Une séquence diplomatique placée sous le sceau de la confiance
L’arrivée, les 7 et 8 juillet 2025, de M. Thierno-Habib Hann, Directeur général de la Banque de Développement Shelter Afrique, a ponctué l’agenda brazzavillois d’un moment empreint de solennité institutionnelle. Placée sous le haut patronage de Son Excellence Denis Sassou Nguesso, cette séquence témoigne d’une confiance renouvelée entre le Congo et l’institution panafricaine, dont l’un des initiateurs historiques n’est autre que le chef de l’État congolais. Dans le salon d’honneur de Maya-Maya, la poignée de main entre le dirigeant bancaire et le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a résonné comme un signal adressé aux marchés : l’État entend consolider son partenariat avec l’un des acteurs les plus influents de la finance du logement sur le continent.
Une architecture de financement pensée pour l’inclusivité urbaine
Au cœur des échanges, la question de l’accès au logement pour les classes moyennes et populaires a occupé une place de choix. Shelter Afrique, spécialisé dans la structuration d’instruments financiers dédiés à l’habitat, propose un bouquet de crédits long terme libellés en devises régionales, assortis d’amortissements adaptés à la capacité de paiement des ménages. Le ministère de l’Aménagement du territoire a, pour sa part, présenté un portefeuille de projets totalisant près de 220 milliards de francs CFA, centré sur la périphérie nord de Brazzaville et sur la ville nouvelle de Kintélé. M. Hann a souligné « l’impérieuse nécessité d’ancrer nos efforts dans une logique de durabilité sociale, en renforçant l’offre locative et la titrisation des créances hypothécaires », invitant les promoteurs locaux à accélérer la normalisation cadastrale.
Logement social et soutenabilité budgétaire : un délicat exercice d’équilibriste
Si le gouvernement affiche sa volonté de construire 20 000 unités d’ici 2030, il demeure attentif à la trajectoire de ses finances publiques. La présence du ministre des Finances, Rigobert Roger Andely, à chacune des sessions techniques révèle l’importance accordée au calibrage macroéconomique de l’opération. Le Trésor, conscient des impératifs de soutenabilité, privilégie un cofinancement où la part de dette souveraine reste marginale, l’essentiel de l’effort incombant au secteur privé via des prêts concessionnels et des partenariats public-privé. Cette approche, présentée comme gagnant-gagnant, permet d’éviter une surchauffe de la dette tout en maintenant l’objectif social fixé par le Plan national de développement.
La diplomatie financière congolaise à l’épreuve du réalisme régional
La République du Congo se trouve à un carrefour stratégique. Sa stabilité politique, souvent saluée par les agences de notation régionales, constitue un atout dans la compétition africaine pour les capitaux à impact. M. Hann a rappelé que dix-huit États membres de Shelter Afrique se disputent les mêmes enveloppes. Brazzaville joue donc la carte de la constance réglementaire : sécurisation des titres fonciers, simplification des procédures d’enregistrement et ouverture maîtrisée du marché hypothécaire. Des priorités qui, selon l’économiste Carole Moudanga, « réduisent le risque-pays et crédibilisent la diplomatie financière congolaise face à des partenaires en quête de prévisibilité ».
Perspectives : bâtir un écosystème urbain résilient et vertueux
Au terme de la mission, un protocole d’entente a été paraphé autour de trois axes : mobilisation d’une ligne de crédit de 60 millions de dollars, appui technique aux municipalités pour la planification urbaine et création d’un observatoire des coûts de construction. Cette dernière initiative, attendue par les architectes locaux, vise à endiguer la volatilité des prix des matériaux, aggravée par les tensions logistiques post-pandémie. Pour les diplomates présents, l’enjeu dépasse la simple érection de toits. Il s’agit d’installer un cercle vertueux où logement décent, inclusion économique et cohésion sociale se renforcent mutuellement, à l’aune de l’agenda 2063 de l’Union africaine. En refermant la porte de la salle des accords, le Directeur général de Shelter Afrique a résumé la portée de la rencontre : « Le Congo démontre qu’une vision concertée du logement est un instrument de paix sociale et de croissance partagée ». Ainsi, la capitale congolaise se projette vers un horizon urbain où la brique, la finance et la gouvernance tissent une trame de résilience et d’espérance.