Un festival enraciné dans la cité océane
Depuis douze ans, le Festival international de musique et des arts, plus connu sous l’acronyme FIMA, s’impose comme un repère incontournable du calendrier culturel ponténégrin.
Né d’une initiative citoyenne portée par l’ONG MB Production, l’évènement a su tisser des liens solides avec les habitants du quartier 418 Makayabou, un espace populaire qui se transforme, trois soirs durant, en vaste scène à ciel ouvert.
Trois soirées gratuites et éclectiques
Du 12 au 14 septembre, les déflagrations sonores s’égrèneront gratuitement sous les palmiers de Mongo-Mpoukou. L’organisation prévoit une jauge de cinq mille personnes par soirée, sécurisée par la police municipale et des volontaires, afin de garantir un accueil fluide et familial.
Sur scène alterneront les cadors de la rumba, les ambassadeurs du coupé-décalé et les collectifs tradi-modernes, montés sur des dispositifs son et lumière entièrement rénovés grâce au partenariat technique d’entreprises locales spécialisées.
Chaque soirée plongera le public dans une ambiance distincte : jeudi consacré aux sonorités patrimoniales, vendredi à la fusion urbaine, samedi à la fête intergénérationnelle qui culminera avec un bœuf final réunissant tous les artistes.
Le numérique comme fil conducteur
Le thème de cette douzième édition, « La musique à l’heure du numérique », répond à la mutation accélérée des modes de production et de diffusion que connaît la scène congolaise, désormais connectée aux plates-formes mondiales en streaming.
Des ateliers animés par des ingénieurs son, des responsables de labels et des start-up présenteront aux artistes des outils d’autoproduction, du mastering mobile à la billetterie dématérialisée, afin de renforcer leur autonomie économique.
Jeunes pousses et légendes réunies
Si les têtes d’affiche restent encore secrètes, l’organisation confirme la présence de la star de la rumba Extra Musica ainsi que celle de la figure du hip-hop ponténégrin J-Kain, qui fêtera sur scène vingt ans de carrière.
À leurs côtés, une dizaine de jeunes auteurs-compositeurs, repérés sur les réseaux sociaux, signeront leur première apparition majeure devant un public large, signe de l’ascension rapide qu’offre désormais la viralité numérique.
« Nous voulons que chaque habitant se sente invité, qu’il découvre le talent de demain et qu’il retrouve ses idoles », affirme Médard Mbongo, président de l’ONG MB Production et fondateur du festival.
Retombées socioculturelles locales
Au-delà de la scène, le FIMA irrigue l’économie de proximité : tailleurs, restaurateurs et transporteurs voient leur activité croître sensiblement durant le week-end, selon la chambre de commerce locale.
Les ateliers éducatifs accueillent également des collégiens du cinquième arrondissement, invités à manipuler tables de mixage et caméras, dans une démarche d’orientation professionnelle qui complète les programmes scolaires.
Pour l’anthropologue Sylvie Ngakala, le festival « crée un espace de sociabilité intergénérationnelle rare dans l’agglomération », favorisant le dialogue entre quartiers et consolidant le sentiment d’appartenance à la ville.
Organisation et sécurité renforcées
Conscient des enjeux de sûreté, le comité a élaboré, en concertation avec la préfecture, un plan d’accès incluant contrôle par détecteurs, poste médical avancé et itinéraires de circulation alternatifs pour les riverains.
La mairie de Pointe-Noire apporte un soutien logistique, tandis que des entreprises citoyennes fournissent 20 000 gourdes réutilisables afin de réduire les déchets plastiques.
Ce dispositif, testé lors de la dernière Fête de la Musique, a déjà fait ses preuves et devrait conforter la réputation du festival comme événement exemplaire en matière de gestion responsable.
Perspectives d’avenir pour la scène congolaise
À l’issue de cette édition, un rapport d’évaluation sera remis aux autorités culturelles pour envisager une possible itinérance du FIMA vers d’autres départements, signe de la vitalité créative que le Congo-Brazzaville veut partager.
L’enjeu est double : soutenir les industries culturelles nationales et faire rayonner une image positive du pays, alignée sur l’ambition de diversification économique défendue par les pouvoirs publics.
Mémoire et patrimoine musical
Une exposition photographique retraçant l’évolution des orchestres congolais des années 1950 à nos jours accompagnera les concerts, grâce au prêt d’archives du Centre national de la documentation et de la recherche scientifique.
Des vétérans comme Kosmos Moutouari commenteront ces images lors de causeries intimistes, offrant au jeune public un récit vivant des luttes et des triomphes qui ont façonné la bande-son du pays.
Tourisme et attractivité régionale
Les agences de voyage notent déjà une hausse des réservations d’hôtels, portée par des festivaliers venus de Kinshasa, Libreville ou Luanda, attirés par la programmation et par la perspective de profiter du littoral congolais après les concerts.
L’office du tourisme, partenaire de l’évènement, proposera des circuits courts vers la gorge du Diosso ou le parc de Conkouati-Douli, afin de prolonger la découverte du patrimoine naturel et stimuler les recettes liées aux services.
Selon l’économiste Alexis Samba, chaque spectateur étranger génère en moyenne cent dollars de dépenses annexes, un chiffre « susceptible de croître si l’on développe des forfaits culture-plage intégrés ».
Le maire Victor Tamba évoque « une vitrine moderne de Pointe-Noire, susceptible d’attirer des investisseurs créatifs et portuaires ».
Derniers réglages avant le grand jour
À quinze jours de l’ouverture, la scène est déjà montée et les balances débuteront le huit septembre.