Une journée « Santé pour tous » dédiée aux plus vulnérables
Sous un soleil timide de décembre, les couloirs du Village d’enfants Cardinal Emile Biayenda se sont animés d’un va-et-vient inhabituel. Stéthoscopes, tensiomètres et boîtes de médicaments ont remplacé les cahiers d’écoliers, le temps d’une journée baptisée « Santé pour tous ».
Au total, 57 pensionnaires âgés de quelques mois à 15 ans ont bénéficié d’une consultation intégrale, offerte sans frais grâce à un partenariat noué entre l’Ambassade de la République bolivarienne du Venezuela en République du Congo et la brigade médicale cubaine présente à Brazzaville.
Examens cliniques, délivrance d’antibiotiques et conseils en hygiène ont jalonné la matinée, tandis que les plus jeunes découvraient pour la première fois l’auscultation. « On veut voir tous les visages illuminés de santé », confiait une aide-soignante, le regard fixé sur la file de patients miniatures.
L’initiative a mobilisé une logistique minutieuse : tentes médicales installées dans la cour, groupe électrogène pour garantir la chaîne du froid, fiches de triage pour éviter l’attente. Dès six heures, bénévoles et personnels de l’orphelinat coordonnaient l’accueil dans une ambiance studieuse.
Diplomatie solidaire : l’implication vénézuélienne
À la manœuvre, l’ambassadrice Laura Evangelia Suarez a multiplié les sourires. Entourée de cartons de riz, de lait et d’huile, la diplomate a rappelé que ce « simple geste » matérialise la gratitude du Venezuela envers l’hospitalité congolaise et illustre la densité des relations bilatérales.
Depuis quelques mois, la représentation vénézuélienne mise sur des initiatives concrètes plutôt que sur de longs discours protocolaires. Don de vivres à Pokola, distribution de fournitures scolaires dans la Cuvette : chaque étape s’inscrit dans une politique de coopération de proximité, priorisant les besoins identifiés localement.
« La santé des enfants nous concerne tous et ne doit connaître aucune frontière », a insisté Mme Suarez, promettant de reproduire l’opération dans d’autres départements si les conditions logistiques le permettent. Le calendrier exact reste à définir, mais l’intention est déjà saluée par les habitants.
Expertise cubaine au chevet des enfants
Venue spécialement du centre hospitalier universitaire de Brazzaville, la docteure Yolandra Corris Zamora dirige depuis deux ans la brigade médicale cubaine au Congo-Brazzaville. Avec sa consœur Leidys Vicet Kindilan, elle a dépisté sept pathologies, principalement des infections respiratoires, des dermatoses et des céphalées récurrentes.
« Les enfants sont les cadres de demain, c’est toujours une joie de contribuer à leur bien-être », a-t-elle confié, rappelant la longue tradition d’engagement cubain en matière de santé publique sur le continent africain. Son équipe assure également des formations au personnel local.
En fin de journée, les praticiennes ont remis un rapport détaillé au représentant du ministère des Affaires sociales, Christian Roch Mabiala. Objectif : garantir un suivi médical régulier et mobiliser, si nécessaire, les structures hospitalières publiques afin d’éviter toute complication pour les cas les plus sensibles.
Un modèle de coopération Sud-Sud salué
La Fédération des communautés étrangères en République du Congo, par la voix de son secrétaire général Tharlisse Tshitundu Kahonji, voit dans cette opération un laboratoire de solidarité. Il encourage d’autres chancelleries à adopter la même démarche pour renforcer la cohésion au sein des quartiers périphériques.
Le ministère congolais des Affaires sociales salue de son côté une initiative complémentaire aux politiques nationales d’accès aux soins primaires. Les autorités rappellent que le Plan national de développement prévoit déjà un accent particulier sur la santé maternelle et infantile, mais que chaque soutien additionnel reste bienvenu.
Les observateurs estiment que la coopération Sud-Sud, moins coûteuse et plus directe, offre aux organisations locales un accès rapide à des ressources essentielles. Dans le cas de Kombé, ce modèle a permis d’éviter des semaines d’attente pour des examens basiques, souvent onéreux dans le secteur privé.
Les experts du Programme des Nations unies pour le développement rappellent que les objectifs de développement durable visent, d’ici 2030, une couverture sanitaire universelle. Les initiatives telles que celle de Kombé illustrent, à l’échelle locale, comment des partenariats ciblés peuvent accélérer l’atteinte de ce jalon ambitieux.
L’orphelinat de Kombé espère un élan durable
Fondé en 2001, le Village d’enfants Cardinal Emile Biayenda abrite aujourd’hui plus de 70 garçons et filles privés de soutien familial stable. Entre cours de rattrapage, potager et ateliers de musique, les encadrants s’efforcent de créer un environnement protecteur malgré des ressources financières limitées.
Jean Didier Mayembo, responsable du site, voit dans la venue des médecins et des diplomates « une bouffée d’espoir ». Il souhaite capitaliser sur cette visibilité pour attirer de nouveaux partenaires et améliorer durablement l’offre de soins, d’alimentation et d’éducation des orphelins.
Des promesses ont déjà été formulées pour un appui en matériel scolaire au premier trimestre, signe que l’effet d’entraînement fonctionne. Les encadrants insistent toutefois sur la nécessité d’un calendrier prévisible, afin de planifier les activités sans dépendre de coups de projecteur ponctuels.
En attendant, les 57 enfants auscultés regagnent leurs dortoirs avec des sachets de vitamines et un carnet de suivi. Sur la porte principale, un slogan écrit à la craie résume l’état d’esprit : « Ici, la solidarité soigne autant que les médicaments ».
