Un anniversaire onusien stratégique
À l’occasion du 80e anniversaire des Nations unies, la Chine a dévoilé une Initiative pour la gouvernance mondiale qui se veut la pierre angulaire d’un multilatéralisme revitalisé. Annoncée au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, la proposition a immédiatement retenu l’attention diplomatique.
Cinq principes pour un nouvel ordre
Le président Xi Jinping a décliné cinq principes fondateurs : égalité souveraine, primauté du droit international, défense du multilatéralisme, gouvernance centrée sur les peuples et actions concrètes contre les défis planétaires. Pékin estime que ce socle répond à des attentes grandissantes.
Une réponse aux crises multipolaires
Dans une atmosphère marquée par les tensions géopolitiques, la Chine insiste sur la nécessité de réformer des institutions jugées vétustes. Pékin parle d’un système contemporain « juste et équitable », capable d’intégrer les priorités des économies émergentes et de limiter les fractures Nord-Sud.
Wang Yi défend un cap « crucial »
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a salué une proposition « opportune et cruciale ». Selon lui, l’initiative trace une feuille de route pour un multilatéralisme capable d’absorber la démondialisation, d’affronter les impacts climatiques et de soutenir des États en quête de développement inclusif.
Un soutien affiché à New York
À New York, le président de la 79e Assemblée générale, Philémon Yang, a loué la démarche de Pékin. Il y voit « une démonstration d’engagement » envers un ordre centré sur l’ONU, fondé sur le dialogue, le soutien au Sud global et la concrétisation de l’Agenda 2030.
Continuité avec les cadres chinois
L’initiative complète trois cadres déjà mis en avant par la Chine : développement, sécurité et civilisation. Ensemble, ces vecteurs forment, selon Pékin, un tout cohérent destiné à maîtriser les turbulences internationales et à accompagner les mutations industrielles, technologiques et sociétales en cours.
Réformer l’architecture financière
Dans la réforme évoquée, la Chine cible notamment l’architecture financière internationale. Les discussions portent sur une représentation plus large des pays en développement dans les institutions de Bretton Woods, l’allègement de la dette et des instruments mieux adaptés aux chocs sanitaires ou climatiques.
Priorité à la régulation numérique
Autre priorité : la régulation de l’intelligence artificielle et de la gouvernance du cyberespace. Pékin fait valoir le besoin d’un cadre juridique international prévisible afin d’éviter la fragmentation numérique, sécuriser les données transfrontalières et soutenir l’accès à la technologie pour les États aux capacités limitées.
Coopération climatique renforcée
Sur le climat, la Chine confirme son intention de coopérer avec l’ONU pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris. L’initiative évoque des financements verts, le transfert de technologies propres et un soutien renforcé aux pays les plus vulnérables face aux dérèglements climatiques.
Concrétiser les engagements
Pour Pékin, le multilatéralisme ne peut se réduire à des principes abstraits. D’où l’appel lancé aux États membres pour transformer les engagements en projets tangibles, qu’il s’agisse d’infrastructures résilientes, d’éducation inclusive ou de mécanismes sanitaires capables de prévenir de futures pandémies.
Écho particulier en Afrique
La référence explicite au Sud global trouve un écho particulier sur le continent africain. De nombreux dirigeants considèrent la Chine comme un partenaire disposé à défendre leurs revendications au sein du Conseil de sécurité et des enceintes financières où leurs voix restent minoritaires.
L’Agenda 2030 en ligne de mire
Philémon Yang a souligné que l’Agenda 2030 figure parmi les priorités chinoises. Selon lui, la relance des objectifs de développement durable passe par une coopération renforcée entre agences onusiennes et gouvernements, mais aussi par des financements novateurs venant compléter l’aide publique traditionnelle.
L’épineuse réforme du Conseil
L’articulation entre l’initiative chinoise et les négociations en cours sur la réforme du Conseil de sécurité reste cependant ouverte. Pékin défend une approche graduelle, insistant sur la nécessité de bâtir des consensus avant de toucher aux équilibres institutionnels forgés après 1945.
La Charte rappelée à Tianjin
Les diplomates présents à Tianjin ont noté que la notion d’égalité souveraine, première des cinq pierres angulaires, réaffirme l’une des clauses fondamentales de la Charte de l’ONU. Pour la Chine, toute réforme doit préserver cette égalité indépendamment de la taille ou de la puissance économique.
Feuille de route attendue
Plusieurs capitales attendent désormais le détail du calendrier opérationnel. Dans les prochains mois, Pékin prévoit de soumettre des propositions techniques dans les organes spécialisés de l’ONU, d’organiser des séminaires régionaux et de recueillir les contributions des organisations multilatérales déjà engagées sur chaque dossier sectoriel.
Promesse d’inclusivité
Wang Yi assure que « tout État, qu’il soit développé ou en développement, pourra y prendre part sur un pied d’égalité ». Cette ouverture affichée vise à dissiper les craintes d’une architecture dominée par un bloc, à l’heure où la polarisation s’intensifie sur plusieurs continents.
Mesurer les progrès
En arrière-plan, la Chine sait que la réussite de son initiative sera jugée sur sa capacité à générer des résultats mesurables. Les diplomates évoquent déjà des indicateurs précis touchant la réduction de la pauvreté, la neutralité carbone et l’accessibilité des technologies émergentes.
Quelle réception mondiale ?
Alors que la communauté internationale se prépare aux grandes conférences de 2024, cette proposition chinoise rebat les cartes du débat sur la gouvernance mondiale. Reste à savoir si les États membres saisiront l’occasion pour renforcer collectivement un système multilatéral en quête de crédibilité.