Brazzaville se met au rythme des smashs nationaux
En publiant, début juin, une note d’information à l’intention des ligues départementales, la Fédération congolaise de volley-ball (FCVB) a officiellement lancé le compte à rebours : du 23 au 31 août, Brazzaville sera le théâtre des championnats nationaux A6, organisés simultanément pour les catégories juniors, seniors et élites, tant féminines que masculines. L’annonce, laconique mais précise, invite chaque structure régionale à mobiliser sans délai ses effectifs afin d’éviter « toute surprise logistique ». Le choix de la capitale, forte de ses infrastructures rénovées à la faveur des Jeux africains de 2015, sonne comme une évidence technique, mais il porte également la charge symbolique de rassembler, au cœur de la république, l’ensemble des forces vives de la discipline.
Un calendrier resserré, miroir des ambitions fédérales
Neuf jours de compétition suffiront-ils à départager quelque trente formations attendues sur le parquet du gymnase Nicole-Oba ? La FCVB assume ce format condensé, gage d’intensité selon son président, Hugues-Emmanuel Koudissa, qui voit dans ce « sprint estival » l’expression d’un volley congolais résolument tourné vers la performance. « Il s’agit de placer nos athlètes dans des conditions proches des tournois continentaux, où la densité des matches fait la différence », confie-t-il, évoquant déjà la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. La méthodologie tranche avec les éditions antérieures, souvent étalées sur deux semaines, et traduit la volonté de professionnaliser la préparation physique, la gestion des déplacements et l’encadrement médical.
L’enjeu sportif : de la base au sommet de la pyramide
Si les projecteurs seront braqués sur les clubs phares – DGSP, Munisport ou encore Espoir de Ouenzé – la véritable bataille se jouera en coulisses : repérer les talents capables d’intégrer, à court terme, les sélections nationales. Christian Matoukou, directeur technique national, résume la feuille de route : « Nous devons élargir notre vivier et consolider la relève, sous peine de voir nos performances régionales stagner. » Les données recueillies lors de la dernière phase inter-ligues indiquent une hausse de 18 % des licences féminines, signe encourageant pour la parité voulue par la confédération africaine. Dans le même temps, le staff médical prévoit la mise en place d’un protocole de suivi biomécanique, inédit au niveau national, afin de réduire les risques de blessures récurrentes chez les joueurs de front.
Au-delà du terrain : une vitrine socio-économique pour la jeunesse
Dans un pays où 60 % de la population a moins de trente ans, la dimension sociale du sport n’échappe à personne. L’État comme les collectivités voient dans ces championnats un instrument de cohésion, capable d’encourager le vivre-ensemble et de canaliser l’énergie de quartiers parfois marginalisés. Le ministre des Sports, Hugues Ngouélondélé, rappelle régulièrement que « chaque service d’assiettes fiscalisées investi dans le volley est un pas de plus vers la prévention de la délinquance juvénile ». Les économistes du Centre d’études prospectives de l’Université Marien-Ngouabi estiment, pour leur part, que l’événement pourrait générer près de 1,2 milliard de francs CFA de retombées directes, entre billetterie, hébergement et activités périphériques, chiffre loin d’être négligeable pour le tissu hôtelier brazzavillois.
Infrastructures et partenariats, pivots d’une réussite annoncée
Les travaux de mise à niveau du gymnase principal, financés conjointement par le Trésor public et un consortium d’entreprises de BTP locales, avancent à bonne cadence ; la pose d’un parquet « taraflex » homologué FIVB est prévue pour mi-juillet. Parallèlement, la FCVB a ouvert des discussions avec deux opérateurs télécoms afin d’assurer la diffusion en streaming haute définition des rencontres, avantage stratégique pour la visibilité des sponsors nationaux. Cette démarche, inspirée de l’expérience rwandaise, illustre la mue numérique d’un sport longtemps confiné aux gradins. Un partenariat académique avec l’Institut supérieur de management du sport vise, de son côté, à former une quinzaine de managers événementiels pour renforcer la gouvernance future des ligues.
Vers une normalisation durable du volley congolais
À l’heure où le processus d’homologation des textes statutaires de la FCVB arrive à son terme, l’édition 2024 des championnats A6 apparaît comme un jalon vers la normalisation durable de la discipline. Les observateurs de la Zone 4 de la Confédération africaine, attendus à Brazzaville, pourront prendre la mesure des progrès organisationnels réalisés depuis cinq ans. Si la médaille sportive demeure l’objectif ultime des clubs, l’enjeu dépasse la seule colonne des scores : il s’agit d’asseoir, sur le moyen terme, une culture de la qualité qui inf usera l’ensemble du mouvement sportif congolais. Le public, quant à lui, est déjà invité à remplir les tribunes, promesse de vacarme et de ferveur à la mesure d’un volley congolais qui, sans triomphalisme, revendique désormais sa place sur l’échiquier continental.