Une effervescence quotidienne à Dolisie
La gare routière de Dolisie se réveille chaque matin au vrombissement des moteurs et aux éclats de voix annonçant les départs vers Pointe-Noire, Brazzaville ou Madingou. Ce ballet ininterrompu symbolise la place grandissante du transport collectif dans la mosaïque de mobilités congolaises.
Situé au cœur du Niari, l’équipement draine quotidiennement commerçants, voyageurs et transporteurs, générant un microcosme foisonnant où se croisent ambitions économiques et itinéraires personnels. L’auto-gare devient ainsi un baromètre social, reflétant l’évolution des flux internes du Congo-Brazzaville.
Un moteur économique local
Autour des quais, vendeuses de beignets, chargeurs et artisans improvisent des stratégies de survie. Selon des estimations locales, plus de trois cents emplois directs et indirects gravitent déjà autour du site, confirmant le rôle structurant de la plate-forme dans la dynamique salariale dolisienne.
Les recettes fiscales prélevées sur les billets, l’occupation des box commerciaux et les droits de quai renforcent également les capacités financières de la mairie. Cet afflux de ressources locales contribue à financer l’entretien des voiries ou l’éclairage public, améliorant le cadre de vie sans recourir à des budgets nationaux supplémentaires.
Intégration urbaine et accessibilité
Malgré cette effervescence, la jonction entre la gare et le reste de la ville demeure perfectible. Les abords manquent parfois de trottoirs continus et les correspondances avec les taxis urbains se font de manière informelle, compliquant l’accessibilité pour les personnes âgées ou les voyageurs chargés.
Le schéma directeur urbain recommande pourtant un meilleur maillage via des pistes piétonnes sécurisées et la création d’un parc-relai. La coordination entre les autorités municipales et les transporteurs privés apparaît donc décisive pour transformer la gare en nœud multimodal pleinement connecté à l’ensemble de l’agglomération.
Paroles d’usagers
Marie, entrepreneuse venue de Kibangou, souligne « la commodité des départs réguliers », même si elle souhaiterait « plus de sanitaires propres ». Son témoignage rejoint celui de Jonas, conducteur depuis dix ans, convaincu que « l’élargissement du parking fluidifierait les manœuvres et réduirait les retards ».
Ces voix convergent vers une aspiration commune : moderniser sans perdre l’identité chaleureuse qui caractérise le lieu. Les usagers réclament des abris contre la pluie et un système d’information numérique, mais saluent la courtoisie des agents et l’esprit de solidarité qui règne aux heures d’affluence.
Programme de modernisation
La mairie de Dolisie a déjà esquissé un programme de rafraîchissement comprenant l’installation de bornes d’eau potable, la réfection des toitures et la mise aux normes des sanitaires. Un chantier pilote financé par un partenariat public-privé devrait démarrer dès la prochaine saison sèche, sous supervision technique nationale.
L’objectif est double : améliorer le confort des passagers et offrir aux transporteurs des conditions d’exploitation conformes aux standards régionaux. Ces évolutions s’inscrivent dans la Stratégie nationale des transports adoptée récemment, qui fait de l’intermodalité et de la sécurité routière deux priorités d’intérêt public.
Des bornes Wi-Fi gratuites et une application mobile d’alerte sur les horaires figurent également au programme. Elles répondront à la demande croissante de connectivité des jeunes voyageurs et permettront aux opérateurs d’ajuster leurs fréquences en temps réel, augmentant la transparence tarifaire.
Engagement environnemental
Le recours progressif à des bus à moteur moins polluant figure parmi les pistes envisagées pour limiter les émissions autour du site. Une station de traitement des eaux grises liées au lavage des véhicules est également planifiée, afin de préserver les nappes phréatiques et de lutter contre les décharges sauvages.
Ces engagements épousent la politique environnementale nationale, qui vise une réduction de vingt pour cent des polluants atmosphériques dans les corridors routiers à l’horizon 2030. En conjuguant modernité et responsabilité, la gare routière de Dolisie pourrait devenir un labo de bonnes pratiques pour l’ensemble du réseau interurbain.
Connectivité nationale stratégique
Plus de quatre-vingt-dix pour cent des déplacements internes s’effectuent par la route, d’après la direction générale des transports terrestres. La performance des gares interurbaines devient donc un indicateur cardinal pour la cohésion territoriale et la compétitivité des marchés d’approvisionnement, notamment vers la façade atlantique de Pointe-Noire.
Dans cette perspective, Dolisie s’impose comme un pivot, situé à l’intersection stratégique des axes Libreville-Brazzaville et Cabinda-Bangui. L’État soutient son essor par la réhabilitation de la RN1 et le déploiement de postes de pesage modernes, gages de sécurité accrue pour les bus interurbains.
Perspectives de mobilité intégrée
À moyen terme, les autorités ambitionnent d’interfacer la gare routière avec une future plateforme ferroviaire rénovée, créant un pôle d’échanges capable d’absorber la croissance démographique attendue dans le Niari. Cette synergie permettrait de réduire les temps de parcours et de stimuler les investissements périphériques.
Pour l’heure, Dolisie incarne déjà un laboratoire de gouvernance partenariale où collectivités, entreprises et organisations de voyageurs expérimentent des solutions pragmatiques. En améliorant progressivement ses équipements, la troisième ville congolaise confirme son rôle de passerelle incontournable au sein d’un réseau national de mobilité en pleine maturation.
Ainsi, la transformation annoncée de la gare routière épouse la trajectoire d’un Congo-Brazzaville tourné vers des infrastructures inclusives, durables et créatrices d’opportunités pour chaque citoyen. Les prochains mois diront jusqu’où cette ambition collective saura remodeler le visage de la capitale de l’or vert.