Embellie confirmée au T3 2025
Les indicateurs compilés par le Comité national économique et financier, réuni à Brazzaville le 8 décembre, confirment une embellie de l’activité au troisième trimestre 2025 en république du Congo, portée par le pétrole et des secteurs émergents.
La session, présidée par le ministre des Finances Christian Yoka, a dressé un tableau où la croissance réelle devrait culminer à 2,8 % en 2025, soit presque le double du rythme constaté l’an dernier selon les projections officielles.
Cette performance, saluée par les représentants de la Banque des États de l’Afrique centrale présents, montre que les réformes engagées pour stabiliser la trajectoire budgétaire et restaurer la confiance commencent à irriguer le tissu productif national.
Pétrole et diversification hors pétrole
Le rebond trouve d’abord sa source dans la poursuite des investissements sur les champs pétroliers matures et l’arrivage de nouvelles capacités offshore, qui ont soutenu la production malgré un contexte mondial encore chahuté par les tensions géopolitiques.
Mais l’autre moitié de la croissance provient du secteur hors pétrole, en particulier des travaux publics, des télécoms et de l’agro-industrie, lesquels ont bénéficié de l’amélioration de l’accès au crédit et d’un climat d’affaires revu à la hausse.
C’est cette diversification progressive que les décideurs souhaitent consolider afin de réduire la dépendance historique aux hydrocarbures, tout en valorisant les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine entrée en phase opérationnelle.
Inflation maîtrisée, vigilance énergétique
Les prix à la consommation demeurent contenus, avec une inflation pointant à 3 %, soit dans la norme fixée par la CEMAC, même si quelques hausses isolées ont touché les denrées importées et certaines zones peu alimentées en électricité.
Le Comité a néanmoins relevé la nécessité de sécuriser l’approvisionnement énergétique pour éviter que des perturbations techniques ne se répercutent sur les chaînes d’approvisionnement, fragilisant ainsi l’équilibre encore précaire entre offre et demande sur les marchés urbains.
Selon un expert de la BEAC présent à la réunion, « la stabilité des prix est aujourd’hui la meilleure alliée des ménages et de l’investissement productif », rappelant que la politique monétaire commune reste vigilante en cas de nouveau choc externe.
Banques, crédits et liquidité publique
Le rapport révèle une progression de 27,9 % de l’encours brut des crédits bancaires qui atteint 1 816,4 milliards de francs CFA fin août, preuve d’un système financier actif dans le soutien aux entreprises et aux administrations.
Cette montée en puissance s’accompagne cependant d’une augmentation de 15,7 % des créances en souffrance, un rappel que la qualité du portefeuille doit rester au centre des préoccupations afin d’éviter l’accumulation de risques systémiques.
Dans les attentes exprimées sur le marché monétaire sous-régional, les besoins du Congo ont progressé de 4,7 % et l’encours global de ses titres publics de 12,1 %, témoignant d’une meilleure capacité de mobilisation à des taux redevenus attractifs.
Congo dans la dynamique CEMAC
À l’échelle de la CEMAC, l’indice composite des activités économiques affiche toujours une progression, ramenée à 6,7 % en glissement annuel contre 8 % le trimestre précédent, signe d’un ralentissement contrôlé plutôt que d’un essoufflement généralisé.
L’inflation régionale est passée de 4,3 % à 2,8 % sur un an, traduisant la normalisation des cours internationaux du fret et l’effet des campagnes agricoles internes, dont le Congo-Brazzaville tire aussi avantage pour contenir sa facture importée.
Les responsables congolais estiment que l’harmonisation des politiques fiscales et la mise en œuvre de la nouvelle réglementation des changes devraient soutenir davantage l’intégration, élément clé pour attirer des capitaux et promouvoir des chaînes de valeur régionales.
Contexte international et résilience
Sur le plan mondial, les prévisions d’octobre du FMI, révisant la croissance planétaire à 3,2 % pour 2025, confortent la stratégie congolaise qui table sur une demande énergétique durable malgré le protectionnisme commercial toujours à l’œuvre aux États-Unis.
Le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, a souligné que « la résilience du Congo illustre l’efficacité des réformes concertées au sein de la CEMAC », tout en appelant à renforcer les amortisseurs face aux chocs climatiques et logistiques.
Les tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient, continuent de peser sur les cours hydrocarbures et les routes maritimes, un paramètre que Brazzaville suit de près pour ajuster, si nécessaire, son programme budgétaire actualisé.
Cap 2026 : consolider les acquis
À court terme, le CNEF anticipe un maintien de la trajectoire haussière, avec une croissance attendue autour de 3 % en 2026, portée par la montée en régime des programmes de transition énergétique et l’achèvement de plusieurs infrastructures routières.
Des mesures ciblées devraient aussi renforcer l’inclusion financière des petites et moyennes entreprises, perçues comme le principal moteur de création d’emplois pour la jeunesse urbaine, un enjeu crucial pour la cohésion sociale et la compétitivité nationale.
En somme, les voyants économiques passent progressivement au vert pour le Congo-Brazzaville, à condition de poursuivre la discipline budgétaire, d’améliorer la gouvernance et de soutenir la diversification, autant de leviers qui consolideront la reprise amorcée.
