Un parcours disputé jusqu’à la dernière journée
À Abidjan, la phase de groupes du Chan s’est achevée sur un revers (0-2) face au Nigeria qui a privé le Congo d’un quart de finale pourtant à portée. Deux points, aucun succès, mais une combativité qui a maintenu le suspense jusqu’au bout, saluée par plusieurs observateurs africains.
Les matches nuls initiaux contre le Soudan et le Sénégal avaient nourri un espoir raisonnable. Une victoire par deux buts d’écart suffisait encore lors de la troisième journée. Cette pression de la “finale avant l’heure” a révélé la marge qui sépare encore les Diables rouges des sélections les plus aguerries.
Le sélectionneur Jean-Elie Ngoya a reconnu la qualité d’adversaires structurés tout en soulignant la progression mentale de ses joueurs, capables de tenir un bloc compact pendant soixante minutes avant de céder sur un tir croisé d’Anas Yusuf puis un contre d’Alimi dans le temps additionnel.
Lectures tactiques et gestion des temps faibles
Sur le plan tactique, le dispositif congolais en 4-3-3 a cherché l’équilibre entre transitions rapides et pressing axial. Les statistiques de la Confédération africaine de football montrent 46 % de possession moyenne, signe d’une ambition de garder le ballon malgré l’enjeu.
La bascule s’est toutefois jouée dans les vingt derniers mètres. Avec seulement huit tirs cadrés en trois rencontres, l’animation offensive manque encore de variété. « L’équipe produit des séquences propres mais peine à conclure », résume l’analyste ivoirien Alain Kouadio, évoquant un déficit de spontanéité devant le but.
Le repli défensif a dans l’ensemble contenu les débordements adverses, notamment ceux du Sénégal. Cependant, deux coups de pied arrêtés mal négociés ont coûté quatre points. Dans un tournoi court, cet apprentissage de la gestion des temps faibles confirme la nécessité de régler les détails avant les qualifications continentales à venir.
Préparation physique : un défi de rythme compétitif
Plusieurs techniciens soulignent le manque de matchs de haut niveau disputés avant la compétition. La Ligue 1 congolaise a observé une longue trêve calendérique, contraignant le staff national à organiser seulement trois rencontres amicales, insuffisant pour atteindre la charge athlétique optimale.
Conséquence directe, le pressing congolais a perdu en intensité après l’heure de jeu durant chaque match. « Nous avons souffert d’un déficit d’explosivité et de répétition d’efforts », a estimé le préparateur physique Guy Mavoungou, rappelant qu’un microcycle de six semaines est le standard avant une compétition majeure.
Malgré la fatigue, certains joueurs se sont distingués. Le capitaine Chancel Mapata a totalisé 32 récupérations de balle, tandis que le gardien Boris Ngami a réalisé onze arrêts décisifs. Ces indicateurs nourrissent la conviction qu’un travail de fond organisé sur douze mois pourrait faire franchir un cap collectif.
Structures locales : état des lieux et pistes de progrès
La Fédération congolaise de football travaille depuis 2022 à la professionnalisation de ses pôles espoirs à Brazzaville, Pointe-Noire et Owando. Les académies partenaires fournissent déjà 60 % du groupe actuel, signe que la doctrine de formation interne porte ses premiers fruits.
L’enjeu financier demeure majeur. Les primes, alignées tardivement, ont suscité un bruit médiatique que la fédération veut désormais éviter. Un protocole, paraphé avant la prochaine échéance, garantira une grille claire afin que les sportifs se concentrent sur le terrain, gage d’une sérénité collective.
Sur le plan logistique, le ministère des Sports prévoit la rénovation des pelouses d’entraînement du stade Alphonse-Massamba-Débat et du complexe de Kintélé. Ces infrastructures aideront à réduire le risque de blessures tout en favorisant un style de jeu basé sur la circulation rapide du ballon, ambition affichée par le staff.
Construire l’avenir : objectifs et calendrier 2025
Les regards se tournent déjà vers les éliminatoires de la CAN 2025. L’encadrement compte conserver l’ossature du Chan tout en intégrant cinq éléments évoluant à l’étranger pour renforcer l’expérience. « Nous voulons une continuité cohérente », a précisé le directeur technique national, Barthélemy Ndinga.
Un programme de matchs amicaux avec le Bénin, la Zambie et la Guinée-Bissau est en négociation. L’idée est de multiplier les oppositions au profil divers pour éprouver la résilience tactique. Ce calendrier, financé conjointement par la fédération et des partenaires privés, doit offrir un bassin compétitif stable.
Au-delà des résultats, les acteurs du football congolais insistent sur la culture de la performance. Chaque détail, de la nutrition à la data-analyse, sera scruté. La déception du Chan 2024 devient ainsi un point d’appui vers une maturité qu’attend un public passionné et confiant dans les capacités de ses Diables rouges.