Brazzaville place le rendez-vous
Le 13 novembre 2025, les salons du Centre international de conférences de Brazzaville s’ouvriront au Forum Vox Éco, troisième édition d’un exercice devenu crucial pour le calendrier économique national. L’événement, piloté par le magazine VoxMag, ambitionne de fédérer acteurs publics et privés autour d’un même horizon de croissance.
Depuis plusieurs semaines, la capitale du Congo-Brazzaville s’organise pour accueillir plus de mille participants, dont des ministres sectoriels, dirigeants de banques régionales et promoteurs de start-up. L’engouement traduit l’importance accordée à ce rendez-vous au sein des cercles économiques comme dans l’opinion.
Diversifier au-delà du pétrole
La République du Congo tire encore près de 60 % de ses recettes publiques du brut, une dépendance dont chacun mesure la fragilité face aux variations des cours mondiaux. Vox Éco veut transformer cette vulnérabilité en opportunité en invitant à repenser le modèle productif.
Au programme figurent l’agriculture climato-intelligente, l’économie numérique, le tourisme responsable et l’industrie forestière valorisant la transformation locale. Ces secteurs, identifiés par le Plan national de développement 2022-2026, sont présentés comme les nouvelles locomotives capables d’absorber la main-d’œuvre jeune et de sécuriser des revenus exportables.
Gouvernance et climat des affaires
Les organisateurs accordent une place centrale aux réformes structurelles censées consolider la confiance des investisseurs. Les panels aborderont la modernisation du cadastre, la digitalisation des procédures douanières et la rationalisation des incitations fiscales visant à réduire le coût d’entrée pour les PME.
« Nous devons montrer que le Congo sait offrir des règles prévisibles et une justice commerciale efficace », souligne Arlette Nianga, directrice de cabinet au ministère de l’Économie. Elle rappelle que les avancées obtenues depuis deux ans sur le guichet unique des formalités d’entreprise seront détaillées devant les conférenciers.
L’Archer, architecte financier
Partenaire officiel, le groupe panafricain L’Archer a mobilisé plus de 2 500 milliards de FCFA dans la sous-région en cinq ans, principalement via des obligations vertes et des fonds de capital-risque. À Brazzaville, il compte exposer des solutions de financement adossées à des garanties multilatérales.
Selon son directeur général, Thierry Mouanda, « la diversification a besoin de capitaux patients et d’ingénierie financière sophistiquée ». L’Archer proposera un véhicule d’investissement dédié aux chaînes de valeurs agro-industrielles, avec un objectif de dix mille emplois qualifiés à l’horizon 2028.
Synergie entrepreneurs-institutions
L’Agence de promotion des investissements, les chambres consulaires et les incubateurs locaux orchestreront des rencontres B2B en marge des débats. Les chefs d’entreprise pourront présenter leurs plans d’affaires à des brigades d’analystes financiers qui rendront un premier avis de bancabilité sous 48 heures.
Pour Stéphane Banzila, fondateur d’une start-up de paiement mobile, la présence simultanée de banques, de fonds d’investissement et de décideurs publics constitue « un accélérateur unique ». Cette articulation directe entre vision politique et porteurs de projets doit, selon lui, réduire le temps entre l’idée et son financement.
Innovation et inclusion au cœur des échanges
Le numérique occupera une séance plénière consacrée aux infrastructures télécoms et aux data centers régionaux. Les discussions viseront à calibrer la fiscalité pour attirer les grands fournisseurs de cloud tout en garantissant un accès abordable aux citoyens et aux entreprises.
Les organisateurs insistent également sur la dimension inclusive. Un panel dédié analysera l’accès féminin au crédit et les mesures incitatives pour la propriété foncière des agricultrices. L’objectif est d’aligner la diversification économique avec les objectifs de développement durable portés dans le PND.
Un pas vers la résilience durable
À l’issue des travaux, une feuille de route conjointe sera remise aux autorités compétentes. Elle comportera des recommandations sur l’optimisation fiscale des filières émergentes, la formation professionnelle et la promotion de labels « Made in Congo ».
Les partenaires internationaux présents, dont la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, saluent l’initiative comme un jalon important dans la construction d’une économie plus équilibrée. Les observateurs voient dans cette démarche la consolidation d’une trajectoire résolument tournée vers l’avenir, compatible avec la stabilité recherchée par le pays.