Un signal fort pour la capitale congolaise
Devant l’hôtel de ville de Brazzaville, le député-maire Dieudonné Bantsimba a officialisé le 28 octobre la mise en œuvre du projet Biseau, entouré de Jean-Pierre Fortuné, maire de Tinqueux et vice-président du Grand Reims. Ce lancement marque l’aboutissement de mois de diagnostics partagés.
Le programme se déploiera de 2025 à 2028 et ambitionne d’améliorer durablement l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement dans la capitale congolaise. Les édiles ont souligné que l’initiative répond aux attentes d’une population en croissance et à l’impératif de résilience urbaine face aux aléas climatiques.
Une coopération franco-congolaise historique consolidée
Reims et Brazzaville entretiennent des liens anciens, initiés en 1961 et ravivés en 2018. En se concentrant depuis 2023 sur l’eau et l’assainissement, les deux collectivités entendent donner un contenu concret à leur partenariat, jugé exemplaire par les représentants des deux pays.
« Nous passons d’une intention à la réalisation », a résumé Jean-Pierre Fortuné, rappelant que le Grand Reims apportera une expertise technique et financière, aux côtés de l’Agence de l’eau Seine-Normandie et du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères.
Trois axes stratégiques au cœur du dispositif
Biseau articule ses 681 millions FCFA autour de trois axes : moderniser le service public de l’eau, structurer la gestion des boues de vidange et aménager des infrastructures pilotes dans quatre écoles publiques. Chaque volet répond à un besoin identifié lors de la phase de diagnostic conjointe.
Le calendrier prévoit un suivi semestriel des indicateurs de performance afin d’ajuster les actions. Les partenaires insistent sur la gouvernance partagée et l’apprentissage mutuel, considérés comme clés de la pérennité du projet au-delà des trois ans prévus.
Moderniser le réseau de la Congolaise des eaux
La Congolaise des eaux bénéficiera d’échanges techniques avec le Grand Reims et l’Office national de l’eau et de l’assainissement du Burkina Faso. Visites croisées, formations ciblées et dotations d’équipements doivent accroître le rendement du réseau et réduire les pertes physiques.
Les ingénieurs prévoient aussi l’introduction d’outils numériques pour le suivi de la distribution et la détection de fuites. Selon Dieudonné Bantsimba, cette modernisation doit améliorer la qualité de service et soutenir l’ambition nationale d’un accès universel à l’eau potable.
Vers une filière boues de vidange régulée
L’absence de station de traitement dédiée à Brazzaville conduit aujourd’hui à des pratiques informelles peu contrôlées. Biseau financera une étude de faisabilité pour la construction éventuelle d’une unité de traitement et accompagnera la mairie dans l’élaboration d’un cadre réglementaire clair.
Un dispositif de suivi des vidangeurs sera mis en place, favorisant la professionnalisation du secteur. L’objectif est double : protéger la santé publique et préserver l’environnement, notamment les cours d’eau urbains exposés aux déversements sauvages.
Écoles pilotes : hygiène et résilience climatique
Quatre établissements périphériques recevront des points d’eau, des blocs sanitaires séparés filles-garçons et des dispositifs de drainage. La végétalisation autour des bâtiments réduira l’érosion et les îlots de chaleur, tout en servant de support pédagogique.
Des séances de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène seront organisées pour les élèves et le personnel. Les équipes pédagogiques échangeront avec leurs homologues de l’Académie de Reims, enrichissant les contenus scolaires et instaurant une culture de maintenance préventive des infrastructures scolaires.
Financement : un montage équilibré
Sur les 681 millions FCFA, la part française est principalement portée par l’Agence de l’eau Seine-Normandie et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, tandis que la municipalité congolaise mobilise ses ressources propres et des contributions locales.
Ce montage reflète la volonté de partager l’effort financier et de renforcer la capacité de gestion budgétaire de la mairie. Les partenaires soulignent que la contribution nationale est essentielle pour garantir la prise de relais lorsque l’appui extérieur prendra fin.
Cap sur 2028 : impacts attendus
À l’issue du programme, la Congolaise des eaux espère une baisse sensible des pertes en réseau, une amélioration de la pression dans plusieurs quartiers et la sécurisation de points d’eau publics. Pour l’assainissement, la municipalité vise une filière boues de vidange opérationnelle et contrôlée.
Le ministère congolais de l’Énergie et de l’Hydraulique, associé comme tutelle technique, estime que Biseau pourrait servir de modèle pour d’autres villes du pays. Les maires partenaires se sont engagés à publier un bilan annuel afin de maintenir la transparence et l’adhésion des habitants.
