Visite gouvernementale à Pointe-Noire
La visite matinale d’Anatole Collinet Makosso à l’Agence de la Côte sauvage, le 26 août, a donné un relief particulier aux ambitions gouvernementales en matière de bancarisation. Entouré d’officiels, le Premier ministre a traversé les guichets lumineux en rappelant que la finance reste un vecteur essentiel de croissance.
En saluant le personnel, le chef du gouvernement a insisté sur le rôle catalyseur des banques nationales et partenaires étrangers dans l’exécution du Plan national de développement. Selon lui, chaque agence inaugurée rapproche le pays de l’objectif fixé d’un accès élargi aux services modernes.
Une agence bancaire tournée vers l’inclusion
La nouvelle implantation, érigée face à l’océan, combine façade vitrée, bornes numériques et zones de confidentialité. Les concepteurs, inspirés par la mobilité croissante des usagers, ont pensé un espace où les opérations classiques cohabitent avec le conseil patrimonial, le tout dans un environnement sécurisé.
Au-delà des murs, l’agence propose un libre-service disponible à toute heure. Les clients peuvent déposer des espèces, éditer leurs relevés ou initier un virement international sans attendre l’ouverture des guichets. Cette amplitude horaire, encore rare, répond à la diversification des rythmes de travail urbains.
L’institution mise également sur l’éducation financière. Des sessions hebdomadaires de sensibilisation, animées par des conseillers certifiés, présentent les avantages de l’épargne programmée, du crédit à taux maîtrisé et des solutions d’assurance. L’objectif affiché est de ramener la banque au cœur des préoccupations quotidiennes des ménages.
Dix ans de croissance pour la BSCA
Créée en juillet 2015, la Banque sino-congolaise pour l’Afrique a bâti son réseau sur trois pôles majeurs : Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo. Chaque ouverture a renforcé sa capacité de collecte, si bien que la part de marché des dépôts a régulièrement progressé ces dernières années.
Cette trajectoire ascendante reflète un environnement macroéconomique stabilisé par les réformes budgétaires et monétaires conduites par l’exécutif. Les indicateurs de solvabilité publiés par la Commission bancaire d’Afrique centrale confirment la solidité du secteur, tandis que les flux d’investissements internes rassurent les analystes.
En interne, la banque attribue son succès à une gouvernance binational solide, articulant expertise locale et savoir-faire asiatique. « Notre comité de direction partage les mêmes exigences de prudence », résume un cadre rencontrant la presse, évoquant une politique d’octroi de crédit fondée sur l’évaluation rigoureuse des risques.
État et banque, une synergie économique
Les autorités voient dans cet essor un signe tangible de diversification économique. Le ministère des Finances rappelle que la bancarisation demeure un axe prioritaire du programme de modernisation de l’administration publique, car elle facilite la collecte de l’impôt, la traçabilité des paiements et l’accès aux marchés internationaux.
En visitant l’agence, le Premier ministre a souligné la complémentarité entre l’investissement public, porté par les grands projets d’infrastructures, et l’investissement privé, dont les banques constituent le levier. Il a expliqué que l’alignement des priorités évite la fragmentation des efforts et conforte la confiance des partenaires.
Le gouverneur de Pointe-Noire, présent durant la visite, a rappelé que l’accès facilité au crédit peut soutenir les PME industrielles du littoral. Selon lui, l’émergence d’un tissu entrepreneurial robuste passe par des solutions financières adaptées, en particulier pour les femmes et les jeunes porteurs de projets.
Inclusion financière et dynamisme local
Le concept d’inclusion financière, souvent évoqué dans les rapports internationaux, trouve ici une traduction concrète. Avec un taux de bancarisation estimé autour de 20 %, le Congo-Brazzaville dispose d’une marge de progression que la Bsca Bank entend explorer, notamment via le mobile banking et les partenariats fintech.
Des campagnes ciblées dans les quartiers périphériques proposeront prochainement des comptes à frais réduits. Elles seront couplées à des microcrédits destinés au commerce de détail, au maraîchage ou aux services domestiques. L’objectif est de transformer l’usage du cash en habitudes numériques plus sûres et plus traçables.
Un enseignant-chercheur de l’Université Marien-Ngouabi note toutefois que l’éducation financière reste déterminante. « Un produit innovant ne suffit pas si l’utilisateur n’en perçoit ni le coût réel ni le bénéfice », souligne-t-il, invitant les acteurs bancaires à renforcer les partenariats avec les établissements scolaires et les médias locaux.
Perspectives technologiques et territoriales
À moyen terme, la banque envisage d’étendre son réseau vers Dolisie et Ouesso, suivant la carte des échanges commerciaux. Chaque future implantation sera précédée d’une étude d’impact socio-économique, en lien avec les autorités municipales, afin de mesurer la contribution potentielle en emploi et en fiscalité locale.
Sur le plan technologique, un partenariat avec une firme d’intelligence artificielle basée à Shenzhen pourrait optimiser le traitement des données clients. L’automatisation promet de réduire les délais de réponse aux demandes de prêt, tout en renforçant la détection des opérations suspectes, enjeu majeur de conformité internationale.
L’histoire de la nouvelle agence de Pointe-Noire, associée à l’ouverture d’esprit du gouvernement, illustre le mouvement de fond qui redessine la finance congolaise. Entre aspirations citoyennes et stratégies d’expansion, la Bsca Bank entend démontrer que la bancarisation inclusive n’est plus un slogan, mais une réalité progressive.