Triomphe historique pour les Lionceaux
À Santiago, le 11 octobre, le Maroc U20 a signé le plus grand exploit de son histoire en se qualifiant pour les demi-finales du Mondial, scène jusque-là inaccessible. Portée par une génération au talent affirmé, la sélection a battu les États-Unis 3-1 et entrouvert un nouveau chapitre.
Jamais encore, ni au temps des pionniers des années 80 ni lors des éditions récentes, la Fédération royale marocaine n’avait mené ses moins de 20 ans aussi loin. Le résultat couronne un travail de fond engagé dans les centres de formation et salué par la Confédération africaine.
Un parcours africain salué
Avant d’écarter les États-Unis, les Lionceaux de l’Atlas avaient déjà créé la surprise en éliminant successivement l’Espagne puis le Brésil, deux places fortes du football jeunesse. Chaque succès a renforcé la confiance d’un groupe persuadé de représenter tout un continent aux ambitions renouvelées.
Dans les rues de Rabat, Casablanca ou Marrakech, les écrans géants installés par les municipalités ont attiré des milliers de supporters. Les scènes d’allégresse, immédiatement relayées sur les réseaux, témoignent de l’attente populaire et de la place conquise par la jeunesse dans l’édifice sportif marocain.
Maîtrise tactique face aux États-Unis
Mercredi, l’entraîneur Abdellatif Maâzouz avait prévenu : la clé serait la discipline collective. Ses joueurs ont appliqué le plan à la lettre, densifiant l’entrejeu pour couper les lignes de passe américaines et exploitant la moindre transition. La possession concédée n’a jamais ressemblé à une menace durable.
La première étincelle est venue à la 31e minute, lorsque Othmane Maamma a perforé le flanc droit, adressant un centre ras-de-terre repris sans contrôle par Yassir Zabiri. L’égalisation sur penalty, convertie par Caleb Campbell, n’a pas entamé la sérénité des Nord-Africains juste avant la pause.
Au retour des vestiaires, la pression marocaine s’est faite constante. Les latéraux ont poussé haut, obligeant les États-Unis à reculer. Sur un centre sans danger apparent, le défenseur Joshua Wynder a dévié le ballon dans ses filets, libérant les supporters et ouvrant la route vers l’histoire.
Les Américains ont tenté de réagir, mais le bloc rouge et vert, articulé autour du duo Dahmani-Chougrani, a fermé les espaces. À trois minutes du terme, le remplaçant Yassine Guesdime a saisi un contre pour déclencher, du gauche, une frappe croisée qui a scellé le score.
Des individualités déjà suivies en Europe
Capitaine influent, Maamma évolue à Watford, en Championship anglaise, où son sens du rythme et son volume de jeu intriguent depuis plusieurs mois. Zabiri, formé à l’Académie Mohammed-VI, attire, lui, les recruteurs de Ligue 1. Le tournoi chilien accélère la visibilité internationale de ces prometteurs profils.
Dans les couloirs de la Fédération, on souligne que la vitrification de la génération passe aussi par la stabilité émotionnelle. « Ils savent qu’ils représentent la future élite. Notre travail est de les protéger du tumulte médiatique », confie un membre du staff, requérant l’anonymat pour éviter toute pression.
Objectif finale face à un adversaire européen
Seule formation africaine encore engagée, le Maroc croisera en demi-finale le vainqueur de l’opposition France-Norvège. Quelle que soit l’affiche, la confrontation sera la première entre les Lionceaux et une sélection européenne à ce stade ; l’occasion de mesurer la constance d’une dynamique.
Le sélectionneur a déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de révolution tactique. L’équipe conservera son bloc médian strict, ses transitions rapides et sa recherche constante de la largeur. « Nous respectons tout le monde mais nous ne craignons personne », a répété Maamma en zone mixte.
Résonances continentales
Sur le reste du continent, fédérations, anciens joueurs et supporters multiplient les messages d’encouragement. La CAF voit dans cette épopée la preuve que l’investissement dans la détection précoce commence à porter ses fruits. L’exemple marocain pourrait inspirer d’autres programmes panafricains dédiés aux catégories de jeunes.
Dans un contexte où les équipes seniors africaines peinent encore à franchir le dernier carré d’un Mondial, l’aventure des U20 rappelle l’importance d’un travail patient. Elle souligne aussi la capacité d’une nation à rassembler ses talents, qu’ils évoluent dans le championnat local ou dans les académies européennes.
Une ferveur qui dépasse le terrain
Les retombées ne se limitent pas au rectangle vert. Les médias nationaux observent déjà un intérêt accru pour les produits dérivés, tandis que les agences de voyage recensent une hausse des réservations vers le Chili. Le sport, une fois encore, agit comme catalyseur économique et diplomatique.
Reste à savoir si l’élan peut se transformer en médaille. En attendant, les Lionceaux de l’Atlas ont donné rendez-vous à leurs supporters pour une demi-finale qui s’annonce chargée d’émotion. Leur épopée rappelle que la passion du football défie les frontières et nourrit l’optimisme africain.
Enjeux pour le football africain
Si le Maroc venait à atteindre la finale, la FIFA devrait réviser ses projections de revenus pour le marché africain des droits télévisés des compétitions juniors. Les diffuseurs du Maghreb et d’Afrique subsaharienne anticipent déjà une audience record, synonyme d’opportunités commerciales supplémentaires pour les clubs formateurs.