Un bilan récent contrasté mais porteur d’enseignement
La fin de l’année 2024 a offert aux supporteurs congolais un échantillon instructif de ce que la sélection A’, communément désignée comme Congo B, est en mesure de proposer. La victoire 2-1 obtenue face à la Guinée équatoriale dans l’ultime manche qualificative a validé le ticket pour le Championnat d’Afrique des nations 2025 et a surtout mis fin à une série de quatre rencontres sans succès en compétition officielle. Si le nul blanc concédé quelques jours plus tôt à Malabo avait semé un léger doute, le groupe a montré une capacité de réaction symbolique d’un caractère qui ne demande qu’à s’affirmer.
Sur les six derniers matches, l’équilibre de résultats reste modeste : deux victoires, deux nuls et deux défaites. Pourtant, au-delà du registre statistique, les observateurs ont relevé une progression dans la maîtrise collective. Le bloc médian a gagné en compacité, la transition offensive s’effectue avec davantage de verticalité et les phases arrêtées se sont révélées plus incisives – à l’image du but de la victoire inscrit sur corner face à la Guinée équatoriale. Autant de signes encourageants que le sélectionneur entend capitaliser, conscient toutefois que la marge d’erreur se réduira drastiquement dans un groupe D où Nigeria, Sénégal et Soudan aspirent aux mêmes ambitions.
La dynamique interne d’un groupe en transition
Depuis deux saisons, la Fédération congolaise de football maintient le cap d’un rajeunissement raisonné de la sélection locale. Onze des vingt-trois joueurs convoqués pour le stage de décembre n’avaient pas encore atteint vingt-quatre ans, un indicateur clair de la volonté de préparer l’avenir tout en restant compétitif à court terme. Plusieurs cadres du championnat national, tels que l’élégant milieu relayeur Prince Obour ou l’attaquant d’appui Gédéon Banfouta, endossent désormais un rôle de tuteur auprès d’éléments issus des académies de Pointe-Noire et de Brazzaville.
La cohabitation intergénérationnelle n’est pas exempte de frictions, reconnaît l’encadrement. « Il faut laisser à chacun le temps de trouver ses repères sans brusquer la hiérarchie technique », glisse un membre du staff. En coulisses, des ateliers de cohésion et des séminaires sur la gestion de la pression médiatique sont organisés en partenariat avec le ministère des Sports, reflet d’une approche holistique où la performance sportive se nourrit également d’un encadrement psychosocial.
Le coaching congolais face aux défis tactiques du CHAN
Le sélectionneur espère tirer parti d’un calendrier qui offre au Congo l’avantage de débuter la phase de groupes à domicile contre le Soudan. L’objectif affiché consiste à engranger trois points initiaux afin d’aborder les confrontations plus rugueuses contre le Sénégal et le Nigeria dans une posture moins contraignante. Sur le plan tactique, le staff travaille un 3-4-2-1 modulable, permettant de densifier l’axe défensif tout en exploitant les couloirs dès la récupération.
Cette configuration répond à un double impératif : compenser une relative fragilité dans les duels aériens en renforçant la deuxième ligne de marquage, et libérer les latéraux offensifs, atouts majeurs du système. Reste la question de l’efficacité devant le but. Avec seulement quatre réalisations sur les six dernières sorties, le ratio offensif demeure perfectible. La titularisation probable du jeune avant-centre Cédric Milandou, auteur de huit buts en championnat, témoigne de la volonté de dynamiser la zone de vérité.
Un contexte continental en mutation rapide
La prochaine édition du CHAN s’inscrit dans une conjoncture où le football africain local, moteur essentiel de la diplomatie sportive, se professionnalise à pas accélérés. Les clubs nigérians et sénégalais, appuyés par des partenariats économiques extérieurs, ont amélioré leurs infrastructures d’entraînement, renforçant par ricochet la compétitivité de leurs sélections A’. Le Congo, conscient de ce saut qualitatif, mise sur une politique graduelle de modernisation des stades et des centres techniques, politique saluée par la Confédération africaine comme « un exemple de planification pragmatique ».
À cela s’ajoute un calendrier international densifié qui offre aux joueurs locaux une exposition accrue. Les matches amicaux disputés en début d’année 2023 contre Madagascar et le Sénégal ont permis d’évaluer le niveau d’intensité requis pour rivaliser durablement. Si la défaite 1-0 contre les Lions locaux a souligné certaines limites physiques, elle a aussi révélé la solidité mentale d’un groupe capable de contenir une attaque réputée prolifique.
Quels indicateurs de performance pour 2025
Le staff technique a identifié trois axes de performance mesurables : le pourcentage de possessions menant à un tir cadré, la proportion de duels défensifs remportés dans les trente derniers mètres et la capacité à marquer avant la pause, statistique jugée déterminante dans les dernières éditions du CHAN. À travers ces indicateurs, l’objectif implicite vise au moins une qualification pour les quarts de finale, palier que les Diables rouges locaux n’ont plus atteint depuis 2014.
Derrière la dimension sportive se profile la question des retombées économiques. Une bonne campagne continentale agit comme catalyseur de valeur pour le championnat national, attirant sponsors et diffuseurs. Le président de la Ligue nationale s’en est d’ailleurs ouvert lors d’un récent forum à Brazzaville, soulignant que « la visibilité internationale de nos talents est un levier de croissance pour l’ensemble de l’écosystème sportif congolais ».
Entre diplomatie sportive et fierté nationale
Dans un pays où l’unité nationale reste un horizon constamment nourri par la culture et le sport, la trajectoire de l’équipe A’ prend une dimension qui dépasse le rectangle vert. Les rassemblements populaires lors des qualifications l’ont montré : de Pointe-Noire à Ouesso, l’enthousiasme autour des Diables rouges locaux constitue un vecteur de cohésion sociale que les autorités entendent accompagner sans ingérence. La diplomatie sportive congolaise, jalonnée de participations régulières aux compétitions africaines, entend ainsi promouvoir une image de stabilité constructive.
Les prochaines semaines diront si les enseignements tirés des récents résultats se traduiront par un parcours convaincant au CHAN 2025. Quelle que soit l’issue, la sélection locale aura déjà prouvé qu’elle peut servir de laboratoire à la modernisation d’un football congolais désireux de conjuguer performance, professionnalisme et rayonnement régional.