Vers un arbitrage continental décisif
Le 16 août prochain apparaît, pour de nombreux observateurs, comme la date charnière d’un feuilleton qui agite le handball congolais depuis plus d’un an. En confiant la supervision du scrutin à la Confédération africaine de handball (CAHB), le mouvement sportif national s’en remet à une instance reconnue pour son expertise en matière de gouvernance, gage d’impartialité aux yeux de la communauté internationale. L’arrivée du magistrat tunisien Mouadh Ben Zaied à la tête d’une commission électorale ad hoc illustre la volonté d’inscrire le processus dans un cadre juridique rigoureux, respectueux des standards admis par le Comité international olympique. Les acteurs locaux y voient un signal d’apaisement et la promesse d’un retour à la normale indispensable à la préparation des prochaines échéances continentales.
Une genèse conflictuelle à l’intérieur des parquets
La crise remonte à septembre 2024, lorsque l’assemblée générale de Brazzaville réélut Yann Ayessa Ndinga Yengué à la présidence de la Fécohand. Saisie par le candidat malheureux Avicenne Nzikou, la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (CCAS) annula le scrutin, invoquant des irrégularités de procédure. Bien que la décision eût souligné le bon fonctionnement des mécanismes de contrôle interne prévus par la Charte olympique, sa mise en œuvre se heurta à une série d’obstacles pratiques et à des interprétations divergentes des statuts fédéraux. Dans l’intervalle, l’équipe sortante poursuivit ses activités quotidiennes – organisation des championnats, gestion des sélections – afin de préserver la continuité du service public sportif.
Le choix d’une commission électorale indépendante
Face à l’enlisement, la CAHB a privilégié l’option d’une commission électorale indépendante, formule déjà expérimentée dans d’autres fédérations africaines. Outre Mouadh Ben Zaied, la task-force compte des profils reconnus : l’ancien arbitre international Jean Itoua Okemba, la juriste Phyneche Sagesse Okombi Niaba ainsi que les techniciens Séraphin Saturnin Icka Hervé et Aristide Hurly Mayanith. Leur mandat se concentre sur la vérification des listes électorales, la validation des candidatures et la gestion logistique du scrutin. En invitant des personnalités issues de différents courants du handball congolais, la CAHB entend prévenir toute accusation de parti pris et garantir une représentation équilibrée des clubs, ligues départementales et commissions spécialisées.
Calendrier serré, enjeux stratégiques
Le chronogramme transmis le 8 juillet fixe au 16 juillet la clôture des dépôts de candidatures, laissant un mois aux prétendants pour convaincre les délégués. Cette temporalité serrée vise à éviter la reconstitution de camps rivaux prolongés dans le temps tout en préservant le principe de compétition démocratique. Les programmes déjà dévoilés convergent sur la nécessité de consolider la formation des cadres techniques, d’élargir la base de la pratique féminine et de rénover les infrastructures, notamment celles de Pointe-Noire et d’Oyo. À court terme, l’enjeu est de préparer la participation de l’équipe nationale senior aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2026, dont la phase préliminaire débutera dès novembre.
Entre réformes de gouvernance et exigences de performance
Au-delà du seul choix d’un exécutif, la séquence électorale concentre les attentes d’une communauté sportive soucieuse de moderniser son modèle de gestion. Plusieurs candidats évoquent une révision des statuts pour y inscrire explicitement la parité, la limitation des mandats et la création d’un fonds de solidarité inter-ligues. Dans le même élan, les autorités publiques rappellent leur disponibilité pour accompagner, par des subventions ciblées, les projets conformes au Plan national de développement du sport. Cette articulation respectueuse entre autonomie fédérale et soutien institutionnel illustre la maturité croissante du système sportif congolais, aligné sur les standards de bonne gouvernance promus par l’Union africaine.
Des signaux d’apaisement attendus par la base
La tenue effective du scrutin, sous l’œil vigilant des observateurs de la CAHB et du Comité national olympique et sportif congolais, devrait refermer une parenthèse conflictuelle qui a pu distraire les énergies des questions purement sportives. La plupart des dirigeants de clubs plaident dorénavant pour une mobilisation collective autour des championnats inter-clubs et des programmes de détection des talents en milieu scolaire, inscrivant leurs actions dans la perspective des Jeux africains 2027. Si l’issue du 16 août respecte les critères de transparence annoncés, le handball congolais pourra capitaliser sur un capital-confiance renouvelé et se repositionner comme l’un des moteurs du paysage sportif national, aux côtés du basketball et de l’athlétisme.