Une rentrée parlementaire empreinte d’émotion
La dixième session ordinaire budgétaire de la quinzième législature s’est ouverte, le 15 janvier 2025, au Palais du Parlement de Brazzaville. Avant de débattre des équilibres macroéconomiques, les députés ont observé un moment de recueillement à la mémoire de deux confrères récemment disparus sous l’autorité du président Mvouba.
Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale, a rappelé, voix brisée, que la Nation toute entière se devait de « saluer ceux qui ont bâti ses fondations ». Son pupitre, drapé des couleurs tricolores, s’est ainsi transformé en tribune d’un vibrant éloge funèbre auprès d’une assemblée visiblement émue et reconnaissante.
Portrait d’un ancien président de chambre
Premier à être honoré, André Georges Mouyabi symbolise une époque charnière. Né en 1935 à Ditadi, il gravit les échelons jusqu’à présider la chambre basse entre 1966 et 1968, sous le magistère du président Alphonse Massamba-Débat, avant de rejoindre le gouvernement Lissouba trois décennies plus tard ensuite encore.
À quatre-vingt-dix ans révolus, l’ancien parlementaire est décédé le 18 septembre 2025 à Paris, victime d’un accident vasculaire cérébral. Deux semaines plus tard, sa dépouille était rapatriée, puis inhumée sur les terres rouges de Madingou, près de ses parents Paul Kitsoro et Madeleine Kibouilou sous un dernier honneur.
L’hommage de la République
Le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, a personnellement présidé la cérémonie d’honneurs nationaux organisée le 13 octobre au Palais des congrès. Ce geste, salué sur tous les bancs, témoigne de la reconnaissance institutionnelle portée à un homme dont la carrière épouse l’histoire parlementaire congolaise depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.
Joseph Mbossa, une voix du développement local
Le deuil frappa également la circonscription d’Abala, avec la disparition, le 28 septembre, de Joseph Mbossa. Âgé de soixante-dix ans, ce président de la commission Plan, aménagement du territoire, infrastructures et développement local était réputé pour sa rigueur autant que pour sa discrétion et sa fidélité aux valeurs.
Son cercueil, recouvert du drapeau national, a été accueilli le 14 octobre à l’aéroport Maya-Maya par un cortège d’officiels, de proches et de citoyens anonymes. D’ici peu, la levée de corps sera suivie d’une inhumation dans son village natal, conformément à la tradition et aux rites locaux respectés.
Parcours et actions d’un élu engagé
Économiste de formation, Joseph Mbossa défendait avec constance l’idée que la planification stratégique doit partir des besoins des collectivités. À l’Assemblée, il plaidait pour un maillage routier fiable et pour la création de pôles agropastoraux, afin de renforcer l’autosuffisance alimentaire et stimuler l’emploi rural au nord du pays.
Une session malgré tout tournée vers l’avenir
Après l’hommage, l’hémicycle a rapidement repris le fil de son agenda budgétaire. Le projet de loi de finances 2025, centré sur la diversification et la maitrise de la dette, sera examiné dans les prochaines semaines, sous la supervision d’un bureau amputé de deux de ses piliers récemment perdus.
Le message de cohésion d’Isidore Mvouba
Soucieux d’apaiser les tensions politiques latentes, le président de l’Assemblée a souligné que « la disparition n’efface pas l’œuvre ». Il a invité les jeunes députés à s’inspirer des parcours croisés de Mouyabi et Mbossa pour inscrire leurs propres actions dans la durée institutionnelle et servir désormais d’exemple collectif.
Réactions des bancs politiques
Des groupes parlementaires majoritaires comme minoritaires ont salué un « sens aigu du devoir ». Plusieurs élus ont rappelé que Mouyabi, malgré la diversité des époques traversées, sut toujours privilégier le dialogue, tandis que Mbossa incarnait l’expertise technique indispensable à l’évaluation des programmes publics lors des prises de parole.
La mémoire comme levier institutionnel
Dans les couloirs, des experts soulignaient que le rituel d’hommage sert aussi à réaffirmer la permanence de l’institution, au-delà des mandats individuels. Chaque éloge funèbre rappelle subtilement la continuité républicaine et le rôle central du Parlement dans le dispositif constitutionnel congolais depuis 1963 jusqu’à ce quinzième mandat législatif.
Impact sur le travail parlementaire
La vacance de deux sièges entraînera des élections partielles. D’ici là, les commissions concernées devront redistribuer les rapports en cours. Plusieurs observateurs estiment que cette transition sera l’occasion de promouvoir davantage de femmes et de jeunes dans les structures de prise de décision au sein de l’hémicycle national.
Une page d’histoire partagée
Au-delà des hommages officiels, la disparition de ces deux personnalités rappelle la trajectoire du Congo-Brazzaville, passé de l’enthousiasme post-indépendance aux enjeux contemporains de gouvernance. Leurs parcours, parfois contrastés, convergent vers une même ambition : servir l’intérêt général dans le cadre de l’État de droit et renforcer la cohésion nationale.
Perspectives budgétaires sous le signe du recueillement
Le calendrier budgétaire n’a pas été modifié, mais l’ambiance de travail se veut plus solidaire. Les rapporteurs entendent inscrire, dans leurs recommandations, un clin d’œil à la vision de Mouyabi pour l’intégrité des comptes publics et à l’obsession de Mbossa pour l’équité territoriale selon des sources concordantes internes.
Un héritage à faire fructifier
À la tombée de la séance, les députés ont quitté le perchoir en déclarant que la meilleure façon d’honorer les disparus reste d’adopter des lois utiles au quotidien des citoyens. La mémoire, disent-ils, ne doit pas figer l’action, mais guider un engagement renouvelé au service du développement durable.