Auteur/autrice : Rédaction Congo-B
Le bassin du Congo, laboratoire exposé de la diplomatie climatique Deuxième massif forestier tropical de la planète, le bassin du Congo stocke plus de trente milliards de tonnes de carbone et fournit un climat tempéré à l’Afrique centrale. Pourtant, l’équilibre apparemment immuable des grandes essences – sapelli, sipo, okoumé – dépend d’un dispositif législatif que nombre de diplomates considèrent déjà comme « hors d’âge ». Depuis la COP26 de Glasgow, les partenaires techniques et financiers ne cessent de lier leur aide à la révision d’un Code forestier adopté en 2020 mais encore privé de ses textes d’application. De Washington à…
Un budget de rigueur pour un territoire en reconstruction Adopté le 23 juin à Kinkala, le budget 2025 du Conseil départemental du Pool s’élève à 979 267 949 FCFA, un montant inférieur aux attentes initiales mais présenté par le président Michel Bouboutou Mampouya comme « l’instrument pragmatique d’une transition budgétaire responsable ». Derrière la formule, une réalité bien plus complexe : marquée par plusieurs cycles de violence depuis vingt ans, la région se trouve encore en phase de consolidation économique et sociale, les recettes fiscales locales restant modestes malgré la reprise des activités commerciales le long du corridor Brazzaville-Matadi. L’exécutif…
Brazzaville entre arts et influence régionale Dans l’imaginaire de nombreuses chancelleries africaines, Brazzaville reste la sœur discrète de Kinshasa. Pourtant, le week-end du 27 au 28 juin prochain met en lumière une vitalité culturelle qui dépasse le simple divertissement. En agrégeant musique chorale, théâtre engagé, cinéma de première diffusion et rendez-vous participatifs, la capitale congolaise fait dialoguer identité nationale et ambition d’influence régionale. Les décideurs y voient un levier de cohésion interne, quand les diplomates décèlent une stratégie de rayonnement plus affirmée depuis que la République du Congo s’efforce de diversifier ses atouts au-delà de l’or noir. Le rôle névralgique…
Dialogues pluriels autour d’une forêt sous tension Le forum multi-acteurs qui s’est tenu les 23 et 24 juin à Brazzaville n’a pas seulement rassemblé une trentaine de participants, il a fait converger des univers rarement assis à la même table : organisations de la société civile, représentants ministériels, cadres d’entreprises forestières, exploitants miniers artisanaux, alliés diplomatiques et délégués des peuples autochtones. L’Observatoire congolais des droits de l’Homme et la Rencontre pour la paix et les droits de l’Homme, cheville ouvrière de l’événement, ont volontairement opté pour un format inclusif, jugeant que la durabilité exige « des voix dissonantes mais complémentaires…
Mossendjo, laboratoire d’un soft power en gestation À première vue, la perspective de neuf jours de danses traditionnelles paraît relever du simple divertissement. Elle s’inscrit pourtant dans une stratégie plus ambitieuse où la ville forestière de Mossendjo, épicentre commercial du Niari méridional, endosse un rôle de vitrine du soft power congolais. Les autorités culturelles, relayées par la direction du festival, soulignent que l’initiative répond à l’Appel de Brazzaville pour la valorisation du patrimoine immatériel formulé lors du Forum panafricain de 2023 (Ministère de la Culture du Congo, communiqué du 12 mai 2024). Dans un pays soucieux d’équilibrer les investissements pétroliers…
Coopération gouvernement-PAM en urgence humanitaire Le 24 juin, dans la moiteur d’une capitale encore meurtrie par les eaux, la ministre des Affaires sociales, Irène Marie-Cécile Mboukou-Kimbatsa, a reçu le représentant du Programme alimentaire mondial, Gon Meyers. Au-delà de la traditionnelle photo protocoliaire, l’entretien visait à élaborer un dispositif conjoint capable de soulager les 14 000 personnes touchées par les inondations qui ont submergé les arrondissements de Talangaï et de Mfilou. Selon les données consolidées par le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, 3 400 ménages ont vu leurs habitations englouties ou fragilisées, tandis que les réseaux électriques…
Indépendance 1960 : une rupture fondatrice au parfum d’inachevé Le 15 août 1960, la République du Congo tournait la page de l’Afrique équatoriale française. Cette accession à la souveraineté, célébrée comme une émancipation politique, a pourtant laissé en place un appareil administratif largement calqué sur le modèle parisien et une élite formée à l’École nationale de la France d’Outre-mer. L’étroitesse du marché intérieur, la dépendance à l’égard du port de Pointe-Noire et les frontières tracées sans égard pour les réalités ethno-linguistiques continuent d’influencer la gouvernance contemporaine (Banque mondiale 2023). Le paradigme néo-français : coopération, rente et réseaux informels Au lendemain…
Une trajectoire emblématique de la génération post-indépendance La disparition de Martin M’Beri, survenue le 5 juin 2025 à Brazzaville, clôt un demi-siècle d’engagement public entamé dès les premières années de l’indépendance du Congo. Né en 1943 à Mindouli, formé au lycée Savorgnan de Brazza puis à l’École nationale d’administration de Paris, il rejoint très tôt les rouages de l’État. Devenu secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 1973, il est nommé tour à tour ministre de la Coopération, puis ministre d’État chargé des Relations avec le Parlement sous la présidence de Denis Sassou-Nguesso. S’il fut un technocrate respecté, son…
Des frontières tracées à Berlin : genèse d’un doublon géographique Lorsque les délégués européens se réunissent à Berlin en 1884, le fleuve Congo devient une ligne de partage plutôt qu’un élément d’unité. La France d’un côté, sous l’impulsion de Pierre Savorgnan de Brazza, et la Belgique de l’autre, sous l’ambition personnelle du roi Léopold II, circonscrivent chacun leur zone d’influence. Cette cartographie de cabinet, maintes fois commentée par l’historiographie francophone (Coquery-Vidrovitch) comme anglophone (Hochschild), ne s’embarrasse guère des réalités ethniques ou linguistiques. Elle installe pourtant durablement deux systèmes administratifs distincts qui, après soixante-quinze ans, donneront naissance à deux entités souveraines.…
Un corridor stratégique entre Atlantique et bassin du Congo S’étendant sur près de 342 000 km² de l’Atlantique jusqu’aux confins de la Centrafrique, la République du Congo occupe une position charnière au cœur de l’Afrique équatoriale. Son littoral de 160 km, bien que modeste, ouvre l’accès au golfe de Guinée, couloir d’exportation de la production pétrolière nationale, tandis que l’immense réseau hydrographique articulé autour du fleuve Congo assure des jonctions naturelles avec l’intérieur du continent. Cette géographie explique que, dès l’époque coloniale, Brazzaville ait joué le rôle de pivot logistique entre les ports océaniques et l’arrière-pays, fonction qu’elle conserve à…