Brazzaville, carrefour d’un débat continental
Le salon Émeraude de l’hôtel Saphir bourdonne bien avant l’heure annoncée. Sous des drapeaux alignés, les délégations venues de vingt-cinq pays saluent la chaleur de l’accueil brazzavillois, première étape d’une tournée régionale voulue par le Forum international de la jeunesse pour le développement de l’Afrique.
Jonathan Lumbeya Masuta, président du Fijada, serre de nombreuses mains. « Nous venons partager les fruits d’un travail collectif et écouter vos attentes », dit-il, rappelant l’importance d’une approche participative. À ses côtés, l’ancien député José Cyr Ebina souligne « l’énergie contagieuse » de ces jeunes porteurs de projets.
Les enseignements majeurs de Kinshasa
La table-ronde organisée à Kinshasa le 12 août, journée internationale de la jeunesse, a réuni plus de cinq cents participants. Les experts conviés ont analysé l’état de l’éducation, du marché du travail vert et de la gouvernance numérique sur le continent.
Le rapport présenté ce jour à Brazzaville synthétise onze recommandations. Il préconise l’intégration systématique des jeunes dans les commissions nationales de suivi des objectifs de développement durable et l’adoption de mécanismes fiscaux encourageant l’entrepreneuriat environnemental.
Au cœur de l’Agenda 2063 de l’Union africaine
Les travaux Fijada s’inscrivent en cohérence avec l’Agenda 2063, feuille de route panafricaine pour « l’Afrique que nous voulons ». Pour Masuta, « le continent ne pourra être prospère que si sa majorité démographique participe aux décisions structurantes ».
Cette vision rejoint les engagements formulés par le Congo-Brazzaville lors des derniers sommets de l’Union africaine, notamment en matière de valorisation de la jeunesse et d’innovation technologique, axes chers aux autorités nationales.
La transition écologique comme fil conducteur
Sur la scène du Saphir, Léon-Juste Ibombo rappelle que le Congo dispose de vastes écosystèmes forestiers, véritables puits de carbone mondiaux. Il invite les jeunes à « transformer cet atout naturel en débouchés économiques durables ».
Les délégués exposent des projets allant de la fabrication de briques recyclées à la création de fermes solaires communautaires. Un rapporteur sénégalais observe que « l’Afrique doit sauter l’étape des énergies fossiles », déclaration accueillie par des applaudissements nourris.
Ancrage local et soutien institutionnel
L’installation du bureau national Fijada, confiée à Daniel Biangoud, marque une nouvelle phase. Celui-ci annonce la mise en place d’un observatoire des initiatives jeunes, en coordination avec le ministère de la Jeunesse et de l’Instruction civique.
Les partenaires onusiens saluent la démarche. « La République du Congo affiche une volonté claire d’accompagner l’innovation sociale », explique un responsable du PNUD, évoquant les financements croisés prévus pour 2026.
Voix d’acteurs de terrain
Pamela Audrey Derom, vice-présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse, intervient depuis Bangui. Elle insiste sur la nécessité d’un maillage sous-régional. « Nos défis ne connaissent pas de frontières. Seul un réseau solide garantit la pérennité des solutions », affirme-t-elle.
Dans la salle, Grâce Mbemba, étudiante en agronomie, partage son expérience d’incubation à Pointe-Noire : son application mobile relie maraîchers et petits hôtels pour limiter le gaspillage. Elle témoigne de l’effet levier créé par les micro-subventions.
Entrepreneuriat et inclusion financière
Les conclusions de Kinshasa recommandent un fonds d’amorçage continental doté de cinquante millions de dollars, dont dix pour la zone d’Afrique centrale. Les discussions de Brazzaville précisent la structure de gouvernance envisagée, axée sur la transparence et l’évaluation d’impact.
Un économiste congolais rappelle que « près de 60 % des emplois créés en Afrique subsaharienne pourraient provenir des filières vertes, si l’accès au crédit est sécurisé ».
Numérique au service de la participation citoyenne
Le député Exaucé Ibam Ngambili souligne l’efficacité des plates-formes interactives développées par le Fijada pour recueillir les contributions des jeunes. Ces outils, testés à Kinshasa, seront déployés prochainement dans les douze départements congolais.
Cette démarche s’appuie sur des données ouvertes et respectueuses de la protection des utilisateurs, un point crucial pour attirer des partenariats avec les entreprises du secteur des télécommunications.
Harmoniser les cadres réglementaires
Plusieurs intervenants plaident pour la création d’un label commun aux projets portés par les jeunes Africains, facilitant leur reconnaissance par les bailleurs. Un juriste gabonais note qu’« une harmonisation simplifierait les échanges inter-pays et encouragerait les investissements transfrontaliers ».
Le ministère congolais de la Coopération internationale se dit disposé à abriter une task-force chargée d’élaborer les textes fondateurs, en lien avec les ministères homologues de la sous-région.
Cap sur les prochaines étapes
Le calendrier arrêté à Brazzaville prévoit un atelier technique en novembre, suivi d’un symposium continental l’année suivante. D’ici là, chaque délégation doit présenter un projet pilote mesurable.
Jonathan Lumbeya Masuta conclut : « Notre responsabilité est immense, mais notre détermination l’est davantage. La jeunesse congolaise, portée par la vision du président Denis Sassou Nguesso, prouve qu’elle peut être un moteur de transformation pour tout le continent. »