Une soirée décisive au Massamba-Débat
Le ciel nuageux de Brazzaville ne suffisait pas à refroidir l’ardeur des supporters venus garnir les tribunes du stade Alphonse Massamba-Débat le 26 octobre 2025. Seul club congolais encore engagé, l’AS Otohô jouait son avenir continental.
Opposée en match retour aux Mozambicains de Ferroviário de Maputo, la formation d’Oyo abordait la rencontre avec un léger avantage psychologique, consciente qu’un succès la propulserait vers la prestigieuse phase de poules de la Coupe de la CAF.
Sous les projecteurs, les Congolais ont affiché discipline et sérénité. Dès les premiers duels, la ligne défensive, articulée autour du capitaine Béranger Itoua, a coupé les velléités offensives adverses et posé les bases d’une domination territoriale patiente.
En tribune officielle, les dirigeants de la Fédération congolaise ont suivi l’évolution du score avec un mélange de tension et de fierté, conscients qu’un parcours prolongé renforcerait l’exposition du football de la République du Congo sur la scène continentale.
Des buts congolais au moment crucial
Il aura fallu attendre les toutes dernières secondes de la première période pour voir le verrou mozambicain sauter. À la 46ᵉ minute, Prince Mouandza Mapata a converti un penalty obtenu par l’ailier Bandiougou Diallo, libérant les gradins dans un rugissement collectif.
Au retour des vestiaires, les visiteurs ont tenté de presser plus haut, laissant des espaces. Sur un ballon mal dégagé, le latéral gauche Charles Atipo Kondé a décoché une frappe croisée imparable à la 52ᵉ minute, portant la marque à deux buts.
L’avantage, déjà confortable, obligeait Ferroviário à marquer trois fois pour inverser le destin de la double confrontation, tâche qui s’annonçait herculéenne face à la discipline congolaise et à une pelouse rendue glissante par les averses de l’avant-match.
Soutenus par des chants repris en boucle, les protégés de l’entraîneur n’ont pas relâché l’intensité, privilégiant de longues séquences de conservation pour étirer l’adversaire, tout en gardant un œil lucide sur la gestion du temps réglementaire.
Cartons rouges et tension sportive
Le scénario allait toutefois se durcir à la 46ᵉ minute avec l’expulsion du capitaine Itoua pour une faute sanctionnée d’un carton rouge direct. Le défenseur frappé, Nelio Mboana, a quitté la pelouse sur civière, victime d’une fracture signalée par le staff médical.
Réduits à dix, les Congolais ne se sont pas désunis. La ligne médiane a coulissé avec rigueur, tandis que les trois défenseurs restants ont fermé les angles, contraignant les attaquants mozambicains à tenter des frappes lointaines rarement cadrées.
La tension atteignait son paroxysme lorsque l’arbitre brandissait un second carton rouge, cette fois à l’encontre d’un défenseur de Maputo, rééquilibrant momentanément les forces en présence et suscitant un nouveau sursaut d’enthousiasme dans le public.
Dans le money-time, les joueurs locaux ont privilégié les touches longues pour gagner de précieuses secondes, tandis que le quatrième arbitre indiquait six minutes de temps additionnel, savourées avec une vigilance de tous les instants par les supporters et le banc.
Un exploit à portée continentale
Au coup de sifflet final, le score de 2-0 validait la qualification d’Otohô pour la phase de poules et matérialisait l’un des grands bonheurs sportifs de l’année pour le public de la République du Congo.
La prestation collective, longtemps mûrie sur les terrains d’entraînement, offre désormais au club et à ses supporters l’espérance d’autres soirées continentales, ainsi qu’une vitrine supplémentaire pour les talents locaux, déjà très suivis dans les travées du stade.
Pour les instances sportives nationales, cette réussite constitue un indice encourageant du potentiel de la ligue domestique, souvent critiquée pour son manque de compétitivité. Le résultat conforte l’idée qu’un projet bien structuré peut franchir les étapes internationales.
Le tirage au sort de la phase suivante dévoilera bientôt les prochains adversaires d’As Otohô. Quelles que soient les oppositions, les deux buts inscrits à Brazzaville resteront le symbole d’une soirée où la ferveur et la maîtrise technique ont marché main dans la main.
L’unique flambeau congolais
En tant qu’unique flambeau national engagé cette saison dans les compétitions interclubs africaines, Otohô portait sur ses épaules les espoirs d’un championnat souvent éclipsé par les géants régionaux. Chaque passe réussie résonnait comme un message d’ambition adressé à tout le pays.
Les journalistes présents ont noté la communion permanente entre le banc et les tribunes. Les encouragements soutenus se mêlaient aux battements des tambours, couvrant par moments les consignes criées depuis la zone technique et donnant au match un parfum de fête populaire.
Sur le rectangle vert, l’équilibre tactique reposait sur un bloc compact malgré l’infériorité numérique. La première relance, souvent assurée par le gardien, trouvait immédiatement Diallo ou Mapata sur les côtés, preuve d’une coordination travaillée à l’entraînement.
Même en supériorité, Ferroviário n’a jamais semblé maîtriser le tempo. Ses offensives, cantonnées aux couloirs, ont buté sur des retours défensifs agressifs et une lecture attentive des trajectoires, symbole d’une équipe congolaise rigoureuse dans les deux surfaces.
Au-delà du résultat, la soirée rappelle que la passion sportive demeure un vecteur d’unité nationale, capable de réunir quartiers, générations et couches sociales autour d’un même maillot bleu et jaune.
