Une cérémonie au symbolisme républicain
Sous les lambris de la préfecture de Madingou, la Bouenza a officiellement accueilli, le 24 septembre 2025, son nouveau directeur départemental du contrôle d’État, Habib Paterne Miette, lors d’une cérémonie empreinte de sobriété républicaine et de ferveur administrative.
Le directeur départemental de l’Administration du territoire, représentant la secrétaire générale empêchée, a présidé l’installation, après avoir fait lecture du décret présidentiel entérinant la nomination du nouveau responsable.
Autour de la table, des collègues directeurs venus des différents services déconcentrés ont manifesté leur soutien, soulignant la dimension collégiale que requiert toute politique de contrôle et d’évaluation de l’action publique.
Parcours d’un pédagogue administrateur
Originaire du district de Gamboma, dans les Plateaux, Habib Paterne Miette s’est d’abord illustré dans l’enseignement secondaire, dispensant les sciences industrielles au sein des lycées, où il a acquis une réputation de rigueur et de sens de la transmission.
Sa conversion à la haute administration intervient à la faveur d’un concours lui ouvrant les portes de l’Inspection générale d’État, structure dont le maillage départemental constitue le premier rempart contre les dérives financières et organisationnelles.
« Nous venons mettre nos compétences pédagogiques au service de la promotion d’une culture de résultats », a-t-il déclaré à l’issue de la cérémonie, rappelant que l’expérience du tableau noir nourrit souvent l’exigence d’exemplarité.
Les attentes en matière de gouvernance
Dans son allocution, le nouveau directeur a posé les jalons d’un programme orienté vers la lutte contre la délinquance administrative, engagement qui résonne avec les priorités nationales de responsabilisation des gestionnaires publics.
Il a insisté sur la nécessité d’installer des procédures claires, de renforcer les contrôles inopinés et de partager, avec pédagogie, les bonnes pratiques reconnues par la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances.
Les services techniques, a-t-il précisé, seront associés à chaque audit, afin que le contrôle ne soit pas perçu comme une sanction mais comme un dispositif d’accompagnement au service du développement territorial.
Un dispositif stratégique pour Bouenza
Le département de la Bouenza se trouve au cœur d’une dynamique de diversification économique portée par l’agro-industrie, l’exploitation forestière et les projets de transformation des minerais de fer du Mayombe.
Dans ce contexte, le contrôle d’État devient un outil essentiel pour garantir que les contrats publics respectent les standards de transparence et que les recettes attendues alimentent effectivement le budget local.
Selon le directeur départemental de l’Administration du territoire, la nomination de Habib Paterne Miette répond au besoin de « consolider la chaîne de la dépense publique, depuis l’engagement jusqu’à la liquidation et au paiement ».
Un chantier collectif et inclusif
Au-delà des mécanismes d’audit, les autorités locales entendent accentuer la formation continue des agents, afin de doter chaque service d’outils d’auto-évaluation, réduisant ainsi les écarts de conformité détectés lors des inspections.
La jeunesse de Bouenza, fortement mobilisée dans les programmes d’appui à l’entrepreneuriat, observera avec attention l’évolution du pilotage financier, convaincue que la bonne tenue des comptes facilite l’accès aux crédits et la réalisation des projets communautaires.
Le préfet, saluant « une prise de fonction porteuse d’espoir », a invité les organisations de la société civile à documenter leurs observations, estimant que la redevabilité se consolide dans le dialogue.
Pour Habib Paterne Miette, l’heure est à la planification des missions itinérantes qui le conduiront successivement vers Loudima, Nkayi et Mouyondzi, pôles où se concentrent nombre de marchés publics.
Le ministère du Contrôle d’État assure qu’il suivra de près les indicateurs de performance du nouveau service afin de consolider, pas à pas, la confiance des citoyens.
Regards d’experts sur la gouvernance
Pour le politologue Clément Makosso, enseignant à l’Université Marien-Ngouabi, la mise en place d’un contrôle d’État réactif au niveau déconcentré constitue « l’un des leviers indispensables pour accélérer la décentralisation budgétaire ».
Il estime que l’initiative prendra tout son sens si les rapports d’audit sont publiés dans des délais raisonnables et accompagnés de plans de suivi partagés avec les élus locaux.
Perspectives pour l’année budgétaire 2026
La prochaine loi de finances, actuellement en cours d’élaboration, prévoit une augmentation des dotations aux organes de contrôle afin de doter chaque département de moyens logistiques, notamment en véhicules et logiciels d’analyse.
À la Bouenza, l’arrivée de ces ressources devrait réduire les délais de déplacement des équipes et permettre l’extension des missions vers les zones rurales, où les collectivités gèrent de plus en plus de micro-projets financés sur fonds propres.
Le directeur entend enfin mettre à profit le numérique en instaurant une plateforme de remontée d’informations sécurisée, accessible aux services comptables, destinée à prévenir les doubles-imputations et à renforcer la traçabilité.
Cette modernisation, déjà testée dans d’autres départements, pourrait, si elle est validée, ouvrir la voie à une interconnexion avec le Trésor public pour un suivi en temps réel des engagements.
Les observateurs locaux notent que les premières semaines seront déterminantes pour ancrer les routines de reporting et renforcer la synergie entre les services techniques, les mairies et la préfecture.