Lancement officiel à Brazzaville
Réunis le 5 décembre 2025 dans la capitale congolaise, les autorités sanitaires et les représentants de l’Organisation mondiale de la santé ont présenté la nouvelle Stratégie de coopération pays 2025-2028. Aux côtés du ministre Jean-Rosaire Ibara, le Dr Vincent Dossou Sodjinou a salué « une étape décisive ».
Annoncée pour la période de janvier 2025 à décembre 2028, l’initiative trace une feuille de route commune destinée à renforcer l’accès aux soins, la prévention et la réponse aux urgences. Elle sera utilisée comme référence lors des dialogues politiques et des exercices de planification biennale.
Brazzaville, siège régional de l’OMS pour l’Afrique, symbolise la solidité du partenariat. En lançant officiellement le programme, le gouvernement démontre sa volonté de consolider les progrès obtenus depuis la lutte contre la COVID-19 et de bâtir un système de santé plus robuste et inclusif.
Un cadre triennal aligné sur les ODD
La nouvelle stratégie s’inscrit dans la continuité du Plan national de développement sanitaire 2023-2026 et du quatorzième programme général de travail de l’OMS. Elle épouse également le Plan national de développement 2022-2026, assurant ainsi la cohérence avec les priorités fixées par les autorités congolaises.
L’architecture est pensée pour accélérer l’atteinte des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Dans ce cadre, chaque action devra contribuer à réduire les inégalités, améliorer les indicateurs maternels et infantiles, et soutenir les politiques de santé dans toutes les sphères de la décision publique.
Les leçons tirées de la pandémie et des récentes crises – épidémie de choléra incluse – ont fortement inspiré le document. Les partenaires entendent pérenniser les succès enregistrés en surveillance épidémiologique, logistique et vaccination afin de prévenir les flambées et d’ancrer la couverture maladie universelle.
Quatre priorités pour un système résilient
Quatre axes structurent la démarche. Le premier vise l’équité, en rapprochant des soins de qualité du dernier kilomètre, notamment dans les zones rurales. Le second renforce la résilience des infrastructures et des personnels face aux urgences sanitaires, qu’elles soient infectieuses ou liées aux catastrophes naturelles.
Le troisième pilier consacre l’idée de la santé dans toutes les politiques. Concrètement, il s’agit de promouvoir des approches intersectorielles, où urbanisme, éducation ou transport intègrent des objectifs de bien-être. Enfin, un quatrième axe porte sur la gouvernance et la transparence dans l’allocation des ressources publiques.
Selon le Dr Sodjinou, ces priorités doivent servir de « boussole pour chaque intervention ». Elles seront traduites en plans opérationnels élaborés avec les directions centrales, les collectivités et la société civile. Un tableau de bord commun suivra les indicateurs afin de garantir la redevabilité et d’ajuster les actions.
Le ministère de la Santé rappelle que les partenariats existants, notamment avec le Fonds mondial et Gavi, seront mobilisés pour éviter les doublons et maximiser les synergies. L’idée est de faire de la SCP le socle unique autour duquel viendront se greffer les soutiens techniques et financiers.
Un budget de 45 millions de dollars ciblé
Le coût global de la stratégie est estimé à 45,1 millions de dollars sur trois ans. Près des deux tiers seront consacrés au renforcement des soins de santé primaires, tandis que le reste appuiera la préparation et la riposte aux urgences, ainsi que la gestion des données sanitaires.
Le budget devrait être couvert à hauteur de 55 % par les ressources programmatiques de l’OMS et 45 % par les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Les autorités congolaises envisagent de poursuivre l’effort d’augmentation progressive de la part domestique consacrée à la santé, conformément aux engagements d’Abuja.
Un mécanisme conjoint de suivi financier est prévu. Il permettra de publier régulièrement l’état des contributions, d’identifier les écarts de financement et de lancer, le cas échéant, des appels à fonds ciblés. Cette transparence vise à rassurer les bailleurs et à renforcer la confiance du public.
Dialogue politique et gouvernance sanitaire
Au-delà des chiffres, la SCP ambitionne de servir de plate-forme pour un dialogue permanent entre l’État, les agences onusiennes et les ONG locales. Chaque semestre, une revue conjointe évaluera les avancées, les obstacles et proposera des ajustements afin de maintenir le cap fixé jusqu’en 2028.
Pour Jean-Rosaire Ibara, « le partenariat avec l’OMS offre une boussole et une crédibilité supplémentaires aux réformes nationales ». Le ministre souligne qu’une meilleure exécution budgétaire, déjà en hausse, doit s’accompagner d’un suivi communautaire pour que les innovations, du dossier médical numérique au dépistage mobile, atteignent réellement le citoyen.
Du côté de l’OMS, le Dr Sodjinou estime que le Congo dispose désormais de la « boîte à outils » nécessaire pour accélérer la couverture maladie universelle. Il rappelle toutefois que le succès reposera sur la disponibilité en ressources humaines qualifiées et sur la capacité d’anticiper les menaces sanitaires émergentes.
En officialisant ce pacte, le Congo-Brazzaville confirme sa volonté d’arrimer son système de santé aux standards internationaux. Le défi est désormais de convertir les promesses en résultats tangibles, perceptibles des hôpitaux urbains jusqu’aux villages reculés, pour que chaque Congolais jouisse pleinement de son droit à la santé.
