Brazzaville se prépare à la Cecla 2025
Du 4 au 7 novembre, Brazzaville deviendra la capitale africaine du contenu local à l’occasion de la quatrième Conférence et Exposition sur le Contenu Local en Afrique, baptisée Cecla 2025.
Placée sous le thème « Bâtir ensemble l’avenir énergétique de notre continent », la rencontre ambitionne de refléter un esprit d’unité et de responsabilité partagée face aux grands défis de l’approvisionnement, de la transition et de la création de valeur autour des ressources.
Le choix de la capitale congolaise s’inscrit dans la continuité d’efforts constants menés par les autorités pour positionner le pays comme un hub énergétique régional, tout en démontrant la volonté de partager ses avancées en matière de contenu local.
Contenu local, levier de développement durable
Au cœur du concept de contenu local, figure l’idée de maximiser la participation des entreprises et des compétences africaines dans les chaînes de valeur du pétrole, du gaz et des nouvelles énergies, afin de retenir davantage de richesses sur le continent.
Les économistes rappellent que chaque point de pourcentage gagné en contenu local se traduit par des emplois, des transferts de savoir-faire et des recettes fiscales supplémentaires, autant de facteurs essentiels à la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Un programme dense et multisectoriel
Pendant quatre jours, des panels ministériels, ateliers techniques, expositions sectorielles et rencontres B2B rythmeront les couloirs du Centre international de conférences de Kintélé, offrant un espace unique de partage d’expériences entre grands groupes, start-up, institutions financières et chercheurs.
Les organisateurs annoncent également des sessions fermées consacrées aux rapprochements capitalistiques, un cadre privilégié où les PME africaines pourront présenter leurs innovations à des partenaires internationaux en quête de fournisseurs fiables et compétitifs.
L’ambition affichée est de dépasser la simple vitrine commerciale pour construire des politiques harmonisées d’achat local, condition fondamentale pour pérenniser les investissements dans les infrastructures et la recherche.
Le Congo-Brazzaville, pivot énergétique émergent
Ces dernières années, la République du Congo s’est dotée d’une législation claire encourageant l’utilisation de fournisseurs locaux dans les contrats pétroliers et parapétroliers, un cadre qui suscite l’intérêt croissant de ses voisins de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.
Selon le ministère congolais des Hydrocarbures, plus de 300 millions de dollars de dépenses ont déjà été redirigés vers des entreprises nationales depuis 2021, un chiffre que la Cecla 2025 ambitionne d’augmenter en facilitant de nouveaux accords.
Le positionnement géographique de Brazzaville, au cœur du golfe de Guinée, offre un accès aisé aux marchés nigérian, camerounais ou gabonais, consolidant ainsi son attractivité pour les investisseurs en quête d’un tremplin régional.
Les autorités voient dans cet événement un prolongement naturel de leur diplomatie économique.
Maixent Raoul Ominga à la tribune
Le directeur général de la Société nationale des pétroles du Congo, Maixent Raoul Ominga, ouvrira les débats sur la stratégie congolaise, exposant les résultats obtenus dans la formation d’ingénieurs, la sous-traitance locale et le contenu technologique embarqué dans les nouveaux projets offshore.
Pour l’ingénieur, la notion de contenu local ne se limite pas à la main-d’œuvre ; elle englobe la propriété intellectuelle, la recherche universitaire et le développement de solutions numériques africaines capables de s’imposer sur les grandes plateformes énergétiques.
Il soulignera par ailleurs l’importance de partenariats équilibrés entre compagnies nationales et majors internationales, rappelant que le partage des risques doit s’accompagner d’un partage équitable des bénéfices, condition sine qua non d’un climat d’affaires stable.
Transition énergétique et finance verte
La Cecla 2025 consacrera une matinée entière à l’hydrogène vert, aux biocarburants et au captage carbone, autant de technologies promues pour diversifier l’économie tout en réduisant l’empreinte environnementale du secteur, conformément à l’Accord de Paris.
Les institutions financières régionales présenteront de nouveaux véhicules d’investissement, combinant prêts concessionnels et garanties de risque politique, afin de rendre bancables les initiatives de transition portées par les start-up et les gouvernements.
Un accent particulier sera mis sur la standardisation des critères ESG, de façon à harmoniser les méthodes de reporting environnemental dans toute la sous-région, facilitant ainsi l’accès aux marchés de compensation carbone pour les entreprises certifiées.
L’enjeu, rappellent les spécialistes, est de mobiliser l’épargne africaine dormante et de la canaliser vers des projets à forte valeur sociale, plutôt que de dépendre exclusivement des marchés de capitaux étrangers.
Retombées attendues pour les PME locales
À l’issue de l’événement, un rapport consolidé recensera les engagements pris en faveur de la formation, de la féminisation des métiers et de l’alignement sur les meilleures normes QHSE, éléments jugés déterminants pour l’obtention de contrats auprès des opérateurs pétroliers.
Les petites structures espèrent convertir ces annonces en carnets de commandes concrets, tandis que les gouvernements pourront, à terme, mesurer l’impact macroéconomique de politiques de contenu local plus ambitieuses, fondées sur la transparence et l’évaluation permanente.
Brazzaville cherche ainsi à faire de la Cecla 2025 un catalyseur de projets tangibles plutôt qu’une simple vitrine diplomatique, traduisant l’aspiration commune de bâtir un avenir énergétique résolument africain et inclusif.