Un ruban coupé, symbole d’une coopération multisectorielle
Sous les lambris encore odorants de peinture fraîche du Centre antituberculeux de Brazzaville, la représentante du Programme des Nations unies pour le développement, Mme Adama Dian-Barry, a remis au ministre de la Santé et de la Population, le professeur Jean-Rosaire Ibara, les clés d’un laboratoire de microbiologie dont les équipements de pointe rappellent que la diplomatie sanitaire peut produire des résultats tangibles. Financé à hauteur de 2,8 millions de dollars par le Fonds mondial, cet outil de dernière génération incarne la stratégie de renforcement des capacités nationales voulue par le gouvernement pour répondre avec précision à la co-infection V.I.H/tuberculose.
Indicateurs en progression et crédibilité institutionnelle
Les chiffres présentés lors de la Journée nationale de plaidoyer attestent d’un infléchissement prometteur de la courbe épidémiologique. Sur l’exercice 2023, 14 370 cas de tuberculose ont été diagnostiqués avec un taux de succès thérapeutique de 82 %, performance saluée par les épidémiologistes de l’Organisation mondiale de la santé. Parallèlement, le nombre de personnes vivant avec le V.I.H bénéficiant d’une thérapie antirétrovirale est passé de 26 030 en 2019 à 44 112 en 2024. Cette progression, rendue possible par l’élargissement des sites de dépistage et la gratuité des molécules de dernière génération, a contribué à réduire la mortalité annuelle liée au virus de 8 600 à 6 300 décès, consolidant ainsi la crédibilité des politiques publiques congolaises dans les forums internationaux.
Le cofinancement, clef de voûte d’une riposte durable
Si la cérémonie a mis en lumière les avancées opérationnelles, le gestionnaire du portefeuille Congo au Fonds mondial, M. Lionel Caruana, a rappelé avec un sens assumé du réalisme budgétaire que ces succès reposent sur un mécanisme vertueux de cofinancement. Sur la période 2024-2026, les engagements cumulés de l’État, du Pnud et du Fonds mondial atteignent 90 millions d’euros, dont 14 millions reviennent à la seule contrepartie nationale. L’appel adressé aux autorités financières du pays se veut à la fois amical et ferme : sans ce concours, 20 000 patients séropositifs pourraient se trouver sans traitement à l’horizon 2026, tandis que l’interruption de la chaîne d’approvisionnement en antituberculeux menacerait 4 000 malades. Ce rappel illustre la place cardinale qu’occupent aujourd’hui les instruments de solidarité budgétaire dans la soutenabilité des stratégies sanitaires.
Une diplomatie sanitaire qui conforte l’image internationale du Congo
Au-delà des impératifs financiers, la tenue de cet événement à Brazzaville réaffirme la volonté des autorités congolaises de maintenir un dialogue constant avec leurs partenaires techniques et multilatéraux. L’arrivée de nouveaux véhicules pour la gestion des déchets biomédicaux, la réhabilitation prochaine du siège national du Programme de lutte contre le sida et la modernisation de vingt antennes départementales témoignent d’une approche intégrée qui associe infrastructures, gouvernance et formation des ressources humaines. Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, plusieurs diplomates soulignent que la réputation constructive du Congo au sein des instances onusiennes s’en trouve confortée, élément non négligeable dans le contexte régional où la stabilité sanitaire demeure étroitement liée à la stabilité politique.
Perspectives stratégiques et responsabilité collective
Le ministre Jean-Rosaire Ibara, fort du mandat que lui a confié le chef de l’État, a pris l’engagement de soumettre dans les plus brefs délais au département des Finances le dossier visant à décaisser la contrepartie nationale. Dans les cénacles gouvernementaux, l’argument de la rentabilité sociale prévaut : chaque euro investi dans la lutte contre le V.I.H et la tuberculose permet, selon les économistes de la santé, d’économiser plusieurs euros en dépenses hospitalières futures et en perte de productivité. À l’heure où le continent s’emploie à accélérer l’industrialisation pharmaceutique, le laboratoire flambant neuf de Brazzaville pourrait par ailleurs devenir un pôle régional de formation et de recherche appliquée.
Une équation budgétaire à court terme, un pari de développement à long terme
En conclusion institutionnelle, l’appel au versement des 14 millions d’euros ne se réduit pas à une injonction comptable ; il constitue le maillon indispensable d’une chaîne de confiance qui associe bailleurs, autorités et populations. Le Congo, qui a déjà démontré sa capacité de résilience sanitaire lors des campagnes de vaccination contre la poliomyélite et la covid-19, dispose de l’expérience et du capital humain nécessaires pour relever ce défi. La trajectoire qui s’ouvre pourrait consolider, dans un horizon de moyen terme, les fondations d’un système de santé résilient, adossé à une gouvernance financière maîtrisée et à une diplomatie de la santé proactive.