Budget 2026 : nouvelle boussole économique
Face aux députés, le ministre des Finances et du Budget, Christian Yoka, a dévoilé les grandes lignes financières pour 2026-2028. Les priorités restent la stabilité macroéconomique et la protection des plus vulnérables.
Le document, transmis simultanément aux deux chambres, inscrit pour la première fois des cibles triennales précises sur l’excédent primaire. Ce cadre vise à ancrer les anticipations des investisseurs comme des partenaires techniques.
À travers cette programmation, le gouvernement entend transformer la discipline budgétaire en instrument de croissance inclusive, tout en consolidant la crédibilité financière du Congo-Brazzaville.
Une discipline budgétaire assumée
Le gouvernement projette un excédent primaire moyen supérieur à 2 % du PIB sur la période. Chaque franc généré sera consacré au règlement de la dette, a répété Christian Yoka.
Le budget limite désormais le recours aux avances de trésorerie aux seuls besoins d’amortissement, excluant tout financement courant. Cette règle, jugée prudente, doit éviter la dérive des charges d’intérêts.
Pour suivre cette trajectoire, un comité interministériel renforcé surveillera mensuellement l’exécution, permettant un ajustement rapide en cas d’écart.
Réduction structurée de la dette publique
La dette publique reste élevée, mais son profil se transforme. Les créances de marché, plus coûteuses, feront l’objet de discussions ciblées avec les détenteurs afin d’obtenir des maturités plus longues.
Le ministère multiplie parallèlement les paiements d’arriérés intérieurs, signe attendu par le secteur privé national. La mesure doit remettre en selle les entreprises qui ont subi des retards de règlement.
« Nous consacrerons nos excédents à réduire le stock de dette et restaurer la confiance », a résumé le ministre devant les commissions financières.
Réforme fiscale et pouvoir d’achat
Moment fort du budget : le relèvement du seuil d’imposition à l’impôt sur le revenu. Des milliers de travailleurs du secteur informel devraient ainsi sortir du champ contributif.
En pratique, le barème de l’IRPP sera revu pour accroître la progressivité. Les revenus inférieurs au nouveau seuil seront totalement exonérés, tandis que les tranches supérieures supporteront un effort modéré.
Les équipes de la Direction générale des impôts conduisent des simulations pour calibrer l’impact et garantir la neutralité budgétaire à moyen terme.
Protection sociale renforcée
En libérant du pouvoir d’achat, la réforme vise aussi à stimuler la demande intérieure. Les projections officielles tablent sur une hausse de la consommation des ménages à bas revenu dès la première année.
Le budget prévoit également le maintien des subventions ciblées sur les produits de première nécessité, instrument jugé essentiel pour contenir l’inflation importée.
Ces orientations s’inscrivent dans la stratégie nationale de développement qui fait de la cohésion sociale l’un des trois piliers de la croissance durable.
Calendrier d’exécution et adaptations techniques
Une phase transitoire permettra de tester les nouveaux barèmes sur un échantillon représentatif d’entreprises avant l’application généralisée. La bascule complète est programmée pour le dernier trimestre 2026.
La réforme de l’impôt sur les sociétés, elle, entrera en vigueur dès le 1ᵉʳ janvier 2026, sans période pilote, les modalités techniques étant déjà harmonisées avec la directive communautaire.
Le ministère déploiera un portail numérique unifié afin de simplifier les déclarations et sécuriser la collecte, limitant ainsi les risques de pertes de recettes.
Regards d’experts et perspectives régionales
Des économistes saluent l’équilibre entre rigueur et inclusion. Selon l’analyste Jean-Michel Nganga, « le choix de cantonner l’excédent au remboursement de la dette rassure les créanciers sans pénaliser l’investissement public ».
Dans la zone CEMAC, la trajectoire congolaise est perçue comme conforme aux critères de convergence, notamment le plafond de déficit fixé à 3 % du PIB.
Le gouvernement table sur un recul du ratio dette/PIB à horizon 2028, tout en maintenant un rythme d’investissement prioritaire dans les infrastructures et les services essentiels.
