Capital humain et croissance au Congo
Le capital humain occupe désormais une place centrale dans la réflexion économique congolaise. Décideurs publics et privés s’accordent sur le fait que la qualité des compétences, la motivation des salariés et leur bien-être conditionnent la performance des entreprises et la compétitivité nationale.
Organiser son développement exige d’abord de le mesurer, puis de l’enrichir par l’éducation, la santé et la formation continue. C’est dans cette perspective que plus de trois cents participants se sont retrouvés début décembre à Brazzaville afin d’examiner de nouvelles pistes d’action.
L’initiative intervient à un moment où la République du Congo veut consolider sa croissance, diversifier ses sources de revenus et attirer davantage d’investissements. En mettant l’être humain au cœur de la stratégie, les acteurs économiques espèrent renforcer la cohésion sociale et la productivité.
Un forum inédit à Brazzaville
Le premier forum sur la valorisation du capital humain s’est déroulé les 3 et 4 décembre autour du thème « Développement et valorisation du capital humain : pilier de la croissance économique et sociale ». L’événement se veut la plateforme de référence des professionnels des ressources humaines du pays.
Durant deux jours, décideurs économiques, experts nationaux et représentants d’entreprises, parmi lesquelles Africa Global Logistics (AGL) et Congo Terminal, ont partagé leurs expériences. Conférences, sessions de questions-réponses et ateliers collaboratifs ont permis de dresser un panorama des dynamiques locales.
Nouani Kiba Gatsongo, président exécutif de l’Observatoire africain des ressources humaines, s’est félicité de la qualité des échanges. « Les professionnels ont trouvé un espace de partage, tandis que les étudiants ont dialogué avec les équipes RH sur le recrutement », a-t-il résumé à la clôture.
Formation-emploi : le chantier de l’adéquation
L’un des constats récurrents concerne l’écart entre les formations proposées et les besoins effectifs des entreprises. Le forum a mis en lumière la nécessité d’aligner curricula académiques, certifications professionnelles et exigences du marché du travail.
Des responsables de centres de formation ont souligné que le dialogue régulier avec le secteur privé demeure la meilleure garantie d’une offre pertinente. Les participants ont insisté sur la mise à jour permanente des compétences, notamment dans les métiers porteurs de la logistique, du numérique et de l’industrie.
La question de l’orientation a, elle aussi, occupé une place importante. Outiller les jeunes pour qu’ils puissent « faire des choix éclairés et durables » représente, selon plusieurs intervenants, un levier d’employabilité et de réduction du chômage.
Le rôle moteur des entreprises responsables
Les groupes présents ont rappelé leur engagement en faveur de la responsabilité sociétale. Pour Aristide Ndjawe, directeur des ressources humaines de Congo Terminal, « orienter la jeunesse, fournir des outils d’employabilité et partager la culture de la solidarité font partie de nos priorités ».
AGL et sa filiale soutiennent régulièrement des forums sur l’emploi, des salons d’orientation et des programmes de mécénat, conformément aux lignes directrices du groupe. Ces initiatives visent à faire émerger un vivier de talents locaux et à sécuriser les recrutements.
Les dirigeants ont également souligné l’importance de la qualité de vie au travail. Des conditions de travail adaptées, la prévention des risques et la reconnaissance des efforts se traduisent, rappellent-ils, par une productivité accrue et une fidélisation des collaborateurs.
Jeunesse et employabilité durable
Les étudiants et chercheurs d’emploi, nombreux dans les allées du forum, ont pu s’entretenir directement avec des professionnels des ressources humaines. Ils ont recueilli conseils pratiques sur la rédaction de CV, la préparation d’entretiens et les compétences comportementales attendues.
Les témoignages d’anciens lauréats recrutés après des stages ou programmes d’alternance ont illustré l’efficacité de ces passerelles. « J’ai compris qu’au-delà du diplôme, l’ouverture d’esprit et la capacité d’adaptation comptent », a confié une participante diplômée en logistique.
Cette dimension pédagogique répond à l’ambition gouvernementale de bâtir une économie inclusive, où chaque jeune trouve sa place dans les chaînes de valeur nationales. Les participants estiment qu’un accompagnement soutenu peut transformer le socle démographique en atout économique.
Vers une stratégie nationale partagée
À l’issue du forum, plusieurs acteurs ont plaidé pour la formalisation d’une feuille de route. Elle pourrait articuler réformes éducatives, incitations fiscales pour la formation interne et partenariats public-privé favorisant l’apprentissage sur le terrain.
Les participants ont évoqué la création d’indicateurs de suivi permettant d’évaluer annuellement la progression du capital humain. Une telle approche factuelle renforcerait la prise de décision et la diffusion des meilleures pratiques.
Le rendez-vous de Brazzaville a posé les bases d’un dialogue constructif. En misant sur la synergie des compétences, la République du Congo consolide un pilier essentiel de sa croissance et envoie un signal positif aux investisseurs, soucieux de trouver un écosystème dynamique et qualifié.
