Un écosystème sanitaire en quête de consolidation
Depuis les grandes réformes engagées à la fin des années 2010, la politique sanitaire congolaise poursuit un objectif double : élargir l’accès aux soins tout en ancrant les pratiques de gouvernance au plus près des usagers. C’est dans ce contexte qu’une session de renforcement de capacités, organisée par l’Observatoire congolais des droits des consommateurs, a réuni à Brazzaville les Comités de santé issus de cinq districts emblématiques de la capitale. Pendant deux jours, ces acteurs de terrain ont revisité les fondamentaux de leur mandat afin de répondre aux exigences contemporaines de qualité, de transparence et de coresponsabilité.
La société civile, partenaire méthodique de l’action publique
Présidée par René Ngouala, la rencontre illustre la dynamique institutionnelle encouragée par les autorités nationales : faire des organisations citoyennes des alliées privilégiées du ministère de la Santé. L’initiative s’inscrit dans la continuité de la revue sectorielle de 2018, laquelle avait souligné la nécessité de consolider la participation communautaire. En conviant les responsables des Comités de santé et les représentants du Réseau des associations de consommateurs, le dispositif renforce le principe de cogestion des structures hospitalières, principe désormais inscrit dans la réglementation nationale.
Entre théorie et pratique : un dialogue scientifique
Les échanges ont été nourris par les communications du professeur Richard Bileckot, inspecteur général de la santé, et de l’expert franco-congolais Christian Khaliffa, intervenant à distance. Croisant sociologie des organisations et droit hospitalier comparé, les intervenants ont rappelé que le Comité des usagers constitue, dans les systèmes contemporains, un organe consultatif stratégique : il canalise les attentes des patients, assure la médiation avec les équipes soignantes et participe à l’évaluation interne des établissements. La référence à l’expérience française a permis de mesurer la diversité des modèles, tout en soulignant la pertinence des adaptations locales.
Vers une charte du patient contextualisée
Moment fort de l’atelier, la vulgarisation du projet de charte du patient témoigne d’une volonté partagée de donner un socle normatif à la relation soignant-soigné. Fruit d’un travail collaboratif entre la société civile et le département ministériel de tutelle, le document entérine des principes de dignité, de confidentialité et d’information éclairée. Pour le Dr Nelson Bokalé, médecin-chef du district de l’Île Mbamou, l’adoption prochaine de ce référentiel renforcera l’éthique professionnelle tout en clarifiant le rôle de chaque partie prenante dans la prise en charge.
Des retombées attendues sur la qualité des soins
Les témoignages recueillis à l’issue de la session convergent : la montée en compétences des Comités de santé constitue un levier déterminant pour la performance des formations sanitaires. Arsène Ibara, président du Cosa du Centre de santé intégré Fleuve Congo, estime que l’appropriation des outils de gestion participative favorisera la résolution rapide des réclamations et l’optimisation des ressources. À moyen terme, les observateurs anticipent une amélioration mesurable des indicateurs de satisfaction des usagers, indicateurs scrutés par les bailleurs internationaux engagés aux côtés du Congo-Brazzaville.
Une gouvernance hospitalière en phase avec les Objectifs de développement durable
Au-delà de la capitale, le dispositif de formation esquisse une feuille de route compatible avec l’Objectif de développement durable nº3, consacré à la santé et au bien-être. En encourageant la démocratie sanitaire, l’État congolais se dote d’un mécanisme de redevabilité qui consolide la confiance entre institutions et citoyens. Le lancement d’un calendrier de sessions itinérantes, annoncé en marge de l’atelier, devrait élargir le périmètre d’action des Cosa à l’ensemble du territoire, contribuant ainsi à réduire les disparités d’accès aux soins et à faire de la participation citoyenne un pilier de la cohésion nationale.
Cap sur la pérennisation des acquis
Pour garantir la durabilité de ces avancées, les organisateurs envisagent de mettre en place un dispositif d’accompagnement continu incluant mentorat, évaluations périodiques et partage inter-districts des bonnes pratiques. Cette perspective répond à la recommandation de certains experts selon laquelle la qualité d’un dispositif participatif se mesure autant à sa constance qu’à son ancrage culturel. En recadrant les Comités de santé dans une logique d’apprentissage permanent, la stratégie adoptée à Brazzaville confirme que le renforcement des capacités n’est pas un événement ponctuel, mais un processus d’institutionnalisation de la citoyenneté sanitaire.