Un patrimoine scolaire marqué par l’histoire nationale
Située dans le neuvième arrondissement de Brazzaville, l’École 5 février 1979 porte, dès sa dénomination, l’empreinte d’une date charnière de la trajectoire politique congolaise. Inaugurée lors de la première accession au pouvoir de Denis Sassou Nguesso, l’institution cristallise, pour nombre d’observateurs, un croisement entre mémoire collective et service public. Quatre décennies plus tard, son architecture fragilisée se dresse comme un rappel concret des défis cumulés : démographie urbaine galopante, usure des infrastructures d’après-indépendance et pressions environnementales liées au voisinage de la rivière Tsiémé.
L’urgence d’une réhabilitation pensée comme levier de cohésion sociale
Au-delà des murs lézardés et des toitures rongées par l’humidité, le site cristallise aujourd’hui une attente communautaire. « Même si l’établissement ne porte pas explicitement le nom du chef de l’État, la date du 5 février fonde un lien quasi organique avec notre histoire nationale ; il eût été paradoxal de laisser ce symbole à l’abandon », confie la députée Antoinette Olou Ntsiélé Ngambia lors de sa descente parlementaire du 20 juin 2025. Pour la parlementaire, la renaissance de l’école doit dépasser la réparation matérielle : elle suppose d’offrir aux enfants de Djiri un environnement d’apprentissage apaisé, capable de consolider la citoyenneté dès le plus jeune âge.
Une enveloppe budgétaire révélatrice d’une gouvernance pragmatique
Fruit d’une négociation concertée entre élus et services techniques, la dotation de 500 millions FCFA – répartie pour moitié sur les exercices 2025 et 2026 – incarne, selon la députée, « la traduction concrète du principe d’équité territoriale défendu à l’Assemblée nationale ». Dans un contexte où l’État multiplie les chantiers éducatifs du Kouilou à la Likouala, l’allocation ciblée à Djiri illustre la volonté de mutualiser les ressources plutôt que de les disperser. Cette logique incrémentale, adossée aux priorités du Plan national de développement, témoigne d’une approche graduelle mais constante dans la modernisation du parc scolaire.
Vers un continuum éducatif primaire–collège adapté aux besoins du district
Au-delà de la remise à niveau des salles de classe primaires, le projet prévoit la construction d’un collège d’enseignement général. Ce choix stratégique vise à limiter la discontinuité éducative repérée par les services de planification : nombre d’élèves de Djiri doivent, dès la sixième, parcourir plusieurs kilomètres vers Talangaï ou Ouenze, au risque d’un décrochage précoce. L’implantation d’un cycle complet sur le même site favorisera, selon les projections du Ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, une progression plus harmonieuse des cohortes, tout en désengorgeant les établissements centraux de la capitale.
La sécurisation des espaces scolaires, corollaire de la citoyenneté
Si la réponse budgétaire constitue un préalable, la pérennité de la rénovation dépendra d’un facteur non moins décisif : la protection du site. Les dégradations subies – transformation de la cour en dépotoir, pillage récurrent des portes et fenêtres – rappellent que l’école est un microcosme où se reflète le degré d’appropriation citoyenne. La députée sollicite donc l’implantation d’un poste de police avancé pour dissuader les actes d’incivisme, tout en encourageant les comités de parents et d’enseignants à réactiver les cellules de veille communautaire. Cette articulation sécurité-participation s’inscrit dans la stratégie nationale de protection des établissements publics, déjà expérimentée sur plusieurs sites sensibles de Pointe-Noire.
Un chantier pilote susceptible d’essaimer
Au fil des années, Brazzaville a multiplié les initiatives de réhabilitation scolaire ; cependant, la trajectoire de l’École 5 février 1979 pourrait servir de laboratoire à grande échelle. La démarche associe célébration mémorielle, optimisation budgétaire et renforcement du maillage éducatif local. Les observateurs diplomatiques y voient un cas d’école – littéralement – pour tester la coordination entre commune, Parlement et exécutif. Si le calendrier est respecté, la rentrée 2027 pourrait inaugurer une infrastructure repensée, conjuguant salles connectées, aires sportives standardisées et dispositifs de gestion durable des eaux pluviales. Au-delà de l’arrondissement de Djiri, l’expérience offrirait une grammaire opérationnelle exportable vers d’autres circonscriptions, consolidant la dynamique de modernisation impulsée par les pouvoirs publics.