environnement encore volatile post-pandémie actuel régional.
Des défis toujours présents
Le rapport de la COBAC rappelle que les profits enregistrés ne doivent pas masquer certains chantiers. La diversification des revenus demeure limitée, la plupart des marges provenant encore des activités traditionnelles d’intermédiation. Les appels réitérés à l’innovation numérique trouvent donc ici une justification renouvelée pour la région entière.
En outre, la concentration géographique des portefeuilles reste forte. Les banques privilégient encore les capitales et les bassins pétroliers, laissant d’importantes zones rurales sous-financées. Cette réalité, déjà soulignée les années précédentes, représente un défi d’inclusion financière auquel les profits actuels pourraient apporter des réponses concrètes à court terme.
Perspectives prudentielles pour 2025
Dans sa note de prospective, la COBAC envisage de maintenir une supervision intensive. Les indicateurs de solvabilité demeurant satisfaisants, l’accent pourrait désormais porter sur la qualité du service et la transparence tarifaire. Les banques sont invitées à publier régulièrement des informations harmonisées pour renforcer la confiance publique régionale.
Les établissements, de leur côté, mettent en avant l’argument d’une transformation numérique coûteuse. Un directeur général rappelle que la modernisation des systèmes informatiques représente un investissement lourd, mais indispensable pour sécuriser les opérations, contenir la fraude et proposer des produits adaptés à une clientèle de plus en connectée.
Réactions des marchés financiers
Sur les places boursières régionales, la publication du rapport a été accueillie par une légère hausse des titres bancaires, selon les courtiers. Ils estiment qu’une rentabilité soutenue consolide la perception de solidité. Toutefois, le faible flottant de nombreuses banques limite encore l’ampleur de ces mouvements observés ce jour.
Une dynamique à consolider
Le bénéfice agrégé de 449,8 milliards de francs CFA constitue un jalon, mais non une fin. La COBAC enjoint les banques à transformer ce résultat en instruments de développement durable. Pour les capitales de la CEMAC, l’enjeu demeure de capter cette dynamique dans des politiques publiques cohérentes et ambitieuses.
