Brazzaville célèbre 65 ans d’indépendance
Au soleil matinal du 15 août, les abords du boulevard Alfred Raoul vibraient au rythme des fanfares. Pour le 65e anniversaire de l’indépendance, la capitale a offert un panorama ordonné des forces vives, sous l’œil attentif du chef de l’État, Denis Sassou Nguesso.
Dans ce cadre, le carré motorisé de la Direction générale des Finances et de l’Équipement, composante de la Sécurité intérieure, a particulièrement retenu l’attention, incarnant la montée en puissance logistique orchestrée depuis plusieurs années.
Des blindés légers aux pick-up multifonctions, la DGFE a révélé un matériel adapté aux réalités du terrain congolais : vastes forêts, routes sablonneuses et zones urbaines densément peuplées.
Cette capacité de projection témoigne du couplage croissant entre souveraineté nationale et industrialisation naissante, deux axes portés par le Plan national de développement.
La DGFE, vitrine de la modernité sécuritaire
Le directeur général, colonel-major Michel Innocent Peya, souligne régulièrement que « la logistique est la colonne vertébrale de l’action de sécurité », rappelant la philosophie présidentielle d’anticipation.
Depuis 2021, les acquisitions incluent radios cryptées, drones d’observation et gilets de dernière génération, preuve d’une adaptation continue aux standards internationaux sans renier les contraintes budgétaires.
Cette modernité s’inscrit dans une approche holistique, où la dimension humaine reste centrale, comme l’a rappelé le discours du 31 décembre 2024 du chef de l’État.
Le soldat, priorité stratégique du président
Le président a alors demandé l’amélioration tangible des conditions de vie des militaires : logements réhabilités, accès régulier à l’eau potable et électrification des nouvelles casernes de périphérie.
Innovations sanitaires au cœur des casernes
Conséquence directe, la DGFE a déployé l’Unité de soins du soldat, plate-forme mobile dotée de matériels d’imagerie pointus et de pharmacies embarquées.
Selon le médecin-commandant Diane Goma, cette innovation « réduit les évacuations coûteuses et garantit un suivi post-opératoire au plus près des familles ».
Au-delà du curatif, une unité de télémédecine expérimentale connecte déjà trois postes avancés du Pool à l’Hôpital central des armées de Brazzaville.
Menuiserie et hommage: mémoire préservée
La section menuiserie, souvent méconnue, illustre la volonté d’autonomie productive : lits, armoires et pupitres sortent chaque semaine des ateliers de Mfilou pour équiper écoles de gendarmerie et centres civiques.
En filigrane, l’atelier fabrique aussi des cercueils militaires normés, permettant des cérémonies harmonisées, gage de respect pour chaque grade.
Historien des armées, le professeur Jean-Claude Opango rappelle que « la ritualisation des funérailles nourrit le sentiment d’appartenance et renforce le pacte républicain entre soldat et Nation ».
Mobilité funéraire et accompagnement des familles
Pour assurer la logistique mortuaire, la DGFE s’est dotée de trois corbillards climatisés, aménagés selon les prescriptions de l’Institut national d’hygiène.
Ces véhicules, visibles lors du défilé, symbolisent une prise en charge complète du militaire, de l’engagement initial jusqu’au dernier hommage.
Les familles y trouvent un soutien logistique et psychologique, tandis que la Force publique renforce sa légitimité sociale.
Assainissement urbain, bras civil de la DGFE
Au-delà du champ sécuritaire, la DGFE a étendu son action aux services municipaux : camions-bennes, pelles hydrauliques et corbeilles urbaines jalonnent désormais plusieurs artères de Brazzaville.
L’avenue Saint-Denis, voisine de la résidence présidentielle, a bénéficié d’une cure de jouvence saluée par les riverains, comme en attestent les enquêtes du Centre d’études sociologiques congolaises.
Ces initiatives traduisent une approche partenariale où forces de sécurité et administrations locales convergent vers l’amélioration du cadre de vie.
Professionnalisation continue des forces congolaises
Le chantier de professionnalisation reste toutefois permanent : programmes de formation avec l’École nationale d’administration, cours de droits humains et mutualisation des bases de données criminelles sont annoncés.
Les observateurs y voient un prolongement logique des orientations présidentielles, alliant efficacité opérationnelle et enracinement communautaire.
Dans la tribune officielle, plusieurs représentants d’organisations régionales ont salué l’expérience congolaise, susceptible, selon eux, d’inspirer des mutations comparables en Afrique centrale.
À l’heure où les défis sécuritaires deviennent transfrontaliers, la démonstration du 15 août aura rappelé que l’investissement matériel ne prend sens qu’inséré dans une vision sociale partagée.
Le budget consacré à la sécurité intérieure représente environ 8 % des dépenses de l’État, selon la loi de finances 2025, un niveau comparable à la moyenne subsaharienne mais orienté prioritairement vers l’investissement plutôt que le fonctionnement.
Cette réallocation traduit la volonté d’éviter l’obsolescence rapide des équipements et de soutenir le tissu local, plusieurs ateliers de maintenance étant maintenant confiés à des PME congolaises.
Du côté de l’opinion, une enquête du cabinet Afrobaromètre publiée en juillet indique que 68 % des Brazzavillois jugent la police « plus réactive » qu’il y a cinq ans, un bond de 14 points.
Les sociologues attribuent cette évolution à la proximité croissante entre forces de l’ordre et citoyens, nourrie par des opérations de sensibilisation dans les quartiers périphériques.
Enfin, la numérisation des procédures, testée dans deux commissariats pilotes, devrait fluidifier la relation usager-police et renforcer la transparence, gage d’adhésion démocratique.
En conjuguant investissements matériels, innovation sociale et ouverture aux partenariats civils, la DGFE illustre une stratégie nationale qui associe sécurité, santé et développement urbain.
La parade du 15 août, au-delà de sa dimension symbolique, s’est donc révélée un baromètre des transformations en cours, fidèle à l’esprit d’équilibre promu par le président Denis Sassou Nguesso.