Brazzaville accueille la revue annuelle des FAC
Dans la salle du poste de commandement de la Zone militaire de défense n° 9, à Brazzaville, s’est ouverte, les 17 et 18 décembre, la conférence d’évaluation annuelle des Forces armées congolaises, consacrée à l’examen de l’exercice opérationnel 2025.
Autour du général de division Guy-Blanchard Okoi, chef d’état-major général, se sont retrouvés commandants organiques, responsables de zones de défense et invités, installant un échange stratégique inédit par sa franchise et sa volonté de tirer profit de chaque leçon terrain.
En ouverture, le général Okoi a exhorté les participants à tracer une feuille de route les engageant « plus solidairement et plus efficacement » afin de mieux s’arrimer au programme de défense du territoire et au chantier permanent de consolidation de la paix.
Objectif : évaluer le plan de travail 2025
Le général de brigade François Ossélé, directeur des opérations de l’état-major et patron du Groupe pluridisciplinaire de planification opérationnelle, a rappelé l’objectif central : dresser « une évaluation très objective » du plan de travail annuel adopté au début de l’exercice.
Sur la base de ce diagnostic, a-t-il précisé, seront formulées des mesures correctives adaptées, destinées à nourrir les propositions d’objectifs prioritaires qui seront soumises au ministre de la Défense puis détaillées lors du traditionnel Réveillon d’armes du 31 décembre.
L’approche itérative revendiquée par l’état-major répond à un principe simple : l’efficacité opérationnelle se construit dans le temps long, mais se renforce par des ajustements réguliers, fondés sur des données factuelles et non sur la seule intuition de terrain.
Mesures correctives et modernisation opérationnelle
Le rapport de performance 2025, déjà exploité par les services, montre des avancées notables dans la coordination interarmes et la logistique, tout en soulignant des marges de progression dans la gestion administrative et la modernisation de certaines structures de commandement.
Le ministre de la Défense nationale, dans une communication datée du 10 septembre 2025, a ainsi pointé des difficultés jugées « administratives et structurelles » et instruit les états-majors d’y apporter des solutions supplémentaires afin d’éviter tout goulot d’étranglement opérationnel.
Les participants, réunis en ateliers thématiques, passent au crible procédures, doctrines d’emploi et dispositifs de soutien, avec pour ambition de livrer un plan d’action réaliste, chiffré et compatible avec les contraintes budgétaires notifiées pour l’exercice à venir.
« Nous devons transformer chaque difficulté en opportunité d’innovation », confie un officier supérieur, soulignant que la mutualisation des moyens terrestres, navals et aériens a déjà réduit les délais de projection lors des derniers exercices conjoints.
Cap sur 2026 : enjeu politico-stratégique
Le chef d’état-major général insiste sur l’année 2026, qu’il décrit comme porteuse d’un « enjeu majeur politico-stratégique ». Sans détailler l’échéance, il appelle à un « environnement collaboratif et collectif » associant toutes les composantes de la Force publique.
Selon plusieurs responsables présents, cette mobilisation anticipée vise à garantir que l’ensemble du dispositif national de défense soit pleinement opérationnel, tant sur le plan de la préparation de la force que sur celui du soutien aux autorités civiles en cas de besoin.
Les échanges rappellent enfin que l’exercice 2025 s’est déroulé dans un « contexte contraignant » ayant parfois perturbé la programmation, ce qui renforce la nécessité d’adopter des scénarios résilients et modulables face aux aléas logistiques ou climatiques.
Pour soutenir cet effort, plusieurs intervenants mettent en avant la formation continue des cadres, la digitalisation des procédures de gestion et l’intégration progressive d’outils de simulation destinés à réduire les coûts des manœuvres grandeur nature.
Culture d’évaluation, moteur de performance
« Une armée qui ne s’évalue pas se condamne à l’immobilité », a martelé le général Okoi, reprenant une formule déjà utilisée dans un précédent rapport, mais qui résonne avec une acuité particulière à l’heure du renouveau technologique accéléré.
Le chef d’état-major a également salué la cohésion manifestée par les commandants de zone, soulignant que cette solidarité « constitue le premier rempart de la nation » et garantit la continuité de l’action publique en toutes circonstances.
À l’issue des deux journées de travaux, un document de synthèse sera rédigé, validé par le comité de pilotage et transmis au ministère de la Défense, avant publication d’un extrait dans le Bulletin officiel des armées.
Cette traçabilité devrait, espèrent les officiers, servir de base à un dialogue élargi avec les partenaires civils et les universités, afin d’enrichir la réflexion stratégique nationale et d’inscrire l’effort de défense dans une dynamique de développement durable.
Cette démarche reflète la volonté réaffirmée par le président Denis Sassou Nguesso de voir une armée professionnelle, ancrée dans les réalités nationales et moteur d’intégration sous-régionale, rappellent plusieurs analystes présents comme observateurs.
Si la conférence ne résout pas instantanément chaque difficulté identifiée, elle installe durablement une culture de transparence et de responsabilité, condition sine qua non, selon plusieurs participants, d’une posture militaire crédible au service de la paix et de la stabilité du Congo-Brazzaville.
Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le prochain cycle d’évaluation, prévu fin 2026, qui devra confirmer la montée en puissance des FAC et leur capacité à répondre sans délai aux impératifs de défense et aux attentes légitimes de la population.
