Des chiffres qui confirment la reprise
La publication, le 28 octobre à Brazzaville, du dernier rapport de la Cour des comptes et de discipline budgétaire a livré un message clair : l’exercice 2024 se distingue par une utilisation plus efficiente des deniers publics, accompagnée d’une croissance économique redevenue vigoureuse.
Selon les calculs présentés à la Commission économique et financière du Sénat, le produit intérieur brut passe de huit mille à neuf mille milliards de francs CFA entre 2023 et 2024, soit une progression d’environ douze pour cent, un rythme inédit depuis plusieurs années.
L’enrichissement de l’assiette nationale n’est pas seulement comptable ; il résulte d’une discipline budgétaire mieux assurée et d’une exécution plus rigoureuse des engagements de l’État, soulignent les magistrats financiers dans leur avis de conformité, jugé « positif » sur l’ensemble des comptes du Trésor et du ministère des Finances.
Le rôle central de la Cour des comptes
Placée au cœur du dispositif de contrôle, la Cour des comptes veille à la régularité, à la transparence et à la performance des dépenses publiques. Son président par intérim, Emmanuel Kamba, insiste sur la pédagogie de la sanction : l’objectif est d’orienter l’administration vers la bonne pratique plutôt que d’entraver l’action.
L’institution relève que, pour 2024, la quasi-totalité des ministères a transmis ses pièces justificatives dans les délais, réduisant le nombre d’infractions budgétaires constatées. Le recours aux systèmes d’information intégrés a également permis de tracer la dépense en temps réel, améliorant la fiabilité des écritures.
Dialogue fructueux avec le Sénat
Face aux sénateurs, Emmanuel Kamba souligne que les constats et recommandations formulés chaque année nourrissent la préparation du budget suivant. « Souvent, le gouvernement retient les points pertinents et les applique », assure-t-il, rappelant le caractère progressif des réformes de la chaîne de la dépense.
La Commission économique et financière, présidée par un bureau attentif aux signaux macroéconomiques, voit dans la courbe ascendante du PIB la confirmation que la trajectoire adoptée depuis le début du Programme national de développement porte ses fruits, en conciliant stabilité, croissance et soutenabilité de la dette.
Lors de la séance, plusieurs parlementaires ont salué la démarche de transparence consistant à examiner la loi de règlement avant l’ouverture de la session budgétaire. En procédant ainsi, le Sénat affirme son rôle de contre-poids constructif, sans retarder l’adoption des crédits nécessaires au fonctionnement de l’État.
Impacts sur la préparation du budget 2026
Les enseignements tirés en 2024 servent déjà de guide pour le projet de loi de finances 2026, qui sera débattu dans quelques semaines. Les équipes du ministère prévoient de reconduire les plafonds de dépenses efficaces, en priorisant infrastructure, éducation et santé, secteurs jugés catalyseurs d’un développement inclusif.
Le secrétariat permanent chargé du suivi budgétaire signale qu’une partie des marges engrangées par la bonne tenue des recettes pétrolières sera affectée au Fonds de stabilisation, créant un coussin contre les chocs extérieurs. L’initiative est perçue comme un signal de prudence vis-à-vis des partenaires financiers.
En parallèle, la direction générale des impôts poursuit la rationalisation du recouvrement, via la dématérialisation de déclarations et le renforcement des contrôles in situ. Cette modernisation devrait accroître la part des recettes non pétrolières, objectif stratégique pour diversifier l’économie et réduire la dépendance aux cours internationaux.
Vers une culture de la reddition des comptes
La loi de règlement, parfois perçue comme un exercice technique, gagne en visibilité. En attestant de l’exécution fidèle du budget, elle fournit aux citoyens un tableau de bord annuel. Les organisations de la société civile y voient une opportunité de dialogue constructif avec les autorités sur l’allocation des ressources.
Pour soutenir cette culture de la reddition, la Cour des comptes envisage d’ouvrir des séances publiques de restitution, inspirées des auditions parlementaires utilisées dans plusieurs pays d’Afrique centrale. Ces échanges permettraient de vulgariser les conclusions et de renforcer la confiance entre administration, élus et contribuables.
Une dynamique qui rassure les partenaires
Les institutions internationales suivent de près l’évolution des indicateurs congolais. Un rapport interne d’un bailleur multilatéral, consulté par nos soins, souligne que la trajectoire actuelle améliore la crédibilité financière du Congo-Brazzaville et facilite l’accès à des lignes de crédit à des conditions plus avantageuses.
Cette appréciation positive trouve un écho parmi les investisseurs du secteur privé. Plusieurs groupes, notamment dans l’agro-industrie et les télécommunications, étudient l’expansion de leurs activités, misant sur un environnement macroéconomique assaini et sur la stabilité politique qui caractérise le pays depuis plusieurs années.
À terme, l’amélioration continue de la gestion budgétaire devrait renforcer le statut du Congo-Brazzaville au sein de la CEMAC, où la discipline financière est considérée comme un pilier de l’intégration régionale. Les progrès constatés en 2024 laissent entrevoir une marge de manœuvre accrue pour consolider les acquis sociaux.
Le ministère des Finances rappelle toutefois que la vigilance reste de mise : la volatilité attendue des cours du brut et le durcissement des conditions monétaires internationales imposent de poursuivre les réformes, notamment sur la maîtrise de la masse salariale et la rationalisation des subventions énergétiques.
