Brazzaville au centre de l’UEAC
Du 27 au 31 octobre, la capitale congolaise accueillera la 44e session ordinaire du Comité des ministres de l’Union des États d’Afrique centrale, précédée du Comité inter-États. Brazzaville se prépare ainsi à devenir, durant cinq jours, l’épicentre de la coopération sous-régionale et de la CEMAC.
La rencontre est placée sous le thème « Vers la mise en œuvre du budget-programme pour promouvoir la gouvernance communautaire ». Les organisateurs veulent accélérer la transition d’une logique de moyens vers une logique de résultats, en faisant de la transparence budgétaire le socle d’un nouvel élan d’intégration de la zone.
Budget-programme et gouvernance transparente
Avant l’arrivée des ministres, les experts du Comité inter-États plancheront sur les dossiers techniques. Leurs recommandations, attendues dès l’ouverture, serviront de boussole aux décideurs politiques afin d’affiner les arbitrages et d’assurer l’alignement des priorités nationales sur la vision collective.
Parmi les défis majeurs figure la mobilisation des ressources intérieures. Les États membres entendent réduire leur dépendance aux bailleurs internationaux en élargissant la base fiscale, en modernisant les administrations et en luttant contre les circuits informels qui privent les budgets publics de marges vitales.
Le thème de la gouvernance transparente sera également scruté. Il s’agit, pour les capitales de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, d’adopter des mécanismes harmonisés de suivi budgétaire afin de restaurer la confiance des citoyens, des investisseurs et des partenaires techniques.
Héritage réformateur de Bangui
Lors de la 43e session, organisée en septembre à Bangui, plusieurs résolutions structurantes avaient été adoptées. L’harmonisation de l’évaluation des dépenses fiscales et la création d’un comité régional dédié à la mobilisation des recettes intérieures figurent désormais parmi les jalons de la réforme financière commune.
Les ministres avaient également validé un dispositif de sanctions applicable aux manquements aux règles de surveillance multilatérale. Ce mécanisme incitatif vise à garantir la discipline budgétaire collective et à prévenir les dérapages susceptibles de fragiliser la convergence macroéconomique dans la zone.
Le ministre congolais de l’Économie, du Plan, de la Statistique et de l’Intégration régionale, Ludovic Ngatsé, qui préside actuellement l’UEAC, voit dans ces avancées « un pas décisif vers une meilleure allocation des ressources et une responsabilisation des ordonnateurs nationaux », selon ses déclarations.
Performances, intégration et fiscalité commune
À Brazzaville, le choix du budget-programme doit se traduire par la définition d’indicateurs de performance clairs et mesurables. Chaque franc engagé devrait être corrélé à un résultat vérifiable, qu’il s’agisse d’infrastructures, de santé ou d’éducation, afin de maximiser l’impact sur les populations.
Les délégations envisagent également de revisiter les stratégies d’intégration régionale. Le renforcement des chaînes de valeur intra-communautaires apparaît comme une piste privilégiée pour stimuler la croissance, générer des emplois et consolider la résilience des économies face aux chocs extérieurs.
Dans les couloirs, l’harmonisation des politiques fiscales est évoquée comme condition essentielle à cette ambition. Une fiscalité cohérente attirerait davantage d’investissements transfrontaliers et limiterait la compétition déloyale entre pays frères, tout en garantissant des recettes stables pour financer les objectifs sociaux.
Sécurité, logistique et feuille de route finale
Au-delà des questions strictement financières, les ministres devraient rappeler l’importance de la paix et de la sécurité pour la réussite économique. Brazzaville, ville de dialogue, servira de tribune pour réaffirmer l’engagement commun en faveur d’institutions solides et de mécanismes de prévention des crises.
Sur le plan logistique, le Palais des congrès a été retenu pour accueillir les travaux. Les équipes protocolaires s’activent afin de garantir un déroulement fluide, respectueux des exigences sanitaires et conforme aux standards internationaux attendus pour une rencontre de cette envergure.
Au terme des débats, un communiqué final précisera la feuille de route. Les analystes économiques suivront particulièrement les passages relatifs au calendrier de l’harmonisation fiscale et à la création du fonds régional destiné à soutenir les réformes structurelles approuvées à Bangui.
Leadership congolais et attentes citoyennes
Pour Brazzaville, l’événement représente aussi une vitrine diplomatique. En accueillant ses pairs, la République du Congo réaffirme son rôle moteur au sein de la CEMAC et souligne son engagement envers une gouvernance économique concertée, élément clé de la Vision 2025 de l’espace communautaire.
Alors que les projecteurs se tourneront vers le Palais des congrès, les citoyens espèrent que les résolutions jetteront les bases d’une croissance inclusive. La 44e session, en consolidant les résolutions de Bangui, pourrait baliser un nouveau chapitre pour une Afrique centrale plus intégrée.
Les observateurs notent que la philosophie du budget-programme rejoint les orientations de plusieurs partenaires multilatéraux, sans pour autant déléguer la gouvernance aux bailleurs. L’appropriation nationale, martèlent les experts, reste la condition sine qua non pour transformer les engagements en transformations palpables sur le terrain.
À l’issue de la réunion, un rapport sera transmis aux chefs d’État de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale. Ce document, qui synthétisera propositions techniques et implications politiques, servira de base à la prochaine conférence des dirigeants, attendue avant la fin de l’année.
