Un plaidoyer dévoilé le 25 novembre
Dans une note de position rendue publique le 25 novembre, l’association Rencontre pour la paix et les droits de l’homme attire l’attention sur des formes de violences souvent invisibles, dont sont victimes les femmes congolaises, particulièrement celles vivant en milieu rural.
Violences numériques au cœur d’une campagne onusienne
La publication s’inscrit dans la 26ᵉ Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Les Nations unies ont lancé seize jours d’activisme placés sous le thème : « Tous unis pour mettre fin à la violence numérique à l’égard des femmes et des filles ».
Des atteintes qui n’épargnent pas Brazzaville
Dans sa note, la RPDH recense plusieurs cas d’attaques en ligne survenus ces cinq dernières années. Insultes, dénigrements ou divulgation de données personnelles démontrent que les plateformes numériques peuvent devenir un espace de vulnérabilité pour les Congolaises, quels que soient leur âge ou leur profession.
Journalistes et défenseures ciblées
Nina Kiyindou, directrice exécutive de l’Observatoire congolais des droits de l’homme, et Rosie Pioth, journaliste indépendante, ont récemment subi des campagnes d’intimidation virtuelles. Leurs prises de parole publiques sur des sujets sensibles les ont exposées à un flot de messages injurieux et de pressions réitérées.
Quand les enquêtes dérangent
Selon la RPDH, Nina Kiyindou a évoqué des abus observés lors d’opérations de sécurité menées à Brazzaville. De son côté, Rosie Pioth enquêtait sur deux attentats à la bombe commis en 1982, un travail d’archives qui a suscité une hostilité inattendue sur les réseaux.
Un phénomène transversal
Les violences numériques ne se limitent pas aux voix critiques. Princesse Mouangassa, candidate du Parti congolais du travail aux législatives 2022, a fait l’objet d’un doxing visant à la stigmatiser. La RPDH souligne que ces pratiques peuvent laisser des séquelles psychologiques durables, quel que soit le bord politique visé.
Appel à des réponses concertées
Face à ces atteintes, l’organisation plaide pour des mécanismes de signalement efficaces, une sensibilisation accrue des usagers et un accompagnement juridique renforcé. Elle invite également les acteurs du numérique à collaborer avec la société civile pour mieux protéger les femmes et les filles présentes en ligne.
Femmes rurales et gouvernance forestière
Au-delà du numérique, la RPDH évoque l’exclusion persistante des femmes rurales des instances de gestion des ressources naturelles, malgré les appels à une gouvernance participative contenus dans le code forestier promulgué le 8 juillet 2020.
Une place encore marginale
La note rappelle que « les femmes autochtones sont rarement impliquées dans les comités de gestion ou les cadres de négociation avec les sociétés forestières ». Leur éloignement décisionnel limite leur accès aux bénéfices tirés des forêts et réduit leur capacité à défendre leurs intérêts.
Poids des coutumes et impunité
Pour la RPDH, ces formes d’exclusion ont des racines multiples : traditions bantoues à dominante patriarcale, mais aussi impunité que peut favoriser la corruption. L’organisation estime que sans volonté collective de changement, les avancées juridiques risquent de rester théoriques.
Le projet RERIP en action
Sous l’impulsion de son coordonnateur Christian Mounzéo, la RPDH mène plusieurs initiatives, dont le programme RERIP, financé par le CCFD-Terre Solidaire. L’objectif : renforcer la redevabilité et l’inclusion des communautés locales et populations autochtones du Kouilou dans la gouvernance forestière et climatique.
Former et accompagner sur le terrain
Le projet encourage la participation féminine aux réunions communautaires, documente les obstacles juridiques et propose des formations sur la gestion durable. Selon la RPDH, cette approche de proximité permet de faire émerger des porte-paroles féminines capables d’influer sur les décisions relatives aux forêts.
Défis spécifiques identifiés
Les premiers retours de terrain soulignent le manque d’accès à l’information, la faible maîtrise du français et la charge domestique accrue comme facteurs limitant la voix des femmes autochtones. Rétablir un équilibre suppose une prise en compte de ces réalités quotidiennes dans toute stratégie publique.
Vers une synergie numérique-rural
Pour la RPDH, la lutte contre les violences numériques et l’inclusion dans la gouvernance environnementale relèvent d’une même logique d’égalité. Qu’elles soient connectées ou dépendantes des ressources forestières, les femmes doivent bénéficier de garanties de sécurité et de représentation adaptées à leur contexte.
Mobilisation collective attendue
L’organisation appelle les autorités, les entreprises du secteur numérique et les exploitants forestiers à renforcer leurs partenariats avec la société civile. Une coopération transparente et la mise en œuvre effective des textes existants sont, selon elle, les conditions d’un progrès tangible pour les Congolaises.
Lignes d’action proposées
La note préconise la formation des cyber-enquêteurs, la promotion de guichets d’écoute dédiés aux victimes et l’appui à la création de coopératives féminines dans les zones forestières. Ces mesures visent à combiner protection, autonomisation économique et participation citoyenne.
Un engagement appelé à se poursuivre
À l’issue de sa prise de position, la RPDH réaffirme sa disponibilité à collaborer avec tous les acteurs pour transformer les intentions en réalités. Elle insiste sur l’importance de rendre visibles les violences peu médiatisées, afin que chaque femme, qu’elle soit rurale ou connectée, puisse vivre et agir sans entrave.
