Un arbitrage continental pour un contentieux national
Dans le champ des institutions sportives, la temporalité des élections reflète souvent l’état de santé démocratique d’une discipline. La Fédération congolaise de handball en fournit depuis septembre 2024 une illustration saisissante. L’assemblée générale qui avait reconduit Yann Ayessa Ndinga Yengué à la présidence fut annulée par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport, à la suite du recours introduit par le président de la Ligue de Brazzaville, Avicenne Nzikou. Derrière la querelle de personnes, se dessinait une tension structurelle: le besoin de concilier légitimité élective et sécurité juridique.
Faute d’exécution rapide de la sentence arbitrale, le calendrier fédéral s’est poursuivi, nourrissant une conflictualité latente. C’est dans ce contexte que la Confédération africaine de handball a décidé de s’ériger en tiers impartial, mandatant une Commission électorale indépendante placée sous la présidence du magistrat tunisien Mouadh Ben Zaied, avec la participation du dirigeant congolais Jean Itoua Okemba. Par cette initiative, l’instance continentale réaffirme son rôle de garante de la conformité statutaire, tout en évitant de laisser s’enkyster un litige susceptible d’affecter la représentativité du Congo-Brazzaville sur la scène africaine.
Le calendrier électoral : promesses et inconnues
La feuille de route transmise le 8 juillet 2025 fixe deux dates charnières. Le 16 juillet, terme du dépôt des candidatures, servira de première épreuve de vérité pour mesurer la capacité des acteurs à s’engager dans une compétition ouverte et apaisée. Un mois plus tard, le 16 août, l’assemblée élective devra départager les programmes sans que la procédure ne puisse être contestée sur la forme. Entre ces deux jalons, les auditions, la validation des dossiers et la publication de la liste définitive des prétendants suivront un protocole inspiré des standards internationaux.
L’entrée en scène d’un organe ad hoc extérieur à la Fédération réduit mécaniquement le risque de partialité. Toutefois, elle oblige les candidats à ajuster leurs stratégies: la mobilisation des ligues départementales, détenteurs du suffrage, devrait s’effectuer sur la base de projets tangibles plutôt que de logiques d’allégeance. Dans une conjoncture où la diplomatie sportive est devenue un instrument de rayonnement, la visibilité accordée à ce scrutin suscite déjà l’intérêt des partenaires techniques et financiers, soucieux de stabiliser leur écosystème.
Entre gouvernance sportive et régulation institutionnelle
Le cas Fécohand illustre l’interdépendance croissante entre organes sportifs, pouvoirs publics et mécanismes de règlement des différends. Le Comité national olympique et sportif congolais, appuyé par le ministère en charge des Sports, avait plaidé pour une solution interne et rapide. Si le processus a tardé, il n’en révèle pas moins l’existence d’un arsenal normatif national apte à prévenir l’impunité juridique. La sollicitation de la Confédération continentale ne doit donc pas être perçue comme une mise sous tutelle, mais comme la prolongation coopérative d’une politique gouvernementale favorable au renforcement de l’état de droit dans le sport.
De nombreux observateurs, issus tant du corps diplomatique que du milieu entrepreneurial, voient dans cette interaction multiscalaires un laboratoire de bonne gouvernance. En effet, la transparence escomptée pourrait constituer un précédent pour d’autres fédérations confrontées à des problématiques analogues. À terme, la légitimité des dirigeants sportifs congolais dépendra moins de l’écho médiatique de leurs performances que de leur capacité à s’adosser à des processus électoraux crédibles.
Vers une pacification durable du handball congolais
Au-delà de la seule échéance du 16 août, se profile la consolidation d’un projet sportif national inscrit dans la dynamique de modernisation prônée par les autorités du Congo-Brazzaville. Les compétitions régionales, la formation des cadres techniques et la professionnalisation de la filière féminine figurent déjà parmi les priorités énoncées par les parties prenantes. En creux, se dessine l’ambition de transformer le handball en vecteur de cohésion sociale et de diplomatie culturelle, conformément aux orientations du chef de l’État visant à promouvoir l’image d’un pays résolument tourné vers l’excellence.
Le scrutin à venir constitue donc un passage obligé vers une gouvernance plus inclusive. S’il parvient à sceller la réconciliation des acteurs, il ouvrira un cycle vertueux de planification stratégique, à la hauteur des attentes des bailleurs et des supporters. Dans le cas contraire, le contentieux pourrait se perpétuer, mais le cadre désormais posé limite grandement cette éventualité. À l’heure où les fédérations africaines cherchent à consolider leur attractivité, la Fécohand dispose d’une opportunité rare : démontrer que la rationalité procédurale n’est pas l’ennemie de la passion sportive, mais son alliée indispensable.