Un engagement national pour l’écologie
Les applaudissements ont résonné dans la grande salle de la direction générale de l’environnement, à Brazzaville, lorsqu’ont été remis, le 9 octobre, les attestations d’habilitation aux trente-et-un nouveaux agents assermentés chargés de veiller au respect de la réglementation écologique sur l’ensemble du territoire national.
Ces agents, qui ont franchi avec succès les évaluations théoriques et les mises en situation pratique, rejoignent désormais les rangs d’une administration de terrain appelée à répondre aux défis liés à la déforestation, à la pollution et au trafic illicite des ressources naturelles.
Leur prestation de serment, prononcée sous l’autorité du parquet, confère une valeur juridique à leurs constatations et ouvre la voie à des sanctions effectives contre les contrevenants, un pas jugé décisif par plusieurs experts présents lors de la cérémonie.
Des formations ciblées pour des missions complexes
La formation intensive de six semaines, conduite par des inspecteurs chevronnés, a mêlé cours magistraux sur le code de l’environnement, exercices d’identification d’espèces protégées et stages dans des sites industriels afin d’appréhender les procédures de contrôle d’émissions atmosphériques.
Selon leur porte-parole, Schiller Sen Mbedi Mouanda, les stagiaires ont acquis des outils permettant de réduire les pollutions de l’air, de l’eau et des sols, mais aussi d’accompagner les entreprises vers des pratiques responsables, en privilégiant l’approche pédagogique avant la sanction.
L’encadrement a insisté sur la collecte de preuves numériques, l’usage de drones pour cartographier les zones sensibles et la rédaction de procès-verbaux conformes aux exigences du parquet, autant d’atouts destinés à rendre les contrôles plus rapides et moins intrusifs pour les opérateurs économiques.
Un cadre légal renforcé contre les infractions
Présente à la remise des attestations, la ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault, a rappelé que ce dispositif s’insère dans la vision de développement durable impulsée par le président de la République, axée sur la préservation du capital naturel.
Madame Soudan-Nonault a exhorté les agents à faire preuve d’intégrité absolue, soulignant que toute dérive entacherait l’image d’une administration engagée dans la transparence et la performance, deux valeurs devenues centrales pour convaincre les investisseurs internationaux soucieux de critères environnementaux stricts.
Elle a également insisté sur la dimension pédagogique de la mission : sensibiliser les communautés riveraines, accompagner les collectivités locales dans l’élaboration de plans de gestion des déchets et promouvoir l’économie circulaire afin que la croissance verte se traduise en créations d’emplois durables.
Devant les nouveaux assermentés, un représentant du parquet a rappelé que la loi prévoit des peines pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement pour les délits environnementaux les plus graves, message entendu comme un avertissement aux opérateurs tentés de contourner les réglementations.
Un service public de proximité
Sur le terrain, les équipes seront déployées par zones écologiques : littoral, savane, forêt dense et milieu urbain. Dans chaque zone, un chef d’antenne coordonnera les patrouilles, recevra les plaintes des citoyens et transmettra les infractions constatées aux autorités judiciaires compétentes.
Un dispositif de numéro vert, en cours de finalisation, permettra aux riverains de signaler en temps réel brûlages sauvages, décharges clandestines ou coupes illégales, renforçant ainsi la participation citoyenne, pierre angulaire des politiques publiques de protection de l’environnement.
Les industriels saluent la clarté des nouvelles procédures. Un directeur d’usine portuaire affirme que la présence d’interlocuteurs assermentés facilite la planification d’investissements dans les filtres et stations d’épuration, car elle réduit l’incertitude réglementaire souvent pointée comme frein.
Perspectives pour un bassin du Congo préservé
L’attention se porte désormais sur la pérennisation du programme. Le ministère planche sur la création d’un fonds alimenté par une part des amendes, destiné à financer la formation continue des agents, l’entretien des équipements de surveillance et l’acquisition de véhicules à faible émission.
Des partenariats sont également envisagés avec les universités pour intégrer les étudiants en sciences de l’environnement aux missions de terrain, favorisant une relève qualifiée et la diffusion rapide des innovations issues de la recherche locale.
Les organisations de la société civile, représentées lors de la cérémonie, promettent un suivi indépendant des engagements pris. Elles voient dans l’assermentation une opportunité de documenter, sans équivoque, les progrès réalisés et d’appuyer le pays dans les négociations climatiques internationales.
Avec ces trente-et-un agents assermentés, le Congo-Brazzaville renforce son arsenal face aux pressions environnementales qui s’intensifient sur le Bassin du Congo. La réussite de cette première cohorte servira de baromètre à une stratégie nationale qui ambitionne d’allier développement économique et protection des écosystèmes.
Le réseau national d’aires protégées bénéficiera directement de ces compétences accrues, notamment dans le parc de Conkouati-Douli où la lutte contre le braconnage d’espèces emblématiques reste une priorité des autorités et de leurs partenaires.
Pour les communautés locales, l’arrivée d’agents référents ouvre la possibilité de formations aux éco-métiers, depuis la valorisation du bambou jusqu’à l’agroforesterie, autant de filières susceptibles de générer des revenus alternatifs et de limiter la pression sur les forêts.