Une mobilisation inédite avant Belém
Sous le soleil d’octobre, la Coalition des associations des jeunes congolais a réuni une quarantaine de participants à Brazzaville pour un atelier jugé décisif. Objectif : transformer l’enthousiasme né de la Conférence locale des jeunes sur le climat en compétences tangibles avant la COP30 prévue en novembre à Belém.
Le mouvement, piloté par le MJEC, l’association Mwasi Green et un cabinet spécialisé, répond à l’engagement pris un mois plus tôt : former une relève capable de défendre les intérêts climatiques du Congo-Brazzaville sur les scènes internationales. Plus de 125 signataires avaient appuyé cette promesse.
Au cœur de l’atelier : comprendre la mécanique des COP
Pendant une journée dense, les intervenants ont décortiqué le fonctionnement d’une Conférence des Parties. Comment se construisent les positions régionales ? Quels sont les points de vigilance dans les articles de l’Accord de Paris ? Les questions fusent, reflétant une soif d’apprendre rarement observée.
« Aller au Brésil sans préparation, ce serait du tourisme », glisse Espanich Motondo, président du MJEC et cheville ouvrière de la session. L’animateur rappelle que les jeunes accrédités n’auront que quelques minutes pour plaider leur cause dans les couloirs de Belém, d’où l’exigence d’arguments précis.
Des métiers du climat qui ouvrent des horizons
Au-delà de la diplomatie, l’atelier a mis en lumière l’émergence d’un véritable marché de l’emploi vert. Gestionnaire de projets bas-carbone, négociateur professionnel, expert en marché carbone ou certificateur d’écosystèmes : autant de profils recherchés par les organisations internationales et le secteur privé.
Espoir Stine Lamy Somboko, présidente de Mwasi Green, souligne que ces carrières ne sont pas réservées aux capitales occidentales. « Nous voulons créer ici même les compétences qui accompagneront la transition écologique du Congo », affirme-t-elle, convaincue que la jeunesse locale deviendra une ressource stratégique.
La finance climatique, levier de développement
Le second module de l’atelier a exploré les mécanismes de financement disponibles pour les pays à revenu intermédiaire. Du Fonds vert pour le climat au Partenariat pour les forêts du bassin du Congo, les participants apprennent à monter des dossiers crédibles, chiffrés et conformes aux critères des bailleurs.
Les discussions rappellent que plus de 100 milliards de dollars d’engagements annuels circulent autour des COP, mais que la concurrence est rude. « Sans expertise technique, nous passons à côté de ressources inestimables pour nos communautés rurales », prévient un consultant, citant l’exemple de projets agro-forestiers financés ailleurs en Afrique centrale.
Quels enjeux pour le Congo-Brazzaville à la COP30 ?
Pays forestier par excellence, le Congo-Brazzaville dispose d’un argument clé : ses 22 millions d’hectares de couvert boisé stockent des volumes importants de carbone. À Belém, la délégation devra convaincre que la préservation de ces réserves mérite un soutien financier robuste.
Les jeunes négociateurs entendent également défendre des solutions d’adaptation : lutte contre l’érosion côtière à Pointe-Noire, irrigation résiliente dans les plateaux Batéké, électrification rurale bas-carbone. Chacun de ces dossiers nécessite une articulation fine avec les priorités nationales de développement.
Pour Motondo, l’enjeu est double : sécuriser des fonds mais aussi affirmer la crédibilité technique du pays. « Notre diplomatie environnementale se renforce quand la jeunesse démontre sa maîtrise des chiffres et des normes », assure-t-il, saluant le soutien discret des autorités qui facilitent les accréditations.
Un appel aux partenariats pour pérenniser la formation
Financées pour l’instant sur fonds propres, les deux premières éditions de la formation constituent un pari. Les organisateurs espèrent rallier des partenaires publics et privés pour élargir l’initiative aux trente départements du pays et former un vivier permanent d’experts.
La jeunesse présente plaide pour un mécanisme national de bourses vertes afin d’accompagner les meilleurs profils vers les mastères spécialisés en climat. À défaut, avertissent-ils, le Congo risque de dépendre d’expertises extérieures et de perdre des parts dans la nouvelle économie bas-carbone.
Au terme de l’atelier, les participants repartent avec un kit méthodologique : fiches de suivi des négociations, lexique technique et modèle de note conceptuelle. Rendez-vous est pris pour un exercice grandeur nature dès la prochaine session, avant l’envol pour le Brésil.