Une effervescence entrepreneuriale célébrée
Vendredi 28 juin 2025, l’hôtel Grand Lancaster de Brazzaville fourmillait d’une effervescence peu commune : parlementaires, étudiants, artistes et bailleurs de fonds s’y sont retrouvés pour marquer la Journée internationale des petites et moyennes entreprises. Sous le haut patronage de Rudy Steph Mpiéré Gouamba, directeur général des PME, la master-class « Comment créer, gérer, financer et développer son entreprise » a offert, huit heures durant, un condensé de réflexions et de retours d’expérience sur la fabrique de l’initiative privée au Congo.
La présence, dans la même salle, d’élus nationaux et de jeunes porteurs de projets a symbolisé la volonté de rapprocher sphère décisionnelle et société civile productive. « Le potentiel économique du Congo n’attend que votre audace », a rappelé M. Gouamba, avant de dresser une cartographie des secteurs en expansion – agro-industrie, services numériques ou artisanat de transformation – que les pouvoirs publics souhaitent voir investir par les entrepreneurs locaux.
Les ressorts institutionnels d’un écosystème en mutation
Prenant le relais, Didace Ngafoula-Ganao, directeur départemental des PME de Brazzaville, a peint un tableau précis de l’écosystème métropolitain. Il a mis en avant la simplification administrative engagée depuis la loi 2021-11 sur le développement des micro, petites et moyennes entreprises. Selon lui, « le guichet unique a réduit à quarante-huit heures le délai moyen d’immatriculation », une avancée saluée par les partenaires techniques et financiers présents.
Le dispositif est complété par le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (Figa), bras financier chargé de sécuriser les premiers pas des jeunes structures. À travers des garanties partielles accordées aux banques commerciales, le Figa entend atténuer la perception du risque qui freine encore le crédit productif dans la sous-région.
Du concept à l’immatriculation : le parcours simplifié
Le segment didactique de la rencontre a abordé, étape après étape, le cheminement de la création d’entreprise. Les techniciens du ministère des PME ont décortiqué les phases d’étude de marché, de rédaction d’un business plan, puis de dépôt de statuts auprès du Centre de formalités des entreprises. L’accent a été placé sur la dématérialisation progressive des démarches : formulaire unique en ligne, délivrance numérique du registre de commerce et interconnexion avec les administrations fiscales et sociales.
Des retours d’expérience ont illustré le propos. Ainsi, Clarisse Okemba, promotrice d’un atelier de couture digitalisé, a témoigné avoir obtenu ses documents « en moins d’une semaine, tampons compris », soulignant l’importance des permanences d’assistance juridique tenues par la Direction départementale.
Financements hybrides et accompagnement sur-mesure
Le moment le plus attendu fut, à l’évidence, la séquence dédiée aux financements. Martin Mpara, directeur interdépartemental Brazzaville-Pool du Figa, a détaillé les lignes de garantie disponibles, couvrant jusqu’à 70 % du risque bancaire pour les projets jugés stratégiques. Il a rappelé que plus de 4,3 milliards de francs CFA ont déjà été engagés depuis 2023, essentiellement dans l’agro-transformation et les services numériques.
Un représentant d’une banque de la place a, de son côté, expliqué les critères d’éligibilité aux prêts classiques, insistant sur l’importance de la transparence comptable et de la gouvernance interne. « Le triptyque plan d’affaires solide, caution morale et supervision technique est le passeport vers le crédit », a-t-il résumé.
Regard des participants et enjeux socio-économiques
Les échanges avec le public ont révélé un intérêt soutenu pour les mécanismes de protection sociale. Murielle Koumen, de la Caisse nationale de sécurité sociale, a précisé que l’affiliation volontaire des entrepreneurs individuels ouvre désormais droit à une couverture maladie-maternité, argument massue pour fidéliser des équipes au sein des jeunes pousses.
Au sortir de la salle, Nadège Kassongo, étudiante en gestion, confiait son enthousiasme : « Je repars avec un itinéraire clair et la conviction que créer une entreprise n’est plus un parcours d’obstacles ». Plusieurs participants ont demandé la reconduction semestrielle de l’événement afin de maintenir une dynamique d’apprentissage collectif.
Perspectives institutionnelles pour un tissu productif inclusif
Au-delà de la célébration ponctuelle, la master-class s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique portée par les autorités congolaises. En dotant les porteurs de projets d’outils méthodologiques et de facilités financières, le ministère des PME vise à renforcer un tissu productif qui représente déjà 90 % du parc d’entreprises et près de la moitié des emplois urbains.
Les organisateurs envisagent d’étendre le format à d’autres départements, dans une logique de territorialisation des opportunités. L’ambition déclarée est claire : décloisonner la parole experte, réduire le fossé entre formel et informel et consolider, par petites touches successives, la souveraineté économique nationale. En clôturant les travaux, Rudy Steph Mpiéré Gouamba a invité chacun à « transformer les idées en valeur ajoutée locale », rappelant que l’avenir d’une nation se forge souvent dans l’atelier d’une PME.