Un cursus exécutif taillé pour la gouvernance
En officialisant la deuxième édition de son Programme exécutif en management du football, la Confédération africaine de football confirme sa volonté de substituer aux apprentissages empiriques un corpus méthodique de compétences. L’ambition est claire : doter les associations membres de dirigeants capables de naviguer dans un environnement où la pression économique, médiatique et sociale exige une maîtrise fine des outils de gouvernance, de stratégie commerciale et de leadership. À l’heure où la valeur globale du football africain dépend autant de la qualité des pelouses que de la solidité des conseils d’administration, la CAF mise sur la formation pour ancrer la crédibilité institutionnelle du continent.
Le partenariat stratégique avec l’Université du Cap
La collaboration renouvelée avec la Graduate School of Business de l’Université du Cap, régulièrement classée parmi les plus performantes d’Afrique, confère au programme la caution académique indispensable à sa légitimité. Les enseignants-chercheurs mobilisés apportent une expertise nourrie de travaux sur la gouvernance des organisations sportives et la gestion de projets complexes dans les économies émergentes. « Nous cherchons à conjuguer rigueur scientifique et adaptation culturelle », résume un responsable pédagogique sud-africain, convaincu que la spécificité socio-économique des championnats africains requiert un cadre théorique flexible.
Une pédagogie hybride pour cadres en mouvement
Dispensé en mode hybride, le cursus alterne séminaires intensifs en présentiel, classes virtuelles interactives et travaux de terrain supervisés. Cette architecture épouse les contraintes opérationnelles de cadres déjà investis dans leurs fédérations respectives. Analyse financière appliquée, marketing digital des clubs, mécénat, résolution de conflits et négociation contractuelle occupent le cœur des modules. À chaque étape, l’évaluation privilégie la capacité à transposer les acquis à la réalité quotidienne : réorganisation d’une ligue provinciale, mobilisation de sponsors locaux, ou élaboration d’un plan de sécurisation des stades.
Cap sur Le Caire, escale vers d’autres capitales
La première session, prévue au siège de la CAF au Caire, offre aux participants un bain immersif dans l’appareil décisionnel continental. Des visites de terrain, de la régie audiovisuelle aux cellules d’intégrité, illustrent la chaîne de valeur d’un match international. La suite se déroulera dans une ville hôte que l’institution dévoilera dans les prochains mois, promesse d’un ancrage progressif dans d’autres réalités culturelles. Cette itinérance, soulignent les organisateurs, vise à décloisonner les réseaux et à stimuler les synergies inter-fédérations.
Compétitivité continentale et autonomisation des Ligues
En toile de fond, la CAF affiche une feuille de route articulée autour de trois axes : autonomie financière, efficacité institutionnelle et compétitivité mondiale. La formation de décideurs rompus à la gestion de projets complexes doit réduire la dépendance de nombreuses associations aux subventions internationales. L’objectif est double : sécuriser des sources de revenus endogènes et garantir la transparence des flux financiers, condition sine qua non de la confiance des investisseurs et des gouvernements partenaires, dont celui de la République du Congo qui soutient régulièrement les initiatives régionales visant à professionnaliser la filière sportive.
Une cohorte panafricaine aux profils pluriels
La promotion 2024-2026 réunit une trentaine de cadres issus des cinq zones géographiques de la CAF. Directeurs des compétitions, responsables juridiques, conseillers marketing et spécialistes de la responsabilité sociétale forment un laboratoire de diversités professionnelles. Plusieurs participantes témoignent d’une volonté d’insuffler une perspective de genre dans un univers encore très masculin. Au-delà des cursus, l’enjeu est de constituer un réseau durable prêt à partager bonnes pratiques et innovations, de Libreville à Kigali, de Brazzaville à Casablanca.
Vers 2026, le diplôme comme levier d’impact
La cérémonie de remise des diplômes à Cape Town, début 2026, ne sera pas qu’un rite académique. Elle constituera le troisième temps fort d’un processus d’évaluation in situ : projets pilotes, audit d’impact et mentorat par des dirigeants ayant déjà opéré la transition vers une gouvernance modernisée. La CAF espère qu’à cette échéance, les participants auront contribué à structurer des ligues nationales plus résilientes et à hisser la compétitivité des clubs lors des joutes intercontinentales. Si les stades demeurent le théâtre de la passion, c’est désormais dans les salles de formation que se conçoit le futur du football africain.