La continuité politique du RHDP
La désignation du président Alassane Ouattara pour briguer un quatrième mandat, officialisée le 22 juin 2025, a été réceptionnée dans un climat où la stabilité politique est souvent mise en avant par ses partisans. Derrière cette reconduction, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) semble vouloir s’assurer d’une continuité qui, selon ses dirigeants, est synonyme de développement et de paix durable. M. Ouattara, figure charismatique du parti, incarne cette vision en tant que « père de la stabilité », alliant son expérience à un pragmatisme politique qui a marqué son passage à la présidence depuis 2010.
Les défis de l’alternance démocratique
Cependant, cette quête de continuité soulève des interrogations sur l’évolution démocratique du pays. L’opposition et plusieurs observateurs internationaux expriment des préoccupations quant à la concentration excessive du pouvoir. Malgré les fortes avancées économiques enregistrées sous sa présidence, Ouattara fait face à des critiques concernant un certain immobilisme politique laissant peu de place au renouvellement des élites. Avec un paysage politique qui pourrait s’enliser dans une forme de personnalisation du pouvoir, les appels pour une réforme du cadre électoral et un respect plus strict des principes démocratiques se font de plus en plus pressants.
Une stratégie de pouvoir contestée
Dans le contexte actuel, où les défis internes tels que les tensions interethniques et les questions de gouvernance représentent des dossiers brûlants, l’approche de Ouattara est perçue différemment au sein de la population. D’un côté, ses partisans mettent en avant une stabilité retrouvée et une économie en voie de modernisation, comme en témoignent les récents rapports de la Banque mondiale. De l’autre, les critiques remettent en question la légitimité démocratique de ce quatrième mandat, notamment au regard de promesses antérieures d’alternance politique qui semblent désormais compromises.
Ainsi, la politique ivoirienne se trouve à un carrefour où la perception du leadership de Ouattara oscille entre consolidation des acquis et immobilisme. La question demeure : jusqu’à quel point cette stratégie politique servira-t-elle le peuple ivoirien sans sacrifier les aspirations démocratiques élémentaires ? En s’engageant pour un nouveau mandat, Ouattara devra relever le défi de concilier stabilité et innovation politique, une tâche qui pourrait bien redessiner le paysage géopolitique du pays.
La réponse apportée par le président ivoirien aux multiples défis auxquels il est confronté déterminera en grande partie l’empreinte qu’il laissera dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Mais une chose est sûre : le regard prudent du monde entier se porte désormais sur Abidjan.