Félicitations internationales
La lettre datée du 27 août, signée par le président de l’IHF, Dr Hassan Moustafa, a surpris agréablement la toute nouvelle présidente de la Fédération congolaise de handball, Linda Noumazalayi. Le ton chaleureux du document souligne l’attention que la gouvernance mondiale porte désormais aux dynamiques sportives du Congo-Brazzaville.
Élue il y a une semaine, la dirigeante succède à une transition intérimaire et devient la première femme à ce poste stratégique depuis la création de la Fécohand. L’accueil enthousiaste de l’IHF valide, aux yeux des observateurs, la légitimité du scrutin national et consacre une nouvelle étape institutionnelle.
La reconnaissance internationale ouvre des opportunités tangibles pour la discipline. Des programmes d’assistance technique, des formations pour arbitres et entraîneurs, ainsi que l’accès prioritaire aux compétitions de jeunes pourraient découler d’un dialogue régulier entre Brazzaville et le siège suisse de l’IHF. Autant d’atouts que le bureau sortant attendait.
Dans sa lettre, Dr Moustafa écrit espérer «un développement national et international» du handball congolais, phrase dans laquelle de nombreux acteurs lisent aussi un appel à la structuration durable des championnats locaux. Ces derniers demeurent le socle incontournable de toute ambition africaine ou mondiale, rappelle la fédération continentale.
Un parcours ascendant
Née à Brazzaville, Linda Noumazalayi a gravi progressivement les échelons administratifs du sport avant de prendre la tête du club intermédiaire Diables Noirs. Ses pairs saluent sa capacité d’écoute et son pragmatisme, illustrés par la modernisation de la billetterie électronique lors du dernier tournoi national senior, initiative remarquée.
Ses premiers mots après l’élection, «servir la base», résument une orientation participative rarement observée dans le milieu associatif sportif local. L’économie générale de son programme repose sur la densification des centres de formation, la transparence budgétaire et la recherche de partenariats public-privé, démarche en phase avec les attentes.
Défis structurels du handball congolais
Le handball congolais sort pourtant d’une décennie marquée par des budgets fluctuants et une couverture médiatique inégale. Plusieurs saisons ont vu des interruptions de championnat faute de moyens, affectant la compétitivité des athlètes. Les clubs scolaires, longtemps vivier principal, réclament aujourd’hui un encadrement méthodologique renouvelé et des infrastructures.
Le nouveau comité hérite également d’enjeux logistiques, notamment la rénovation des parquets du gymnase Nicole-Oba et du Palais des sports. Les autorités municipales ont annoncé, au printemps, un audit technique destiné à prioriser les interventions, signe d’une convergence entre pouvoir local et gouvernance fédérale.
L’élan des politiques publiques sportives
Depuis cinq ans, le ministère des Sports met l’accent sur la diversification des disciplines. Le football conserve sa popularité, mais le handball bénéficie déjà d’un programme de bourses scolaires et d’un partenariat avec la coopération française pour la formation des encadreurs. L’élection de Noumazalayi s’inscrit dans cette trajectoire.
Le directeur général des Sports, interrogé mardi, voit dans la confiance de l’IHF un «levier» pour accélérer le calendrier des réformes. Il rappelle que les fédérations nationales sont des relais incontournables de la stratégie gouvernementale visant à professionnaliser progressivement les championnats. Le ministère promet un accompagnement financier ciblé.
Vision de la nouvelle équipe
Le bureau exécutif élu autour de Noumazalayi comprend d’anciens internationaux, des médecins du sport et des gestionnaires financiers. Cette pluralité de profils devrait faciliter la supervision médicale des athlètes et la sécurisation des contrats de sponsoring. Une plateforme numérique de suivi des licences est annoncée pour novembre.
L’équipe prévoit par ailleurs de redynamiser la commission féminine, conformément aux directives de l’IHF. Le handball féminin congolais, longtemps cantonné aux tournois universitaires, pourrait gagner en visibilité grâce à une ligue dédiée et à des partenariats médiatiques en négociation. Cette démarche répond à la demande croissante de pratiquantes.
Enjeux pour la jeunesse
Les statistiques du ministère estiment que 60% des licenciés ont moins de vingt-cinq ans. La fédération veut capitaliser sur cette dynamique démographique en multipliant les compétitions inter-lycées et en introduisant le handball dans le curriculum d’éducation physique. Les enseignants seront formés avec l’appui de la solidarité olympique.
Le sociologue du sport Marcel Ngoma souligne que la cohésion communautaire s’enracine souvent dans la pratique collective. Selon lui, «le handball offre une socialisation moins hiérarchisée que le football», argument repris par plusieurs associations de jeunesse qui militent pour des tournois inclusifs dans les quartiers périphériques brazzavillois.
Perspectives régionales et continentales
Avec l’appui technique pressenti de l’IHF, la Fécohand envisage déjà la Coupe d’Afrique des nations junior 2025. Les équipes espoirs pourraient bénéficier de stages conjoints avec l’Angola, valeur sûre du continent, afin de gagner en rigueur tactique. Un protocole de collaboration est en cours de finalisation bilatérale.
Prochaine étape: transparence et résultats
Lancé dans une dynamique d’ouverture, Linda Noumazalayi sait que la confiance internationale se consolide sur le terrain des résultats. Elle s’est engagée à publier chaque trimestre un rapport d’activités accessible au public. Une démarche de reddition qui pourrait inspirer d’autres fédérations congolaises et nourrir un cercle vertueux institutionnel.