Brazzaville prépare un rendez-vous crucial
Les 29 et 30 septembre 2025, la capitale congolaise accueillera un colloque international dédié à la biodiversité, placé sous le thème « Tradition et biodiversité en République du Congo ». Organisée en format hybride, la rencontre s’annonce comme un moment phare de la diplomatie environnementale congolaise.
À l’initiative de l’ONG Éveil d’Afrique, soutenue par la Chambre de commerce latino-américaine et le Conseil international de la transmission intellectuelle, l’événement veut conjuguer savoirs ancestraux et outils scientifiques afin de bâtir une réponse inclusive aux pressions qui menacent les écosystèmes congolais.
Le choix de Brazzaville n’est pas fortuit : au cœur du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, la ville se veut un laboratoire d’idées où se croisent chercheurs, étudiants, décideurs et représentants des communautés locales, tous mobilisés autour d’un même impératif écologique.
Urgence écologique et leadership congolais
Déforestation accélérée, changements climatiques, pollution plastique : les défis environnementaux du pays rejoignent les préoccupations globales. En annonçant ce colloque, les autorités rappellent leur volonté de protéger un patrimoine naturel qui représente une source de richesse mais aussi une responsabilité vis-à-vis des générations futures.
Le ministère de l’Économie forestière, hôte d’une réunion préparatoire en mai 2025, avait déjà souligné la nécessité d’élaborer une position cohérente à l’échelle régionale. « Nous voulons que la voix du Congo-Brazzaville porte jusqu’aux instances multilatérales », confiait alors un directeur de cabinet.
Dans la lignée du Plan national de développement, le gouvernement met en avant une politique forestière fondée sur la gestion durable et la création d’emplois verts. Les organisateurs du colloque voient là une opportunité de faire converger la recherche et la planification stratégique.
Entre héritage et science
Au cours des ateliers, des maîtres traditionnels de la forêt partageront des pratiques de régénération des sols, de pharmacopée ou de pêche durable. L’idée est de documenter ces connaissances souvent transmises oralement, puis de les confronter aux données scientifiques pour mieux comprendre leur efficacité.
Certains chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi analyseront les propriétés chimiques des plantes présentées, tandis que des ingénieurs du Centre national d’inventaire forestier établiront des cartes de biodiversité. Ce croisement d’expertises vise à produire des recommandations solides, susceptibles de nourrir la législation environnementale.
Une fenêtre sur la COP30
L’échéance de la COP30, prévue au Brésil la même année, constitue l’arrière-plan diplomatique du colloque. Les acteurs entendent y présenter une narration positive, soulignant le rôle moteur du bassin du Congo et la complémentarité avec l’Amazonie dans la lutte contre le réchauffement.
À Brazzaville, les délégations latino-américaines attendues partageront leurs réussites en matière de paiements pour services écosystémiques. De leur côté, les participants congolais prépareront des fiches de projet portant sur la restauration des mangroves, le reboisement communautaire et la promotion de chaînes de valeur durables.
Un rapport de synthèse devrait être transmis ensuite au Comité national climat, afin d’alimenter la contribution congolaisement déterminée. Les organisateurs tablent sur une adoption rapide par les autorités, signe que la recherche et la diplomatie peuvent avancer de concert.
Les communautés, acteurs centraux
Au-delà des discours, la participation des communautés riveraines reste l’une des pierres angulaires du projet. Des leaders pygmées et bantous viendront raconter leur rapport quotidien à la forêt, donnant chair aux statistiques et rappelant que la conservation passe d’abord par la sécurisation des moyens de subsistance.
Une session spécifique abordera les droits fonciers coutumiers. Selon plusieurs ONG, clarifier ces droits est indispensable pour éviter les conflits liés à la création d’aires protégées. Les juristes invités proposeront des mécanismes de médiation inspirés des traditions de palabre, combinés à des procédures écrites modernes.
Les organisateurs espèrent que ces échanges aboutiront à un guide pratique à destination des collectivités locales. Distribué en langues nationales, il regroupera des conseils sur la cueillette durable, la rotation des cultures et l’utilisation raisonnée du bois-énergie, tout en précisant les dispositions légales en vigueur.
Perspectives de politiques publiques intégrées
En fédérant universitaires, pouvoirs publics et société civile, le colloque de septembre vise à enclencher une dynamique pérenne. Un comité de suivi, prévu pour rester actif plusieurs années, accompagnera la mise en œuvre des recommandations et évaluera leur impact sur les indicateurs nationaux de biodiversité.
À terme, les organisateurs souhaitent que l’exemple brazzavillois inspire d’autres capitales africaines. En ancrant la tradition dans l’action publique, le Congo-Brazzaville ambitionne de démontrer qu’un développement économique respectueux des écosystèmes n’est pas une utopie, mais bien un choix stratégique à portée continentale.
Recherche et financement vert
La question des financements sera au cœur d’une table ronde réunissant banques locales, agences multilatérales et entrepreneurs. Les organisateurs souhaitent attirer des fonds climatiques pour soutenir la recherche appliquée et accélérer la transition vers des filières agro-forestières certifiées, porteuses d’emplois pour la jeunesse urbaine et rurale.
Selon un consultant présent, la crédibilité scientifique des projets sera déterminante pour mobiliser les investisseurs. D’où l’importance de protocoles robustes, d’indicateurs partagés et d’une gouvernance transparente, capables de rassurer autant les bailleurs internationaux que les ressortissants de la diaspora désireux d’investir dans la préservation du patrimoine naturel.