Sécurité civile en chiffres 2024
À mesure que les candidats aux examens d’État affluent, les équipes de la sécurité civile ont multiplié les interventions sanitaires, répondant à 21 627 appels depuis janvier, révèle le rapport présenté, le 9 octobre, à Brazzaville par le général Albert Ngoto.
Ce total représente déjà une hausse de 12,25 % par rapport à l’an passé, traduction statistique d’une présence renforcée des secouristes autour des centres d’examen et d’une meilleure disponibilité des moyens terrestres et humains déployés.
Brazzaville, épicentre des appels
Avec 7 905 missions recensées, la capitale concentre plus d’un tiers des interventions nationales. Les grands centres de composition et la densité urbaine justifient cette sollicitation intense, analysent les officiers chargés du suivi quotidien des alertes.
Derrière Brazzaville, la Sangha enregistre 1 934 cas, suivi du corridor Pointe-Noire/Kouilou avec 1 863 déploiements et de la Likouala qui franchit le seuil symbolique des 1 700 prises en charge, confirmant que la couverture s’élargit bien au-delà des pôles côtiers.
Un profil sanitaire bien identifié
Les céphalées dominent nettement la typologie des incidents, avec 6 422 signalements. Pour le Dr Honorine Massamba, médecin-chef embarquée sur les interventions, « le stress de la composition additionné à la chaleur saisonnière crée un terrain propice aux migraines brutales ».
Le paludisme arrive en deuxième position, totalisant 2 307 cas, presque à égalité avec les syndromes grippaux recensés 2 126 fois. La dysménorrhée, souvent négligée dans les dispositifs d’accueil, a toutefois concerné 1 354 candidates, soulignant l’importance d’un accompagnement sensible au genre.
Les médecins remarquent également une recrudescence de troubles anxieux légers. Bien qu’ils ne figurent pas explicitement dans les tableaux quantitatifs, nombre d’élèves ont bénéficié d’une écoute psychologique de premier niveau, avant d’être renvoyés vers leurs salles d’examen une fois rassurés.
Logistique et ressources mobilisées
Pour chaque session, près de 425 agents, assistants sanitaires, chauffeurs et mécaniciens confondus sont mobilisés. Ils opèrent à partir de 37 moyens roulants, dont une vingtaine d’ambulances équipées en oxygène et monitors cardiaques, garantes d’une stabilisation rapide avant l’hospitalisation éventuelle.
La consommation cumulée atteint 15 000 litres de gasoil et 5 000 litres d’essence, révélant l’ampleur de l’effort d’acheminement. « Sans cet appui budgétaire, notre rayon d’action serait resté limité aux centres urbains », observe le colonel-major Serge Pépin Itoua Poto, commandant en second.
Le financement conjoint des ministères en charge des enseignements général et technique est salué comme décisif. Les deux portefeuilles ont débloqué des lignes spécifiques pour l’entretien des véhicules et la dotation en consommables médicaux, clarifie une note interne consultée lors de la présentation.
Maillage territorial et proximité
L’extension du réseau de postes avancés se traduit par 56 localités couvertes contre 45 l’année précédente. Des équipes réduites, mais formées, y tiennent des permanences temporaires afin de garantir un temps d’intervention inférieur à vingt minutes, même dans les bassins fluviaux difficiles.
Dans la Sangha, les pirogues motorisées complètent désormais la flotte automobile. Au premier semestre, elles ont assuré quarante-deux évacuations vers Ouesso. Cette adaptation au relief témoigne, selon le haut commandement, de la « capacité de la sécurité civile à se réinventer ».
À Brazzaville, la création de points de rassemblement médicalisés dans chaque arrondissement a réduit la fréquentation des hôpitaux de référence, soulageant ainsi les urgences classiques. Les équipes nouent aussi des partenariats avec les pharmacies de garde pour maintenir des stocks de première nécessité.
Perspectives et enseignements pour 2025
Fort de ce retour d’expérience, le commandement entend renforcer la formation des volontaires, notamment en gestion du stress et en premiers secours psychologiques, afin d’anticiper l’éventuelle montée des troubles anxieux chez les futurs candidats.
La perspective d’un maillage couvrant soixante-dix localités est évoquée, sous réserve de crédits supplémentaires. Les responsables insistent toutefois sur la nécessité d’une coordination intersectorielle accrue, santé et éducation réunies, pour préserver la sérénité des sessions sans alourdir indûment la facture logistique.
La voix des candidats
À la sortie d’une épreuve de mathématiques, Carine Makaya, 17 ans, confie avoir été « rassurée de voir une ambulance stationnée près du portail ». Pour elle, la simple présence d’un infirmier a suffi à dissiper la crainte d’un malaise, après plusieurs nuits de révision intense.
Même sentiment chez Jonas Moussavou, candidat libre, qui évoque un camarade transporté pour paludisme le deuxième jour. « Il est revenu composer l’après-midi, l’équipe d’urgence lui avait administré un antipaludique », rapporte-t-il, persuadé que cet encadrement améliore l’équité entre élèves des centres urbains et ruraux.
Couverture financière durable
Selon une source proche des finances publiques, le coût global de l’opération s’élève à environ 320 millions de francs CFA, carburant et médicaments inclus. La ligne budgétaire pourrait être intégrée dès le prochain collectif, garantissant une prévisibilité saluée par les partenaires techniques de la santé.
Le ministère de l’Intérieur étudie en parallèle un partenariat public-privé pour la maintenance de la flotte d’ambulances, afin de réduire les immobilisations. Des opérateurs locaux de géolocalisation ont déjà proposé des solutions de suivi en temps réel qui optimiseraient les trajets et rationnaliseraient le carburant.
Un module de télémédecine, actuellement en phase pilote, permettra dès l’an prochain d’obtenir l’avis d’un spécialiste via tablette, évitant des évacuations coûteuses.